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Photo du rédacteurNabil Z.

Bienvenue à Aboudaou !

Béjaïa - Son université, ses étangs boueux, ses ordures et ses baraques abandonnées



Le territoire fait partie de la commune de Tala Hamza qui est elle-même une sorte de relais ou un passage entre des axes routiers importants, tels les routes nationales n°9, vers Sétif et Jijel, et la 75, vers Amizour, Barbacha, Bouandas, Sétif et Sidi Aïch, Akbou, Bouira, puis Alger… Depuis plusieurs années, il accueille le deuxième campus de l’université de Béjaïa, avec ses nombreuses spécialités en sciences humaines. Ce campus draine des dizaines de milliers d’étudiants, et on assiste sans cesse à un ballet de bus universitaires, transportant ces étudiants entre les villes avoisinantes, les résidences universitaires et ledit campus.


Ce n’est pas tellement le campus qui pose problème, mais son environnement direct. Le site universitaire se trouve complètement excentré par rapport à la ville de Tala Hamza, sans articulation avec elle. L’essentiel de la vie urbaine de cette commune se déroule sur les deux rives de la RN75, alors qu’Aboudaou est situé sur le début de la RN9, complètement isolé de toutes sortes d’activités en relation avec la vie de la commune. Théoriquement, et grâce à la présence d’un campus universitaire sur son territoire, on aurait pu considérer cette commune comme ville universitaire.


Une université au milieu d’un désert

Cependant, elle ne comporte aucun signe, aucun symptôme de vie estudiantine, permettant de deviner une quelconque relation entre cette commune et l’université. Cette dernière semble en effet entièrement coupée du reste de la commune. Et depuis des années qu’elle y est implantée, elle ne contribue en rien au développement de cette ville. Les deux entités ne semblent pas profiter l’une de l’autre, créant ainsi une sorte de vide entre elles, au détriment du développement local dont la région a cruellement besoin.

Autour du Campus géant d’Aboudaou, il y a de quoi être surpris. Autant l’intérieur est moderne, propre et grouillant de vie avec des dizaines de milliers de jeunes étudiants, d’enseignants et de travailleurs techniques et administratifs, autant l’extérieur peut surprendre par son état d’abandon et de négligence. Déjà à l’approche dudit campus, surtout pendant les périodes de pluie, l’accès à l’enceinte de l’université est quasiment impossible, à cause des inondations qui se forment à l’entrée du site, rendant la traversée du «tunnel» d’entrée impossible. On a vu ses dernières semaines les photos et vidéos postées sur Internet par les étudiants pour dénoncer cette situation.


Il y a encore quelques mois, les abords de cette entrée étaient occupés par de nombreuses baraques sauvages, faisant fonction de commerces multiples, rendant quelques services aux étudiants. Car il faut le dire, le campus d’Aboudaou se trouve au milieu d’un désert entièrement dépourvu de services communs, tels les commerces, les cafétérias et restaurants, ou les magasins proposant divers produits dont les étudiants pourraient avoir besoin. Depuis leur démantèlement, il y a quelques mois, le désert s’est réinstallé livrant le lieu aux seuls bus universitaires dans une certaine anarchie, sans organisation ni signalisation permettant de s’y retrouver.


Inondation à la moindre pluie

Un peu plus loin, vers l’Est du Campus, on est frappé par ce qu’on voit tout autour. De nombreuses baraques délabrées entreposées là-bas, attendant peut-être qu’elles se décomposent tels des coquilles d’œufs vides ou de quelconques produits biodégradables. On ne sait s’il s’agit d’anciennes baraques de chantier, ou de baraques à frites démantelées l’automne dernier. Toujours est-il, qu’elles favorisent le développement de l’insécurité et de la débauche. Ne serait-il pas temps de les prendre en charge de manière plus adéquate ? La sécurité de nos étudiants ne mérite-t-elle pas mieux que ça ? Quelques mètres plus loin, il faut traverser une route entièrement inondée par les dernières pluies, dégageant une odeur de vase et d’égouts, donnant sur l’autre côté pour former une sorte d’étang dégageant toutes sortes d’odeurs nauséabondes, et favorisant l’éclosion d’insectes et prolifération des rongeurs. Car juste quelques mètres plus loin, se trouve un paradis des ordures. Des tonnes de détritus entreposés à une entrée secondaire, depuis longtemps fermée, du campus universitaire.


Il serait impossible de l’ouvrir pour évacuer les étudiants en cas de danger ou laisser passer les secours. Tout autour du campus, c’est la désolation la plus totale. Il y a bien des constructions privées un peu plus loin, mais sans rapport aucun avec cette zone vouée aux chiens errants et aux mouettes venues de la mer toute proche.


Paradis des ordures ménagères

La construction du campus d’Aboudaou devait combler un besoin réel et libérer celui de Targa-Ouzemmour construit au début des années quatre-vingts. Depuis, le nombre d’étudiants a explosé pour se situer autour de cinquante mille, sans compter les mille six-cents enseignants et les milliers d’agents travaillant dans l’administration et les services techniques. Mais pour les décideurs de l’époque, un campus universitaire se composait essentiellement de blocs pédagogiques et de bâtiments administratifs et de logistique. L’environnement immédiat du campus n’intéressait personne, puisqu’aucun aménagement du pourtour du site n’a été prévu. Alors que les terrains sont largement disponibles, avec une route nationale à quelques mètres à peine, il aurait fallu envisager un aménagement adéquat pour offrir aux étudiants, en plus de bonnes conditions pédagogiques, un environnement adéquat leur permettant de développer d’autres activités sociales et culturelles, pour s’épanouir et compléter leur formation scientifique par un développement humain conséquent.


C’est ce qui s’appelle en réalité une formation universitaire. Car dans le mot «université», se trouve celui d’ «univers». C’est-à-dire l’ensemble de la composante permettant le développement d’une vie équilibrée et prospère. La responsabilité de l’APC de Tala Hamza est donc engagée, surtout concernant l’hygiène et la sécurité extérieures du Campus. Il est évident que cela demande des moyens qui dépassent les maigres ressources de la commune. Mais a-t-on entendu parler d’un réel projet d’aménagement de la zone et qui souffrirait d’un problème de financement ? Y a-t-il eu des rencontres entre les gestionnaires du campus universitaire et les autorités communales pour prendre en charge ce problème ? Ne serait-il pas temps de prendre sérieusement les choses en mains, surtout que ledit campus se prépare à devenir une Université à part entière, avec un rectorat en bonne et due forme, recevant des personnalités scientifiques et politiques de toutes sortes, venant de plusieurs pays.


Il serait plus adéquat de les accueillir avec un bouquet de fleurs qu’un paquet d’ordures. Et à propos de ce campus, il serait intéressant de se poser la même question concernant l’environnement extérieur des nouveaux campus d’Amizour et d’El Kseur. Qu’a-t-il été prévu pour éviter de reproduire les conditions environnementales d’Aboudaou ? Va-t-on encore offrir aux étudiants des baraquements pour essayer de leur remplir la tête de connaissances scientifiques, et laisser la partie sociale et culturelle à l’abandon ?


N. Si Yani



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