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Photo du rédacteurNabil Z.

Miracles en Afrique du Nord



 

 On connait peu les circonstances de l’arrivée de l’Évangile en Afrique du Nord. Si on excepte le récit biblique de la Pentecôte, il existe peu de témoignages sur les premières conversions, car ce ne fut pas sous forme de vagues dévastatrices, ni de façon à frapper les regards.

 

L’évangélisation des Berbères fut discrète et progressive. Saint Augustin disait que la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu était arrivée de partout. Sans doute par les nombreux voyageurs et commerçants qui sillonnaient la Méditerranée et allaient de pays en pays, tous sous domination Romaine.

 

Dans le récit biblique, nous avons le récit de la première effusion du Saint-Esprit à Jérusalem, dans la Maison de Marie, mère de Jean-Marc l’évangéliste. Des gens originaires de Libye. A cette occasion, étaient réunis dans sa maison, des Juifs venus de tout le bassin Méditerranéen : Européens, Asiatiques et Africains. Pentecôte, tout comme la Pâque et la fête des Tabernacles est une fête dite de Pèlerinage. Tous les croyants se retrouvaient à Jérusalem autour du Temple pour célébrer l’Alliance de Dieu avec son peuple par le don des Dix Commandements.

 

Parmi les personnes présentes dans cette maison, il y avait Alexandre et Rufus, des amis de Jean-Marc avec qui ils avaient grandi quand ils étaient enfants. Leur père Simon avait été réquisitionné par les Romains pour porter la croix de Jésus le jour de sa crucifixion, lors de la fête de la Pâque, cinquante jours plus tôt. Avec eux, il y avait de nombreux autres Africains venus d’Égypte, de Libye, des actuelles Tunisie et Algérie et du Maroc. En fait, de tout le sud de la Méditerranée.

 

A leur retour dans leurs pays, Simon de Cyrène et ses deux fils Alexandre et Rufus ont raconté les histoires qu’ils ont vécues à Jérusalem, notamment leur rencontre avec Jésus et la réception du Saint-Esprit. Ils allaient de synagogue en synagogue, Sabbat après Sabbat pour raconter leur témoignage : « Le Messie est venu, nous l’avons rencontré ». Plusieurs Juifs ont cru en leur témoignage et de ville en ville, de village en village, des petites communautés ont commencé à se former. Leur témoignage était confirmé par les nombreux signes et miracles qu’ils accomplissaient. Des malades étaient guéris, des aveugles recouvraient la vue, des sourds se mettaient à entendre, des paralytiques se levaient et même des morts étaient ressuscités, conformément aux recommandations de Jésus qui avait instruit ses disciples en ce sens, leur promettant d’être avec eux tous les jours jusqu’à la fin du monde.

 

Les nouveaux croyants se faisaient baptiser et formaient des groupes qui se réunissaient d’abord dans les synagogues, en suite dans des maisons privées avant d’occuper les temples désertés par leurs anciens occupants maintenant convertis au Christ-Jésus.

 

Évangélisation versus Islamisation.

 

Lorsqu’on compare ce récit avec celui de l’arrivée de l’Islam en Afrique du Nord, on est frappés par la différence entre les méthodes utilisées. Elles étaient diamétralement opposées. Alors que les premiers Chrétiens se laissaient persécuter à mort par les païens, afin de sauver un maximum d’âmes, les musulmans tuaient les gens pour forcer les peuples à se convertir.

 

Parmi les célèbres martyrs Chrétiens Berbères, on peut citer Jean-Marc l’évangéliste mort à Alexandrie. Saint Cyprien de Carthage, décapité par les Romains, les martyrs scillitains en Tunisie et les célèbres Perpetua et Félicité, ainsi que des milliers d’autres dont je raconte l’histoire dans le livre intitulé « Éternellement heureuses ».

 

Les massacres commis par les armées musulmanes en Afrique du Nord sont innombrables. Depuis la Libye jusqu’au Maroc, des populations entières ont été décimées durant près de soixante-dix années. Près d’un million et demi de femmes et d’enfants ont été déportés en Syrie et dans les pays Arabes en tant qu’esclaves sexuels. Malgré leur conversion à l’Islam, les Berbères propriétaires terriens ont été forcés à payer des impôts pour bénéficier de la protection des autorités conquérantes.

 

Les armées musulmanes qui ont envahi l’Afrique du Nord ne l’avaient pas fait pour apporter « la révélation coranique ». Le manuscrit du Coran officiellement formalisé par le troisième Calife Othmane n’a été compilé que vers l’année 650, alors que les invasions islamiques avaient commencé en Libye en 642. Il n’y avait même pas de livre à proposer aux autochtones et parmi les soldats envahisseurs, il n’y avait ni imam ni théologien. Le but premier de ces incursions -il y en a eu huit- était d’opérer des razzias pour s’emparer des richesses trouvées chez les Berbères.

