L’histoire universelle a connu de grands hommes venus d’Afrique du Nord, et qui ont gravi les échelons pour diriger les plus grands royaumes et empires. Septime Sévère était libyen, et il est devenu empereur de Rome.
Issu d’une famille de chevaliers, ses oncles avaient été consuls à plusieurs reprises. Le jeune Lucius Septimius Severus commença ses études dans sa cité d’origine, Leptis, une petite ville à l’est d’Oea, la future Tripoli. Plus tard, il alla les terminer à Rome. A partir de l’an 170, il fut successivement questeur en Sardaigne, légat en Afrique, préteur en Espagne. Il fut vite remarqué pour son habileté et sa fermeté Cela lui ouvrit les portes pour des responsabilités encore plus élevées : légat propréteur en Gaule lyonnaise en 186, proconsul de Sicile en 189, et enfin gouverneur de la Pannonie en 191.
Deux années plus tard Septime Sévère prend le pouvoir, suite à l’assassinat dePertinax, et que son successeur s’empara de l’Empire. Les légions de Pannonie se révoltèrent et proclamèrent le libyen comme Empereur. Il fut vite reconnu par les légions de Gaule et d’Illyrie, et marcha sur Rome, en juin 193.
A Rome, Septime s’est attaché à débarrasser le centre du pouvoir des opportunistes et des intrigants. Il convoqua les prétoriens désarmés, les destitua, et les chassa de Rome. Cependant, il s’engagea à respecter le sénat, reconstitua un corps de prétoriens issus des légions, et fit diviniser Pertinax, dont il ajouta le nom au sien, devenant ainsi : Imperator Caesar Lucius Septimius Severus Pertinax Augustus.
A ce titre, il s’attela à combattre ses adversaires et tous les prétendants au trône. Il envoya des légions en Afrique du Nord pour sécuriser les approvisionnements en grains, et alla en Asie mettant le siège à Byzance, pour neutraliser ses ennemis. En 195, il s’attaqua aux Adiabéniens, aux Arabes et aux Parthes, remportant de nombreux succès. Il se fit proclamer Imperator Caesar Lucius Septimius Severus Pius Pertinax Augustus Arabicus Adiabenicus.
En l’an 197, l’empereur berbère de Rome avait gagné tous les combats, et instaura une période de paix dans tout l’empire. Il alla en Orient et imposa son autorité, en écrasant toutes les armées et en se proclamant Imperator Caesar Lucius Septimius Severus Pius Pertinax Augustus Arabicus Adiabenicus Parthicus Maximus.
Il décida de prolonger son séjour en Orient, en créant la province de Mésopotamie. Puis il visita la Syrie, la Palestine et l’Égypte. Il ne retourna à Rome qu’en 202. Des jeux furent alors célébrés en son honneur, et il fit ériger l’arc de Septime Sévère. Deux années plus tard furent célébrés les jeux séculaires, pour marquer l’anniversaire de la fondation de Rome. Il engagera également de grands travaux pour agrandir la ville de Rome et en améliorer la qualité de vie.
Leptis Magna
Tout berbère qu’il était, Septime Sévère n’a pas oublié le pays de sa naissance, celui de ses ancêtres. Il engagea de grands travaux et construisit la ville de Leptis Magna, dont les ruines existent encore aujourd’hui, à quelques kilomètres de la ville de Tripoli. Elle devint une des grandes villes de l’Empire.
Septime Sévère a ainsi engagé de grandes réformes, décentralisant certaines fonctions et faisant participer au pouvoir des échelons plus bas de la hiérarchie, refusant ainsi la monarchie absolue, et instaurant un autre type de règne basé sur la confiance qu’il avait en ses amis, et ses soutiens africains et syriens, en plus de la cavalerie qu’il avait honorée. Il s’occupa également de l’aspect social, en inventant en quelque sorte, la soupe populaire. C’est ainsi qu’il ordonna de distribuer quotidiennement et gratuitement du blé et de l’huile d’olive à tous les nécessiteux, pour subvenir à leurs besoins de base. Encourageant les arts et les sciences, il inventa ce que l’on connait aujourd’hui comme la bourse d’études. Tout citoyen romain avait droit à une aide publique pour pouvoir effectuer des études.
S’inquiétant de la dégradation de la situation en Grande Bretagne, il s’y rendit en compagnie de ses deux fils Caracalla et Geta, pour y remettre de l’ordre. Les habitants du nord de l’ile ne cessaient de faire incursion dans les territoires sous contrôle romain, et Septime Sévère engagea des batailles et fit reconstruire le mur de protection de la frontière connu sous le nom du Mur D’Hadrien.
En 210, il prit le titre d’Imperator Caesar Lucius Septimius Severus Pius Pertinax Augustus Arabicus Adiabenicus Parthicus Maximus Britannicus Maximus.
Après toutes ces conquêtes et l’instauration de la paix dans tout l’empire, Septime Sévère tomba malade et se retira petit à petit pour se soigner. Il souffrit de la goutte et mourut à l’âge de soixante-cinq ans dans la ville de York en Grande Bretagne. Ses cendres furent rapportées à Rome, et le sénat le divinisa. A sa mort, son titre avait encore été rallongé, reflétant sa grandeur et la reconnaissance de l’Empire : Imperator Caesar Lucius Septimius Severus Pius Pertinax Augustus Arabicus Adiabenicus Parthicus Maximus Britannicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis XIX, Imperator XV, Consul IV, Pater Patriae.
Curieusement, son nom restera dans l’histoire pour exprimer la sévérité. Car il est vrai que cet homme était dur. D’abord avec lui-même, puis avec les autres. Cette droiture qui le caractérisait lui avait valu le respect des légions, alors qu’à l’origine, il n’était pas un militaire.
Les historiens saluent en lui le chef énergique et le général victorieux, mais expriment aussi d'acerbes critiques. Avarice, manque de scrupule, cruauté insigne, … Plus encore, l'empereur est accusé d'avoir déclenché dans le cours de son règne une persécution qui aurait conduit au martyre un nombre important de chrétiens. C’est un autre berbère, Tertullien qui en parle, dénonçant les persécutions et les martyrs des croyants sous le règne de l’empereur libyen. Sans toutefois l’en rendre personnellement responsable. Il semblerait qu’il n’ait existé aucun édit de persécution à cette époque. Ce serait donc l’excès de zèle des gouverneurs des provinces qui aurait provoqué ces vagues de terreur, sans que l’empereur ne les aient ordonnées. Ce fut en tous cas, et pour reprendre Saint Augustin, que c’était une période ou le sang des martyrs abreuva la terre africaine.
Tamazgha osera-t-elle un jour étudier la vie de ce grand homme et s’en approprier l’histoire et le patrimoine ? Verra-t-on un jour dans nos écoles et université des gens étudier la vie de ces géants amazighs qui ont commandé et dirigé le plus grand empire de l’antiquité ?
Nabil Z.
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