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Photo du rédacteurNabil Z.

Arété de Cyrène, Première Femme Berbère, Professeure de Philosophie

On sait combien les Berbères ont marqué le développement de la pensée humaine depuis la plus haute antiquité. Mais qui savait que parmi eux, figurait une femme ?


Nous sommes au quatrième siècle avant Jésus-Christ. La philosophie grecque domaine toute la méditerranée. Dans la démocratie de ce pays, le pouvoir était aux hommes. Les femmes devaient se soumettre, et ne s’occuper que de tâches domestiques et subalternes.

Pourtant, ça et là, on assiste à l’émergence timide d’une pensée libératrice pour la femme. Ainsi, Aristophane a-t-il publié un livre « L’Assemblée des Femmes » ou il avait imaginé que ce seraient des femmes qui géreraient Athènes. Un scandale qui a suscité bien des remous. De son côté, Antisthène fonda « L’École des Cyniques », prônant l’égalité entre hommes et femmes. Mais en dehors de ça, personne n’a vu une femme sortir de sa position de soumission, du moins, à cette époque.

A cette même époque, Platon fonda son école de philosophie appelée « L’Académie », en 387, tandis qu’Aristote fonda la sienne, « Le Lycée », en 335. Parmi les disciples de Socrate, il y avait un homme venu d’Afrique du Nord, du nom d’Aristippe. Il fonda à son tour une école appelée « L’École de Cyrénaïque », du nom de la ville de Cyrène, située au nord de l’actuelle Libye. Il enseignait ce qui était connu à l’époque sous le nom de l’Hédonisme, la philosophie du plaisir. La Cyrénaïque était connue pour ses philosophes comme Callimaque et Ératosthène, ainsi que bien sûr, Aristippe.

Vers l’an 400 avant Jésus-Christ, Aristippe de Cyrène eut une fille. Il l’appela Arété. Ce qui en grec veut dire « L’Intelligente ». Ce fut un geste révolutionnaire, puisqu’à cette époque, on considérait encore que la femme ne pouvait pas être intelligente. En tous cas, pas comme l’homme. Arété a suivi son père quand il alla s’installer à Athènes et suivi assidument ses cours. A la mort de son père en 356, elle prit la direction de l’école et enseigna la philosophie pendant une trentaine d’année. Ses cours tournaient essentiellement autour de de la philosophie naturelle et morale, sans négliger les autres domaines de cette discipline, « mère des sciences »

Arété a eu un fils qu’elle a nommé du nom de son père, Aristippe, connu sous le nom d’Aristippe le jeune. C’est lui qui succédera à sa mère à la tête de l’école cyrénéenne. Il fut connu sous le nom de « Matrodidacte », c’est-à-dire, celui qui a été enseigné par sa mère.

Arété a révolutionné la pensée philosophique grecque en la forçant à admettre qu’une femme pouvait enseigner la philosophie, et non pas seulement la cuisine et la couture. Elle a aussi dirigé une école de philosophie suivie par tous les riches et les aristocrates grecs. 

En parallèle de ses cours, Arété a publié une quarantaine de livres. Une quantité impressionnante, même pour aujourd’hui. Malheureusement, ces livres ne nous sont pas encore parvenus, perdus dans quelque bibliothèque ou fonds d’Archives non encore fouillé.

Un des premiers Pères de l’Église, Clément d’Alexandrie, a parlé d’Arété de Cyrène, comme « l’une de ces savantes de l’Antiquité qui cultivaient leurs âmes ». Malgré le poids du patriarcat, Clément d’Alexandrie estimait que les femmes comme les hommes pouvaient atteindre la « perfection » (de l’âme, du savoir, de la sagesse).

A sa mort en 330 avant Jésus-Christ, Arété de Cyrène a eu droit à l’érection d’une statue. Et sur l’épitaphe commémorative on peut lire : « Areté de Cyrène est la splendeur de la Grèce, elle possédait la beauté de Hélène de Troie, la vertu de Pénélopela plume d’Aristippe, l’âme de Socrate et la langue de Homère ».

Cette femme venue d’Afrique du Nord a certainement été la première femme professeur de philosophie, et après elle, il n’y en a pas eu beaucoup pendant des siècles. Malheureusement, en Afrique du Nord, on ne connaît ni son nom ni encore moins le contenu de son enseignement dont pourtant, on a bien besoin.

Nabil Z.

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