 

L’Évangélisation des Berbères.

 

Cependant, l’évangélisation des peuples en Afrique du Nord a utilisé d’autres moyens pour convaincre les gens que Jésus-Christ est « le chemin, la vérité et la vie ».    

 

Tertullien (160-220 après J.-C.), un des premiers Pères de l’Église, vivant à Carthage dans l’actuelle Tunisie, avocat de professions et fervent partisan et défenseur de la foi, a déclaré, à une époque de persécution importante contre les Chrétiens, que la semence de l'Église, c’est le sang des martyrs. « Plus nous sommes fauchés par des persécuteurs, plus nous grandissons en nombre ; le sang des chrétiens est semence.» De plus, il raconte dans ses livres que "beaucoup d'hommes de haut rang (sans parler des gens ordinaires) ont été délivrés des démons et guéris des maladies". Ces propos sont rapportés par Tony Cooke dans un livre qu’il a publié en 2020. Tertullien raconte que pour faire face à la sécheresse qui sévissait dans le pays, ils avaient recours à la prière. "les sécheresses ont été supprimées par nos genoux et nos jeûnes". Les miracles au milieu des croyants étaient fort nombreux. "Nous reconnaissons les charismes spirituels, ou les dons". En parlant du don de prophétie, il a parlé d'une dame de sa congrégation, "dotée de divers dons de révélation, qu'elle expérimente dans l'Esprit". Elle avait parfois une vision spirituelle du cœur et de la vie des personnes dans le besoin et, comme elle le faisait, « elle distribue des remèdes ». En commentaire il ajoute : « Quoi de plus noble que de fouler aux pieds les dieux des nations, pour exorciser les mauvais esprits, pour opérer des guérisons, pour chercher des révélations divines et vivre pour Dieu ? » Clairement, Tertullien et les premiers Chrétiens ne luttaient pas contre des personnes en chair et en os, mais contre des puissances spirituelles. Il résume ainsi l’œuvre de l’Évangile dans la vie des croyants : « Il réforme de la mort notre naissance par une seconde naissance du ciel ; il restaure notre chair de toute maladie harassante ; lorsqu'elle est lépreuse, il la purifie de la souillure ; aveugle, il rallume sa lumière ; paralysée, il renouvelle sa force; lorsqu'elle est possédée par des démons, il l'exorcise ; une fois morte, Il la ranime ».

 

Jamais il n’a été question d’usage de la force ou de la violence. Beaucoup de croyants à cette époque recherchaient même le martyr en étant prêts à donner leur vie en sacrifice pour sauver les autres. On a même reproché à Tertullien d’avoir incité les croyants de son époque à refuser d’effectuer le service militaire pour leur éviter de devoir utiliser la violence.

 

Saint Augustin.

Quant à Saint-Augustin qui a vécu deux siècles après, il a découvert l’Évangile par la lecture du Nouveau Testament, en particulier un verset de l’Épitre aux Romains ou l’Apôtre Paul exhorte les gens à rechercher la voie de Dieu. « Marchons honnêtement, comme en plein jour, loin des excès et de l'ivrognerie, de la luxure et de l'impudicité, des querelles et des jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ, et n'ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises. » (Romains 13 :13-14). Cette lecture a bouleversé son cœur et il le raconte dans son célèbre livre « Confessions ». « Instantanément, quand la phrase se terminait, il y avait infusé dans mon cœur quelque chose comme la lumière de pleine certitude et toutes les ténèbres du doute se sont évanouies.» Sa conversion s’est faite par la lecture et non par l’épée.

 

Augustin s’est finalement installé dans la ville d'Hippone (aujourd'hui Annaba en Algérie) où il a été d’abord prêtre et puis évêque. « Les controverses théologiques abondaient à l'époque d'Augustin, et il était à l'avant-garde de la confrontation et de la résolution des problèmes doctrinaux vitaux », raconte Tony Cooke. Augustin raconte aussi les miracles et le surnaturel que les croyants de son époque vivaient. « Même maintenant, par conséquent, de nombreux miracles sont opérés. Le même Dieu qui a opéré ceux que nous lisons et qui les accomplit encore, par qui Il veut et comme Il veut. » raconte-t-il dans « La Cité de Dieu ». Il ajoute : « Je ne peux pas rapporter tous les miracles que je connais…et de considérer combien de temps il me faudrait pour les raconter tous ».

 

L’évangélisation de l’Afrique du Nord ne s’est donc faite ni par la force ni par la violence, mais par une démonstration de l’amour de Dieu et des croyants pour les Hommes de toutes origines et de toutes conditions. Prédication, enseignement, prière, communion fraternelle, partage du pain et des biens.

 

Nabil Z.

 

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