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Photo du rédacteurNabil Z.

Alypius et Possidius, Amis et Compagnons de Saint Augustin

Dans la liste des grands personnages de l’histoire amazighe, et qui ont joué des rôles importants dans le développement de l’occident, figurent deux amis, compagnons de Saint Augustin, berbères comme lui, hélas inconnus aujourd’hui dans leur pays : Alypius et Possidius.



Alypius était un peu plus jeune qu’Augustin. Il est né à Taghaste (Souk Ahras) et y a été à l’école, tout comme son future enseignant et ami. Il est devenu un des meilleurs élèves d’Augustin en suivant ses cours de rhétorique et en l’accompagnant aussi bien à Carthage qu’en Italie. Les deux personnages étaient tellement proches qu’ils ont partagé de mémorables expériences, les amenant à passer ensemble le reste de leur vie.

Alypius est d’abord parti à Rome pour étudier le droit, avant d’accompagner Augustin à Milan. On s’en souvient, le futur Evêque d’Annaba y a rencontré Saint Ambroise avec lequel il a eu de multiples discussions sur la foi chrétienne. A cette époque, Augustin, encore païen, venait de sortir de doctrines philosophiques qu’il a dénoncées publiquement, et qu’il a raconté dans son célèbre livre autobiographique, les confessions.


Dans un jardin public de Milan, Augustin et Alypius discutent et méditent ensemble, partageant les avis et pensées, sur des sujets religieux, théologiques et philosophiques. Ils ont la même soif de connaissance et le même désir de comprendre le monde qui les entoure. A un moment donné, fatigués de la discussion, Augustin s’assoupis pour se reposer. Il fut réveillé par le chant d’enfants qui jouaient à proximité. Loin de s’en énerver, il fut touché par les paroles d’une chanson qu’entonnaient ces enfants : Tollé, Légué. C'est-à-dire, prends et lis. Ces paroles eurent l’effet d’un coup de foudre sur le jeune Auregh-Augustin. Il a senti dans ces paroles comme un appel direct de Dieu qui l’invitait à prendre et à lire la Bible. Ce fut un message personnel, profond et bouleversant. Il partagea cela tout de suite avec son ami Alypius, et chacun de son côté se met à lire la Bible. Augustin fut bouleversé par la lecture de l’Epitre de Paul aux Romains dans le Nouveau Testament. Elle y contenait la réponse à toutes ses questions. Il rejoint Ambroise, l’Evêque de Milan et demande le baptême et devient chrétien, accompagné d’Alypius qui en fit de même, ainsi qu’Adéodad, le seul fils d’Augustin.


Ensemble, ils pérégrinent un peu en Italie, avant de décider d’aller s’installer à Taghaste et y fonder une communauté monastique, pour mieux prier et étudier la Bible. Ils s’y installent donc et créent le premier monastère d’Afrique, et y instituant ce qui a été appelé plus tard, la Règle de Vie de Saint Augustin.


Après avoir, dans un premier temps accompagné Augustin à Hipone ou il devint Evêque de la ville, Alypius fut élu Evêque de Taghaste en l’an 396. En 411, Augustin le choisit avec Possidius pour l’accompagner à Carthage, représentant les évêques orthodoxes d’Afrique, pour participer à la conférence des Evêques, aux côtés de Donatistes. A leur retour, il fit le tour des églises et communautés chrétiennes d’Afrique du nord pour les enseigner et les aider à régler un certain nombre de problèmes auxquels elles faisaient face. Ce fut, comme on le voit, un homme aimé et respecté. Même les papes de Rome entretenaient des relations avec lui, reconnaissant sa sagesse et son influence sur les communautés chrétiennes d’Afrique.


Possidius de Calame

Possidius de Calame était lui, Evêque de Guelma. C’était aussi un proche de Saint Augustin, puisqu’il continua à l’accompagner à d’autres conférences comme celle de Malevi en 416 et une autre de de Carthage en 419.


A l’arrivée des Vandales en 429, il se réfugia à Hipone avec Saint Augustin. Guelma fut prise et saccagée. C’était une année avant la mort du Saint amazigh qu’il accompagna jusqu’au bout. La tradition nous apprend que c’est lui qui ferma les yeux de son ami à sa mort. Quelques années plus tard, il retourna à Calama, puis fut exilé par Genseric qui voulait imposer l’arianisme comme religion officielle. Il eut juste le temps de rédiger un livre, « La Vie de Saint Augustin », ainsi qu’un certain nombre de ses sermons, recensant aussi les écrits de son ami. Il meurt en 437.


Alypius et Possidius sont reconnus par l’Eglise Catholique comme ayant joué un rôle important auprès de Saint Augustin. Ils sont célébrés chaque année, le 15 Août pour Alypius, et le 17 Mai pour Possidius.


Œuvres littéraires et spirituelles majeures

Les deux compagnons de Saint Augustin ont laissé chacun une empreinte de taille dans l’histoire de notre pays, et de toute l’Afrique du Nord, puis influencé la vie spirituelle de l’occident. La règle de Saint Augustin est encore aujourd’hui appliquée dans la majorité des couvents et monastères à travers le monde. Alypius avait pour cela aidé Augustin dans sa rédaction et l’a mise lui-même en pratique. De grands personnages de l’histoire universelle, comme Martin Luther l’ont appliquée avec succès. Cette règle permet d’organiser sa vie de manière simple pour améliorer le rendement intellectuelle et spirituel de ceux qui l’appliquent. Elle procure à la longue, un aise et un confort insoupçonnés au début.

Quant à Possidius, en rédigeant « La Vie de Saint Augustin », il a éclairé le monde sur celui qui allait devenir « Le Maitre de l’Occident ». Le Maître à penser de tout philosophe qui viendra après lui. Car ce qu’on connait le plus de Saint Augustin, c’est surtout son célèbre livre « Confessions ». Il s’agit d’une autobiographie, la première de l’histoire, ou le fils de Sainte Monique racontera sa vie à Dieu, sous forme de prière. C’est donc Augustin par Augustin lui-même. Un regard intérieur et intime de la vie du Saint. Tandis que le travail de Possidius reflète un regard extérieur de la vie d’Augustin. Comment il était perçu par les autres. Ses discours, son comportement, sa vie, etc… Les deux livres mis côte à côte permettent de mieux saisir le personnage exceptionnel que fut Saint Augustin. Ces deux ouvrages, en plus des autres publiés par l’Evêque d’Annaba, ainsi que son courrier et ses sermons vont devenir un trésor inestimable pour les philosophes et théologiens de toutes sortes. C’est leur lecture qui va inspirer la Réforme en Allemagne, la Réformation en Suisse, l’Anglicanisme en Angleterre, etc…


Ce qui est triste à constater, c’est l’absence de ces livres et de ces enseignements dans l’école et les université algériennes, marocaines, tunisiennes, ... Comment le pays peut-il se permettre de se priver d’une telle richesse qui a pourtant fait ses preuves, puisqu’elle a permis à l’Occident de devenir ce qu’il est aujourd’hui. Comment l’Algérie a-t-elle aussi facilement craché dans la soupe, en reniant ses propres enfants. Pourtant, loin d’impose ses idées, en philosophe qu’il était, le Saint de Taghaste ne faisait que les proposer en acceptant d’en débattre avec quiconque le voulait. Il est vrai que nul en notre temps ne peut lui tenir tête, et personne ne peut prétendre en être digne. Mais quand même…


Nabil Z.

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