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Photo du rédacteurNabil Z.

Berbères ou Amazighs ? De l’Origine de ces Deux Vocables.

Dernière mise à jour : 27 avr. 2023

Depuis toujours on nous explique que le nom que se sont donnés les habitants de Tamazgha –les amazighs- signifiait « Hommes Libres », et que les mots Berbère venait du grec « barbare ». Qu’en est-il vraiment ?



Il est sûr que dans l’antiquité, les grecs appelaient nos ancêtres « les Libyens ». L’historien grec, appelé Le Père de l’Histoire, Hérodote expliquait dans le quatrième volume de son livre « Histoires » que le territoire de la Libye s’étendait du Nil jusqu’aux Colonnes d’Hercule, c'est-à-dire Tanger dans l’actuel Maroc. Toute l’Afrique du Nord était appelée La Libye. Plus tard, et au fur et à mesure que le territoire se morcelait, d’autres noms sont apparus, à l’exemple de l’Afrique (afric en berbère signifie « le territoire »). Puis, le nom de Maurétanie a vu le jour, pour désigner un Etat. Maurétanie vient de l’expression Amour N’Tanit, le pays de Tanit (Amour, tamourth, et Tanit, divinité de la fertilité, reprise par les grecs sous le nom d’Aphrodite et les romains par celui de Vénus). Et à propos des noms d’Etats, il y en aura d’autres, à l’exemple de la Numidie. Il y a donc évolution dans l’histoire toponymique de la Berbérie, et selon les périodes de l’Histoire, l’ensemble du territoire ou seulement une partie, ont porté des noms différents.


Les Libous, les Tehenous et les Temehous.

Le peuple et les habitants de ces territoires ont aussi porté des noms différents, en fonction des époques et des régions. C’est ainsi que les premiers occupants de ce vaste territoire ont été appelés les Libous ou les Libyens, du nom de la première tribu qui l’avait occupé. Mais il y avait avec elle deux autres tribus, les Tehenou, et les Temehou. Au fur et à mesure de leur extension dans ce vaste territoire, les populations se sont donnés d’autres noms, pour se distinguer les unes des autres, en fonction des territoires occupés. C’est ainsi qu’Hérodote en a compté seize, et en a donné les noms qu’il a retranscrit dans sa propre langue qui est le grec. Il est donc probable qu’il faut les lire de manière différente pour essayer d’en retrouver les racines. Il s’agit des Adyrmachides, Ammoniens, Atarantes, Asbystes, Auschises, Auseens, Cabales, Garamantes, Gilligammes, Gindanes, Lotophages, Maces, Machlyes, Maxyes, Nasamons, et les Zaueces.

Les seize tribus d’Hérodote

Parmi ces tribus, certaines se sont installées au sud, comme les Garamantes, ancêtres des Touaregs, les Lotophages au sud de l’actuelle Libye, les Atarantes à l’Ouest, etc… Mais dans cette liste, on remarque les tribus des Maces, Machyles et des Maxyes. La racine de leurs noms nous renvoie clairement vers MCS ou MXS. La même que celle des Amazighs. Ce sont donc les premières tribus à s’appeler Amazighes. Etait-ce leur choix, le nom d’un ancêtre commun ou est-ce un nom qui leur a été attribué par les autres ? Toujours est-il que sa signification reste quelque peu énigmatique, puisqu’elle ne renvoie pas, comme on nous l’a si souvent rappelé, à l’Homme Libre. Cette explication semble plutôt renvoyer vers une idée, un idéal ou un slogan : l’Amazigh est un Homme libre. Du coup, l’ensemble des autres tribus l’ont repris, certainement pour se fortifier et se donner du courage face à ces incessantes invasions étrangères qui voulaient asservir les autochtones et s’emparer de leur territoire et de leurs richesses. La liberté est restée chez les amazighs un idéal à atteindre. En dehors des noms propres des tribus apparus plus tard, comme celle des Maures, Chaouis, Kabyles, Mozabites, Touaregs, Guanches et autres, celui qui semble avoir rassemblé toutes les populations d’Afrique du Nord en un seul peuple semble celui d’Amazighs. Et c’est le nom qui continue à être revendiqué et porté par tous les peuples de cette région de la planète avec autant de fierté et de dignité.

