Les grands personnages berbères qui ont marqué l’Histoire se sont toujours faits discrets, préférant mettre en avant leur mission plutôt que leur personne. C’est le cas d’Adrien de Cantorbéry, réformateur de l’Église d’Angleterre.
Adrien est né en l’an 635 quelque part en Afrique du Nord, près de Carthage, dit-on. Il part en Italie pour y faire ses études, juste au moment du début des invasions arabes. Son intelligence et sa vivacité furent très vite remarqués et ses enseignants l’encouragèrent à aller loin. Il apprit le grec, le latin, et devint érudit dans diverses sciences, selon les paramètres de l’époque.
Le premier poste qui lui a été confié fut celui de l’Abbaye de Nérida, non loin de Naples en Italie. Il en profita, tout en exerçant son ministère pastoral, pour parfaire ses connaissances et de faire remarquer par les plus hautes autorités de l’Église. En 664, le pape Vitalien le convoque pour lui confier la charge d’Archevêque de la Ville de Cantorbéry en Angleterre à moins d’une centaine de kilomètres au sud-est de Londres, suite au décès du titulaire de cette chaire. Mais Adrien supplia le pape de ne pas le forcer à prendre cette responsabilité. Il n’était pas à la recherche de sa propre gloire, et le titre d’Archevêque ne l’attirait pas particulièrement. Il proposa de prendre à sa place un ami, un certain Théodore de Tarse. Originaire de la même ville que Saint Paul. Après réflexion, le Pape accepta à condition de le seconder dans ce travail. Il aura à réformer l’Église d’Angleterre et sera chargé de l’enseignement aux côtés de Théodore qui sera nommé Archevêque, tandis qu’Adrien restera Abbé.
C’est ainsi qu’en 670, Adrien débarqua en Angleterre, rejoignant ainsi son ami Théodore qui avait pris le poste deux années auparavant. Il fut nommé Abbé de Saint Pierre à Cantorbéry. Il assiste Théodore dans sa mission de réforme et d'unification des traditions liturgiques anglaises avec les rites romains. Il transforme l'école de Canterbury en un centre d'enseignement réputé, et crée de nombreuses autres écoles ailleurs en Angleterre, d’où sortiront de nombreux futurs membres du clergé anglais, français ou allemand. Il en fit un foyer de ferveur spirituelle et intellectuelle durant une trentaine d’années. Il y enseignait lui-même le grec, le latin et les arts humanistes. Tous ses élèvent parlaient grâce à ses enseignements, au moins trois langues.
Adrien meurt en 710, et est enterré à Cantorbéry, dans l'église Saint-Augustin.
L’Église d’Angleterre a ainsi pu tenir plusieurs siècles, évoluant dans le giron de l’Église Catholique romaine. Jusqu’au jour où le roi Henri VIII décide au XVIème siècle, de rompre avec Rome pour des raisons politiques et théologiques. L’Église officielle d’Angleterre professe aujourd’hui la religion dite Anglicane.
En creusant un peu plus, on découvre que de nombreux autres berbères ont joué de grands rôles dans l’histoire de l’occident. N’avons-nous pas présenté dans ces mêmes colonnes l’histoire d’Urbicus qui a été Gouverneur de la province de Britannia, l’actuelle Grande Bretagne, durant le IIème siècle ?
Nabil Z.
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