L’évangélisation de l’Afrique du Nord est dans le coeur de nombreux Chrétiens dans le monde. En particulier, les autochtones des pays du Maghreb. Mais il existe également de nombreuses missions étrangères qui ont à coeur de partager l’Evangile depuis la Libye jusqu’au Maroc.
Depuis la conquête des pays du Maghreb par la France, l’Espagne et l’Italie, plusieurs missions Chrétiennes ont voulu porter l’Evangile dans les pays conquis, souvent malgré les obstacles mis en place par les armées d’occupation. Rappelons-nous que le traité du 5 Juillet 1830 signé par le Général de Bourmont et le Dey Hussein stipulait clairement que la France ne devait en aucun cas toucher à la religion Mahométane. Les missionnaires venus précher l’Evangile étaient donc des organisations privées, totalement indépendantes des Etats. Il y a eu des missions Anglaises, Espagnoles et Françaises. L’Evangile visait d’abord et avant tout les populations européennes qui venaient s’installer en Afrique du Nord. Les autochtones n’ont été que très peu touchés et le nombre de conversions, pour ainsi dire, se comptait sur les doigts d’une seule main.
Après les indépendances des pays Africains dans les années mil neuf cents soixante, plusieurs missions ont plié bagage, sans avoir, en apparance du moins, obtenu quelques résultats que ce fut. Seuls quelques missionnaires téméraires étaient restés, étant convaincus que leur mission n’était pas encore terminée.
Au début des années quatre-vingt, alors que les derniers missionnaires avaient été expulsés par le Gouvernement, l’Algérie a vu des conversions se produire. Au début, ils n’étaient que quelques uns puis, petit à petit, leur nombre s’est multiplié de façon surprenante. A Alger, en Oranie, en Kabylie, des petits groupes de chrétiens autochtones ont commencé à se constituer, sans aucun apport ou influence étrangers. L’Evangile circulait de bouche à oreille et les témoignages se faisaient dans le milieu familial, entre amis ou entre collègues de travail, en toute discrétion. L’Eglise Algérienne venait de renaître comme des plantes qui repoussent après une longue période de sécheresse. Et le nombre de nouveaux croyants a augmenté en nombre exponentiel, atteignant en une quarantaine d’années, quelques centaines de milliers de convertis. Le même phénomène, encore plus discret se déroule également dans les autres pays du Maghreb.
Cependant, certaines missions étrangères continuent toujours à exister. Certes, elles ont quitté l’Afrique du Nord, mais elles « activent » depuis l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Amérique. Des programmes de formation sont proposés, des films et émissions télévisuels sont développés et des relations sont établis via les réseaux sociaux. Mais, au regard de l’investissement humain, matériel et financier consentis, il faudrait reconnaître que le fruit tarde à venir. Il risque même de revivre l’épisode des missions étrangères en Afrique du Nord lors de la période coloniale.
Les missions étrangères pour l’Afrique du Nord pèchent par une erreur d’attitude qui provoque de la résistance et fait échouer les efforts. Les missionnaires trop souvent se mettent sur un piedestal les positionnant au dessus de leurs frères ou des populations à qui ils souhaitent annoncer l’Evangile. Jésus n’avait pas besoin d’estrade. Il se mettait au milieu de la foule qui s’identifiait plus facilement à lui. Au lieu d’aider les nouveaux convertis à s’organiser et se prendre en charge, au lieu de leur donner les moyens de se développer et de mettre en place leur théologie, beaucoup de missionnaires imposent leurs traditions et leur manière de voir aux autres. Le peu de pasteurs en activité actuellement dans les pays du Maghreb connaissent mieux Martin Luther et Jean Calvin que Tertullien ou Saint-Augustin. On a collé aux églises Maghrébines trop de dogmes et de traditions occidentales qui se heurtent aux enseignements de la Bible tels que compris en Afrique du Nord. Beaucoup de Chrétiens en Afrique du Nord n’imaginent pas une église sans une salle équipée d’estrade, pupitre, écrans plats et groupe de louange. L’église est organisée selon le modèle occidental et le culte est célébré selon la tradition occidentale. Noël, Pâques, et d’autres traditions occidentales, ont remplacé les fêtes bibliques clairement présentées dans les Ecritures. Les jeunes convertis se retrouvent ainsi éloignés des commandements de Dieu et suivent en toute sincérité, les traditions des Hommes. Le manque d’enseignement biblique est flagrant en Afrique du Nord.
Les groupes missionnaires établis à l’étranger travaillent chacun de son côté, selon ses méthodes et traditions propres. Il y a peu de groupes qui s’entraident, se concertent ou envisagent des projets en commun. Certains des leaders de ces groupes ne se parlent même pas. Chacun étant convaincu qu’il est dans la bonne méthode et que les autres groupes sont dans l’erreur. D’autres vont jusqu’à se critiquer et même se combattre. Une mission Américaine installée en Espagne ne travaille qu’avec des personnes issues de la même dénomination qu’elle et, de préférence, de la même union d’églises. Une autre, Brésilienne, reste cantonnée dans ses préjugés théologiques, oubliant que Jésus a ordonné de prêcher l’Evangile et non la théologie. En Angleterre, une des missions ne travaille qu’avec des Anglais. En Egypte, une chaîne de télévision a éxigé que les programmes destinés aux populations Berbérophones soient diffusés en Arabe. Tous les programmes enregistrés en langues Berbères ont été mis au placard.
Personne ne semble se soucier des Chrétiens du Maghreb, premiers concernés par leurs programmes. On ne trouve quasiment aucun Maghrébin à la tête de ces missions. Tout-juste les accèpte-t-on de façon marginale. Pourtant, les Chrétiens du Maghreb n’en demandaient pas tant. L’Eglise d’Afrique du Nord s’est développée par le seul souffle de l’Esprit et l’humilité des serviteurs qui oeuvrent sans autre désir que celui de voir les gens de leur peuple découvrir la Vérité de l’Evangile et devenir Enfant de Dieu.
Cette situation n’est pas unique. Car désormais, le mal a atteint les Maghrébins eux-mêmes. Car nombre d’entre eux activent en Europe et organisent des événements qui ont pour objectif d’encourager l’évangélisation des leurs. Rencontres, conférences, célébrations,... Mais, chacun tire la couverture vers lui même. Et on voit bien la pauvreté du fruit qui est ainsi porté. Le Seigneur n’est plus la priorité, ni les âmes perdues. On privilégie son « ministère » et sa propre vision, quitte à écraser les autres pour apparaître sous les projecteurs.
Beaucoup de Chrétiens sincères mettent la main à la poche et participent au financement des missions et des événements. Mais au regard des résultats, on se demande ou va cet argent dont le montant reste difficile à évaluer. Il existe pourtant des serviteurs qui travaillent avec abnégation, malgré le fait qu’ils ne disposent ni de moyens, ni de réseaux, ni d’aides. Ils sont sur le terrain et produisent des fruits qui vont jusque dans la vie éternelle. Ce sont eux avec qui il faut discuter et travailler et ce sont eux qu’il faut aider. Ces femmes au foyer partageant sa foi avec les voisines et les cousines, ces pères de familles qui se lèvent tôt pour aller visiter les personnes isolées et dans le besoin, ces étudiants qui n'ont même pas de quoi se payer un bus ou un repas pour aller à l'aide des malades et des personnes âgées,...
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