Cette année encore, le nombre de titres annoncé pour cette rentrée de 2019 dépasse largement les cinq-cents titres. Parmi eux, un seul est algérien, celui de Kaouther Adimi, « Les Petits de Décembre ».
Officiellement donc, cette rentrée littéraire a commencé le 21 Août, ou quelques 524 titres sont annoncés. C’est l’occasion choisie par les éditeurs pour faire connaître leurs dernières productions, chacun misant sur un cheval particulier pour réaliser les meilleures ventes.
Traditionnellement, les titres parus à cette période de l’année assurent la vente de plus de 400 millions d’exemplaires, pour un chiffre d’affaires de près de cinquante millions d’Euros. C’est dire que les enjeux financiers sont tellement importants que la concurrence est très dure. C’est pourquoi, en général, seuls les grands éditeurs arrivent à tirer leur épingle du jeu, car disposant de moyens financiers conséquents, d’un service de communication efficace et de réseaux de distribution éprouvés.
Sur les 524 titres de cette année, 188 sont étrangers. Et sur l’ensemble de ces titres, seuls quatre-vingt-deux ont été jugés de grande qualité par les critiques. La plupart des autres passeront vite aux oubliettes, à moins que leurs auteurs ou leurs éditeurs trouvent des niches pour les placer et réussir au moins, à rentrer dans leurs frais. C’est ce qui explique en partie, pourquoi le nombre de titres publiés cette année est en recul de plus de 7% par rapport à l’année dernière. Les éditeurs disent qu’ils préfèrent miser sur laqualité que sur la quantité. Car, selon une récente étude, les dernières éditions de la rentrée Littéraire ont quelque peu déçu le public qui n’y a pas trouvé de quoi répondre à ses attentes. Cela a résulté en une baisse du chiffre d’affaires de plus de 30% par rapport à 2012.
Et les algériens dans tout ça ?
Cette année, l’Algérie brille par son absence, si on excepte le dernier roman de Kaouther Adimi, dont nous avons déjà fait la présentation sur ces mêmes colonnes. Elle a été saluée par la critique, et il faudra attendre de voir comment le public va réagir à son livre. Les grands noms de la littérature algérienne semblent avoir déserté cette rentrée littéraire, du moins pour cette année, alors qu’on avait été habitués à la présence de Boualem Sansal, Yasmina Khadra et Anouar Benmalek. D’autres noms aussi existent et sont connus dans le monde littéraire. Depuis quelques années, de nouveaux noms sont venus renforcer la littérature algérienne, à l’exemple de Kamel Daoud, depuis son célèbre « Meursault contre-enquête ».
Quels sont les raisons de cette absence ? L’écrivain algérien, passe-t-il par une crise ? La littérature algérienne se cherche-t-elle de nouveaux talents et un nouveau style dont Kaouther Adimi pourrait être les prémices d’une nouvelle génération prometteuse ?
On pourrait se poser encore plusieurs questions à ce sujet. Yasmina Khadra est devenu une véritable machine à vendre des livres, avec des titres comme « Attentat » ou « ce que le jour doit à la nuit », qui a aussi été adapté au cinéma. A-t-il encore le souci de produire de la bonne littérature ? Boualem Sansal a tourné le dos au lecteur algérien, puisque sa cible marketing semble être devenu l’Allemagne. Depuis « le village de l’Allemand », et « le train d’Erlingen », Sansal s’adresse à un marché qui n’est pas nécessairement celui qui conviendrait à une rentrée littéraire dans un pays comme la France. De plus, la problématique qu’il traite dans ces romans, avec un titre comme « 2084 », n’est pas toujours aisée à aborder. Anouar Benmalek quant à lui, ce Faulkner algérien semble avoir décidé de prendre plus de temps pour produire un nouveau chef d’œuvre après « Fils du Shéol ».
Amélie Nothomb et les grands noms
C’est d’ailleurs le filon qu’a trouvé l’écrivaine belge, Amélie Nothomb, avec son nouveau titre « Soif », ou elle imagine une aventure amoureuse entre Jésus et Marie Madeleine, thématique pourtant usée jusqu’à la corde, puisque déjà traitée par de nombreux auteurs, à l’exemple de Dan Brown et son célèbre « Da Vinci Code ». Amélie Nothomb est d’ailleurs classée chaque année parmi les Best Sellers. Cette écrivaine prolifique, ne rate jamais l’occasion de briller avec de nouvelles publications, aussi intrigantes qu’amusantes, depuis « Stupeurs et tremblements », ou elle raconte sa vie au Japon, comme cadre dans une entreprise nippone. Une fois que les japonais ont découvert qu’elle maîtrisait leur langue, au lieu de lui accorder des promotions, elle se retrouve dégradée comme Madame Pipi, chargée de nettoyer les toilettes de l’entreprise. Quelque temps après, elle récidive avec « Hygiène de l’Assassin », ou elle raconte la vie déjantée d’un Prix Nobel.
Heureusement, il n’y aura pas que l’auteure belge pour marquer cette rentrée littéraire. Il va y avoir aussi de grands noms, comme Erik Orsena, Joyce Carol Oastes, et le Prix Nobel, Patrick Modiano, dont le dernier roman «Encre sympathique » sortira début Octobre.
Nabil Z.
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