Ibn Roshd nait à Cordoue en 1126, dans l’Espagne musulmane. Il était issu d’une famille de l’élite intellectuelle de son époque. Sa vie se déroule en Andalousie sous domination des Almohades.
Le jeune Ibn Rochd se forme auprès des maîtres les plus prestigieux, dans le droit, puis dans la médecine, puis à la philosophie et à la théologie, l’astronomie et les mathématiques. Son érudition est exceptionnelle et est reconnue par tous.
Durant ses pérégrinations philosophiques, Ibn Roch a rencontré de grandes personnalités, dont les Califes Abdel Moumen, Youssef et El Mansour, pour les servir avec ses diverses compétences. Surtout qu’il était réputé comme grand médecin, conseiller puis comme cadi.
Ibn Rochd était un musulman sincère qui était influencé par les œuvres d’Aristote traduites en Arabe. Ce qui le met au ban des érudits musulmans étant adepte du libre arbitre. Il est contraint de jongler pour trouver un équilibre entre la philosophie et la théologie, Au moment ou Abdelmoumen avait imposé un islam rigoriste, interdisant toute sorte de réflexion philosophique et toute remise en cause des dogmes admis par son courant religieux.
Averoes meurt en 1198, méprisé, rejeté et oublié, après avoir rédigé et publié de nombreux ouvrages. Le roman est ponctué de chapitres à part illustrant les réactions de dirigeants,
de religieux ou de penseurs post Averroès : notamment Thomas d’Aquin, Pétrarque, Dante, Frédéric II, le concile de 1210 et celui du Latran.
Il y a trois niveaux de lecture dans le roman publié récemment par Gilbert Sinoué : sa vie, sa pensée, et les réactions postérieures.
Points forts du livre
1) La découverte de l’Andalousie, l’Espagne musulmane, et de son art de vivre, de ses élites remarquables tant chrétiennes, juives que musulmanes, et de sa culture.
2) Un personnage remarquable, passionnant et son œuvre.
3) Le style particulier de Gilbert Sinoué qui aide à plonger dans cette époque.
4) Une documentation riche, profonde et aboutie, se basant sur de nombreux écrits historiques sur le sujet et sur la pensée d’Averroès, inspirée d’Aristote et des philosophes grecs qu’il a contribué à faire connaître, une philosophie toute entière qui avait pour but de concilier la sagesse, la réflexion et la logique.
6) Le livre ente-coupé d’inter chapitres qui relatent des réactions à la pensée d’Averroès au cours des trois siècles suivant sa mort. L’islam était fermé à la pensée logique et s’est trouvé presque surpassé par le catholicisme lorsqu’il s’exprime sur ces sujets notamment jusqu’au concile du Latran.
7) Cet ouvrage développe une saine réflexion sur un thème quasi universel, qui se révèle aussi ancien qu’actuel : le conflit entre la raison et l’obscurantisme et ses conséquences, quelle que soit l’époque, quelle que soit la religion. Surtout que d’autres philosophes ont été confrontés à ces mêmes thématiques comme le musulman Al Farabi et le juif Moïse Ben Maïmoun, dit Maïmonide.
Avant Gilbert Sinoué, un autre écrivain avait raconté la vie d’Averoés sous forme de roman. Il s’agit de Jacques Atali qui avait publié un roman intitulé « La Confrérie des éveillés », imaginant une rencontre entre Averoes, Maïmonide et Gérard Crémone. C’est dire que le personnage et l’époque à laquelle il avait vécu était riche en philosophes et en débats.
Né au Caire, Gilbert Sinoué a fait ses études chez les jésuites puis part à Paris pour étudier la musique à l’Ecole Normale de Musique de Paris. C’est à quarante ans qu’il écrit son premier roman, en se spécialisant dans le genre historique, essentiellement situé en Orient, autour de l’Egypte. Il écrit également des scénarios et des dialogues pour le cinéma. Il a ainsi publié une trentaine de romans qui lui ouvrent la porte de la renommée et lui font obtenir le prix des libraires en 1996, pour « la Pourpre et l’olivier », et dn 1997 le prix Jean D’Heurs pour l’ « l’Egyptienne ».
Averroès ou le secrétaire du diable
de Gilbert Sinoué
Ed. Fayard
Nabil Z.
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