Piri Reis était un grand navigateur et amiral de la flotte ottomane. Il est né en 1465 en Turquie et mort décapité en Egypte vers 1470. Il était le neveu du célèbre Kemal Reis dit Camali auquel il succéda. Piri était surtout connu pour son œuvre de cartographe. Il a été passionné des cartes depuis son plus jeune âge et il les collectionnait avec passion. Grâce à lui, nous avons une exceptionnelle description de la côte de la Kabylie au début du 16eme siècle avant même l’arrivée des frères Barberousse.
Piri Reis a voyagé en Kabylie entre 1465 et 1554. Selon Kamel Filali, chercheur à l’Université de Constantine, il effectua un voyage sur le littoral algérien. « Un voyage inédit pionnier et instructif sur plusieurs dimensions ». Il a décrit entre autres, toute la côte allant de Béjaia jusqu’à Stora près de Skikda.
Ce navigateur-explorateur devint un des plus grands cartographes de tous les temps, son travail étant caractérisé par la minutie et la précision extrêmes. C'est ainsi qu'il traça la carte du monde, longtemps perdue, mais redécouverte seulement en 1929 lors de travaux de rénovation d’un palais en Turquie.
En plus des cartes, Piri Reis a rédigé un livre d’une grande importance, Kitab-i-Bahriye, le livre de la navigation, dans lequel il donne des descriptions d’une grande précision des contrées qu’il a visitées, de l’Asie et de l’Afrique, de l’Europe et de l’Atlantique. Le livre contient deux cents cartes. Kamel Filali ajoute : « Dans « Kitab-i Bahriye », peu connu dans le Maghreb, nous avons mesuré l’intérêt de la ronde inédite effectuée par Pirî sur la côte kabyle, entre Bejaïa et Stora, riche par les indications topographiques et géographiques, ainsi que par la grande précision des cartes de cette merveilleuse côte ». Dans une contribution publiée sur Internet, Kamel Filali ajoute : « Lors de la première ronde de Pirî Re’is, que nous pouvons datée à 1502, la ville telle décrite n’avait ni rempart ni tour elle fit de sa montagne abrupte, de sa plaine marécageuse et de son large golfe sablonneux sa cuirasse de protection ». Il cite Piri : « Bougie est une belle forteresse en face d’une montagne couverte de sapins et dont un côté donne sur la mer. Comme, du côté de la montagne, il y a des rochers extrêmement abrupts, la forteresse n’a, de ce côté- là, ni tour ni muraille. Chaque nuit, les singes descendent de la montagne et prennent leur pitance en ville. Ce sont des endroits où les singes sont nombreux ». Comme les étoiles du ciel En dehors de la beauté naturelle du site, ce qui frappe Piri Reis, c’est la lumière de Bougie. Savait-il déjà que la bougie a été inventée dans cette ville, et que le nom même de la ville en berbère a donné celui connu de Béjaia, puis celui de Bougie ? Toujours est-il qu’il en donne une exceptionnelle description qui devrait orner les murs de l’entrée de la ville : « Mais, de toutes les villes du Maghreb, je n’en ai vu aucune qui, de nuit, offre un spectacle comparable à celui de Bougie par exemple, on dit que la ville de Bougie compte dix-huit mille maisons dont chacune ressemble à une haute tour. Chaque maison est pourvue d’ouvertures où, la nuit, les chandelles apparaissent si nombreuses qu’elles ressemblent aux étoiles du ciel qui seraient tombées à terre ».On était alors, juste au début du 16eme siècle, entre 1500 et 1502. Péri décrit aussi son arrivée dans la ville avec son oncle Kemal Reis. Ils y étaient allés non en conquérants, mais en amis. Sur instruction du célèbre mufti Sidi Touati, ils furent bien reçus : « Le temps étant favorable, nous allâmes lentement devant la ville. Ils firent de telles réjouissances et tirèrent tant de salves de canon que cela ne se peut décrire. Nous arrivâmes et, après avoir jeté l’ancre, nous, allâmes avec un certain nombre de compagnons à la zawiya de Sîdî Muhammad Tûwwâtî. À l’intérieur, le cheik en fut informé. Âgé de cent vingt-deux années, le supérieur (pîr) siégeait sur son fauteuil. Il vint vers laporte et nous salua ».
Le livre de la navigation continue en donnant de précieuses informations sur la topographie de la ville, de sa faune et de sa flore, de son port, etc… Un livre très intéressant à lire pour découvrir que déjà à l’époque, les singes descendaient du Mont Gouraya pour chercher leur pitance en ville.
Toujours est-il que l’information à retenir est celle relative à la luminosité exceptionnelle de cette ville. Luminosité totalement ignorée aujourd’hui, et même rejetée est reniée. Alors que c’est la seule ville au monde dont le nom est intimement lié à la lumière, et qui a donné son nom à la bougie, mondialement connue pour avoir révolutionné l’éclairage à l’intérieur des foyers et dans les lieux publics.
Bgayet-Béjaia-Bougie devrait sérieusement penser à se réapproprier ce patrimoine exceptionnel, et organiser une fête Mondiale, pas seulement internationale, de la lumière, encore plus belle que celle organisée en fin d’année à Lyon (Jadis jumelée avec Bougie). Cette fête pourrait, sans jeu de mots, faire la lumière sur cette incroyable civilisation berbère depuis trop longtemps mise sous le boisseau. Lanature même se révolte contre cette situation, et de façon régulière s’illumine en offrant à la population le spectacle des feux de forets qui dévorent la végétation en se lamentant de la tristesse que les bougiotes qui ont renié la lumière offre aux visiteurs. La question est sérieusement à considérer par l’ensemble des intellectuels de cette partie du monde, et y travailler afin de la concrétiser. Car si Bougie a éclairé Fibonacci, ce n’est nullement par hasard. Et si Augustin a éclairé le monde, ce n’est point par coïncidence. La lumière semble avoir un lien intime avec cette région, et toutes les civilisations qui l’ont traversé s’en sont nourries, arrivant même à nous en priver pour leur seul profit.
Alors, lève toi, l’éclairée, et diffuse ta lumière pour inonder les ténèbres et faire rayonner ta splendeur.
Nabil Z.
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Eclaire dans la nuit
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