Le premier Homme de l’Histoire est le seul humain, selon les créationnistes, qui ne soit pas né d’une femme. Il a été créé à partir de la terre. Son nom Adam vient d’ailleurs de celui d’Adama qui veut dire « terre » en hébreu. Mais à quel moment cet événement a-t-il eu lieu, selon la Recherche ? Les évolutionnistes quant à eux, rejettent totalement cette idée et soutiennent que l’Homme n’a pas été créé, mais qu’il est le fruit d’un processus d’évolution, à partir d’espèces animales antérieures.
Beaucoup de philosophes et théologiens, et même de simples croyants se sont posé la question quant à la date précise ou a eu lieu l’acte de création d’Adam et Eve. Mais peu ont osé s’engager dans des recherches studieuses et compliquées. Et parmi ceux qui ont osé, rares sont ceux qui ont réussis à prendre le risque d’avancer une date.
Le récit de la création d’Adam se trouve dans le livre de la Genèse dans la Bible. Dieu a créé les Cieux et la Terre, ainsi que la lumière le premier jour. Le deuxième jour, il créa le firmament, et le troisième il créa la végétation. Le quatrième jour, il créa le soleil, la lune et les étoiles, tandis qu’au cinquième, il créa les animaux selon leurs diverses espèces. L’Homme n’a été créé que le sixième jour, après que toutes les conditions de vie aient été réunies. Ce fut un Vendredi, puisque le lendemain, Dieu se reposa de toutes ses œuvres, le septième jour, le Sabbat, le Samedi.
Voici le récit de la création d’Adam:
« Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de lamer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre.
Et Dieu dit: Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d'arbre et portant de la semence: ce sera votre nourriture ».
Sans rentrer dans les détails de ce texte et ceux qui le complètent, ce récit est diversement pris par les lecteurs. Certains lui attribuent un sens allégorique et symbolique, tandis que d’autres l’interprètent littéralement. Dans ce dernier cas, plusieurs questions se posent à ce sujet. Notamment celle de la fixation dans le temps du moment précis dans l’Histoire, ou a eu lieu cet événement.
C’est ce que James Ussher, Archevêque anglican d’Irlande aux 16eme et 17eme siècles a tenté de faire, en y consacrant plusieurs années de sa vie, avec le talent exceptionnel qui lui était reconnu par tous.
James Ussher (1581-1656) était l'un des plus importants chercheurs du 17ème siècle. Sa recherche et son travail savant ont même fait l'éloge de certains qui s'opposent à ses conclusions. Appelé "le plus grand luminaire de l'église d'Irlande" et "l'un des plus grands savants de son temps dans l'Église chrétienne", son travail a influencé les générations de penseurs avec une force encore ressentie aujourd'hui.
Expert sur les écrits des premiers pères de l'Eglise, comme les berbères Augustin Cyprien et Tertullien, Ussher a surtout eu une incidence sur la théologie de la Réforme prônée par l’allemand Martin Luther et le franco-suisse Jean Calvin. L'ensemble de 18 volumes intitulé « The Whole Works of James Ussher » (Œuvres complètes de James Ussher) contient ses écrits les plus importants. Aujourd'hui, il est surtout connu pour sa recherche en chronologie qui a conclu qu’Adam a été créé en 4004 avant Jésus-Christ. Par conséquent, les anti-créationnistes l'ont fortement critiqué, le considérant souvent comme naïf, ignorant, anti-scientifique et quelqu'un dont la recherche était superficielle et basée uniquement sur le récit biblique. Le paléontologue Stephen Jay Gould de Harvard a écrit que Ussher "nous est connu aujourd'hui Presque entièrement dans le ridicule - comme l'homme qui a fixé le temps de la création en 4004 av. Jésus-Christ. »
En réalité, Ussher était un érudit de première classe très impliqué dans la recherche savante. Il interagissait régulièrement avec les hommes les plus savants de son époque pour savourer intellectuellement leurs idées. Il était aussi un vrai bibliophile, et il n'y avait guère de livre dans une bibliothèque britannique qu’il n’avait pas lu.
En Occident, la connaissance du monde antique a été déterminée historiquement «par une lecture directe de l'Ancien Testament» plus qu’une étude de l'histoire. Cette pratique était en contradiction avec de nombreuses «religions orientales qui permettaient de dater l’existence d’un univers beaucoup plus ancien que celui qui était connu dans le judaïsme. Les Grecs, comme Aristote, par exemple, pensaient que le monde était éternel. Les premiers théologiens chrétiens comme Augustin de Taghaste ont rejeté les estimations païennes qui ont cru dans des centaines de milliers d'années comme étant des mythes ".
Selon le calendrier juif, l'événement de création s'est déroulé en 3761 avant Jésus-Christ. La traduction grecque de l'Ancien Testament, connue aujourd'hui comme la Septante, réalisée en Egypte, a proposé la date à 5500 av. J.-C., et au moment de la Renaissance, l'âge de la Terre, était estimé à quelques 5000 à 6000 ans». Le récit de la Genèse est parallèle dans une certaine mesure aux récits de création d'autres cultures du Moyen-Orient. Il explique l'origine du monde physique comme étant l'acte délibéré d'un Créateur tout-puissant".