Barbares et Berbères

Mais alors, d’où vient le nom « Berbère » ? Dérive-t-il vraiment de celui de « barbares » ?

Selon l’encyclopédie en ligne Wikipedia, les peuples barbares sont les « populations germaniques, hunniques et autres, à partir de l’arrivée des Huns dans l’Est de l’Europe centrale aux environs de 375 jusqu’à celles des Lombards en Italie en 568 et des Slaves dans l’Empire romain d'Orient en 577 ». Il n’a donc jamais été question de l’Afrique du Nord. Elle ajoute, comme pour bien préciser les choses « Dans la recherche historique moderne, l’adjectif « barbares » n’a pas de connotation péjorative mais fait référence au barbaricum, mot par lequel les auteurs romains désignaient ce qui était hors de leur imperium (empire). Les découpages historiques sont avant tout des conceptions de l’esprit et reposent sur des conventions. Bien qu’ayant eu lieu au cours de l’Antiquité tardive, ces mouvements migratoires relient cette époque et le Moyen Âge. Ils ont pu entraîner le départ des populations autochtones, leur assimilation ou leur assujettissement aux nouveaux arrivants, mais inversement les autochtones aussi ont pu romaniser et christianiser les royaumes dits « barbares » (comme dans les cas des Wisigoths, des Francs, des Lombards) ». Elle ajoute dans une autre entrée : « Le mot barbare a en français plusieurs significations. Au fil de l’histoire, le terme a revêtu différentes acceptions : Selon Hérodote : « Les Égyptiens appellent barbares tous ceux qui ne parlent pas leur langue ». Durant l'Antiquité : Les peuples non gréco-romains ; Un membre des peuples migrateurs qui, sporadiquement depuis le IIIe siècle av. J.-C. (expansion celtique) jusqu’au XIIIe siècle (invasions tatares), mais avec un pic du IVe siècle au VIIe siècle (période dite des « Invasions barbares »), ont cherché, venant de l’Europe du Nord ou d’Asie, les ressources et les terres dont ils ne disposaient plus dans leurs régions d’origine, soit pour des raisons climatiques et environnementales, soit en raison de leur croissance démographique, soit pour en avoir été évincés par d’autres peuples ». Elle ajoute : « Le terme « barbare » a ensuite été utilisé par les Romains pour nommer les peuples qui se trouvent à l’extérieur du limes, dans le « Barbaricum », la « terre des Barbares ». Or, il est clair que l’Afrique du Nord ne pouvait être appelée « Pays des barbares », puisqu’elle était à l’intérieur même de son territoire. D’ailleurs, et de loin, les romains appelaient les différentes parties de Tamazgha du nom de Maurétanie (Tingitane, Césarienne, Sétifienne, …)


Origine berbère ?

Et si le nom « Berbère venait du… berbère lui-même ? Et si ce sont justement les amazighs, pour différentes raisons, se sont eux-mêmes fait appeler « berbères » ? Examinons cette piste de recherche, et voyons si cela est du domaine du possible.


Ibn Khaldoun définissait les berbères comme les gens qui « portent le burnous et mangent du couscous ». Au delà de cette ingénieuse formulation, cela nous apprend des choses intéressantes. Une des formes du couscous que les berbères consomment pour faire face au froid est le Berkoukes. C’est une sorte de couscous épais, souvent épicé pour réchauffer les gens en temps de grand froid. Nous retrouvons dans ce mot « Berkoukes » le préfixe « ber ». Ensuite, rappelons que le burnous se dit Abernous en berbère. On retrouve également le préfixe « ber » dans ce nom. Les berbères mettent le burnous en temps de grand froid, et il leur permet de rester au chaud. Or, l’expression « berber » et non « berbère », veut dire en langue berbère « frissons ». Ibn Khaldoun a-t-il résumé en une formule la définition que les amazighs se donnaient eux-mêmes pour se distinguer des envahisseurs si nombreux et si fréquents ? Une piste à étudier et à mettre au nombre des interprétations probables, au lieu d’aller chercher chez les autres ce que nos ancêtres ont inventé eux-mêmes.


Nabil Z.

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