Au 17ème siècle, "l'archevêque James Ussher a transformé son expertise et son érudition académiques exceptionnelles pour travailler sur le problème de la datation de la création. Il s’était basé sur les connaissances disponibles à l’époque en matière de sciences comme l'histoire, l'astronomie, les mathématiques, la physique et la géométrie.
James Ussher était tellement reconnu pour son génie que dès l’âge de 26 ans, il était devenu enseignant à l’Université du Trinity College à Dublin. Il a écrit ses célèbres Annales de l'Ancien Testament, déduites des Premières Origines du Monde, où il est arrivé à déterminer que l’an 4004 avant Jésus-Christ dans les dernières années de sa vie. Son œuvre contient plus de 12 000 notes de bas de page provenant de sources séculières et 2,000 autres références de la Bible et des Apocryphes. Preuve à la fois de son érudition et du sérieux de ses recherches.
Question de méthodologie.
Ussher a atteint sa fameuse date de 4004 avant Jésus-Christ en calculant simplement le retour de l'époque de Jésus en additionnant des années impliquées dans les lignées du Christ données dans la Bible et en revenant à Adam. Le problème était que l'Ancien Testament ne contient des informations précises pour obtenir une chronologie que Jusqu'à l'époque du roi-prophète Salomon. Après cela, Les recherches devenaient plus ardues, à mesure qu’on s’éloignait dans le temps. Pour arriver à déterminer la date de création, Ussher a appliquée les méthodes que d'autres avaient utilisé avant lui, en tentant de comparer les informations bibliques avec des dates connues des histoires d'autres cultures, en particulier celles des Chaldéens des Egyptiens et des Perses. Ce fut une incroyable expertise dans la connaissance de la Bible, dans l'histoire laïque et dans les capacités linguistiques.» Car en plus, il fallait avoir une certaine maîtrise des langues pour lire les documents qui n’étaient ni en grec, ni en latin ni en anglais. Les historiens reconnaissent qu’Ussher avait l'un des meilleurs esprits de son temps et il l'a appliqué sans relâche pour synthétiser des informations provenant de sources disparates pour obtenir une chronologie aussi précise que possible.
Ajouter à cela, les différences qui existent entre les différents calendriers de l’époque. Le calendrier julien a subit des révisions majeures à la fin du 16ème siècle. Les arabes, les perses et les hindous utilisaient aussi un système calendaire différent. Les uns s’appuyaient sur le soleil, d’autres sur la lune, les autres encore sur une combinaison des deux, faisant appel aux techniques agraires et le cycle des saisons. Après de nombreuses années de travail, en 1640, il a publié la première partie de ses Annales de l'Ancien Testament. Quatre ans plus tard, la deuxième partie du travail était accessible au public. Il a ensuite commencé une troisième partie, mais n'a pas vécu assez longtemps pour la terminer.
La force de la raison
De nombreux critiques ont rejeté le travail d'Ussher, affirmant qu'il a simplement utilisé le dogme religieux pour résoudre un problème scientifique. Mais Stephen Jay Gould, un scientifique de renom n'était pas d'accord avec eux. Cherchant à comprendre comment Ussher était arrivé à ses déductions, après une enquête approfondie, il a conclu que les critiques de l'archevêché n'étaient pas seulement ignorants, mais qu'ils ont également totalement mal compris son travail1. Il demande à ses détracteurs de juger les gens selon leurs propres critères, et non par des normes ultérieures qu'ils ne pouvaient pas savoir ou évaluer. Il a souligné la déclaration d'Ussher selon laquelle ses résultats étaient le résultat non seulement de l’exploitation des témoignages simples et multiples de l'Écriture sainte, mais aussi de la lumière de la raison bien dirigée, a déclaré Jerry Bergman, professeur à l’Université de Toledo dans l’Ohio, aux Etats-Unis. Ussher ne pouvait en effet disposer ni de calculatrice, ni d’ordinateur pour effectuer ses calculs, ni de Google pour élargir ses recherches et avoir accès aux documents qu’il avait mis des années à réunir.
Les recherches d’Ussher ont donc permis d’établir la date précise du Vendredi 23 Octobre de l’an 4004 avant Jésus-Christ, comme étant le jour de la création d’Adam. Et il a profité de ses recherches pour établir d’autres dates, comme celle du Déluge en 2348, l’Appel d’Abraham par Dieu en 1921, l’exode du peuple hébreu d’Egypte en 1491, et la naissance de Jésus-Christ en l’an 4. Toutes ces années ont bien sûr été établies avant l’ère commune, c'est-à-dire avant Jésus-Christ.
De nombreux scientifiques de renom, comme Isaac Newton, se sont attelés à vérifier les calculs d’Ussher. A Part certains détails non significatifs, ils sont arrivés à confirmer le travail de l’Archevêque d’Irlande. Les sceptiques resteront toujours en l’état, et la science a beaucoup progressé depuis. Il ne suffit pas d’être sceptique, mais de démontrer le contraire, pour rester dans une attitude scientifique rationnelle. Si James Ussher a fait un tel tavail dans les conditions de son époque, il existe aussi de sérieux travaux faits par des chercheurs de tous horizons, dont ceux de la Nasa, dont nous aurons l’occasion de parler dans nos prochaines éditions.
Ne devrions-nous pas célébrer cet "anniversaire" et nous contenter seulement du Mouloud et de la Noël?
Nabil Z.
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