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Photo du rédacteurNabil Z.

Chachnaq vu par les Encyclopédies

Le premier pharaon amazigh de la 22eme dynastie égyptienne est très connu dans l’histoire. Il est signalé dans toutes les encyclopédies générales, et celles spécialisées en histoire. Cependant, toutes ne disent pas la même chose de ce personnage appelé aussi Sheshonq ou Shishak, considéré comme l’un des plus grands souverains amazighs de l’histoire.



Pour l’Encyclopédie Larousse en Ligne, Sheshonq est un « nom porté par cinq souverains égyptiens d'origine libyenne (XXIIe et XXIIIe dynasties) ». On remarquera que son origine « libyenne » n’est ni développée, ni expliquée. Larousse le considère comme « Chef de mercenaires libyens, Sheshonq Ier (?-929 avant J.-C.) s'empara du pouvoir à la mort de Psousennès II, vers 950 avant J.-C., inaugurant la XXIIe dynastie. Il fit désigner son fils comme grand prêtre d'Amon, et le clergé d'Amon émigra à Napata. Il prit et pilla Jérusalem, rendant à l'Égypte sa prépondérance en Palestine et en Phénicie ». Il est clairement considéré dans cette encyclopédie comme « mercenaire ». Ce qui le rend nécessairement illégitime pour exercer le pouvoir. Cette description est très hostile au souverain, et présente Chachnaq de façon nettement négative. Pour le Larousse, pourtant dictionnaire de référence dans le monde francophone, ce Pharaon est donc un mercenaire qui s’empara du pouvoir. C’est comme si on disait qu’il avait pris le pouvoir suite à un coup d’État. Larousse fait fi des circonstances historiques et du contexte général de l’arrivée de Chachnaq au trône d’Egypte.


Heureusement que les autres encyclopédies ne partagent pas cette façon de voir, et essaient de prendre de la distance pour en parler de façon plus objective. Ainsi, pour Wikipedia, « Sheshonq Ier ou Chechanq (-945 à -924) Prince d’Hérakléopolis, est appelé par Manéthon (historien égyptien du 3eme siècle avant Jésus-Christ) Chechanq Ier (Sensonchis et plus rarement Chéchonq ou Chechonq, parfois Shoshenq) et lui compte vingt et un ans de règne de -945 à -924. Il est aussi le Sesaq ou Shishak de la bible ». Après cette définition, des détails sont donnés : « Sous la XXIe dynastie, les Mechouech (ou Ma(chaouach) ou Meshwesh), des amazighes qui s'étaient installés dans le delta autour de Bubastis vers l'an -1000 et avaient petit à petit étendu leur territoire jusqu’au Fayoum, détenaient la force armée du royaume. Leurs chefs deviennent très puissants et le fils d'un de ceux-ci, Sheshonq Ier, prend le pouvoir à lamort de son beau-père Psousennès II de Tanis, s’impose comme pharaon et fonde la XXIIe dynastie qui occupera le pouvoir jusque vers -715 ».


Voilà donc une précision de taille. Chachnaq n’est pas seulement « libyen », mais clairement « amazigh », limitant ainsi la confusion sur ses origines. De plus, il détenait « la force armée du royaume ». C’est à dire que toute l’armée de l’Egypte était sous le commandement du général amazigh. Voilà qu’il passe de statut de « mercenaire » chez Larousse, à celui de « Chef de l’armée » chez Wikipedia. De plus, pour cette dernière encyclopédie, Chachnaq « prend » le pouvoir », tandis que pour Larousse, il s’en « empara ». La nuance est de taille.


Pour l’Encyclopaedia Universalis, il y a un détail qui revêt toute son importance. Et c’est très surprenant : ainsi, « Ce n'est qu'à l'extrême fin de l'histoire de l'Égypte, sous la XXIIe dynastie (950-730 av. J.-C.), que l'expression per-aâ, pharaon, est employée dans les textes égyptiens de la même façon que dans la Bible, c'est-à-dire à la manière d'un titre précédant le nom particulier d'un souverain, comme par exemple per-aâ Sheshonq : le pharaon Sheshonq ; encore cet emploi reste-t-il fort rare ». En clair, le nom « Pharaon » n’est utilisé en Egypte pour la première fois que pour désigner Chachnaq. Jamais dans les annales égyptienne, un roi n’a été appelé « Pharaon » avant Chachnaq. Est-ce à dire que le mot « Pharaon » serait d’origine berbère ? Voilà une piste de recherche intéressante à suivre.

Pour les anglo-saxons de l’Encyclopedia Britannica, « Sheshonk venait d'une lignée de princes ou de cheiks d'origine tribale libyenne dont le titre était "grand chef du Meshwesh" et qui semblent s'être établis à Bubastis dans le delta oriental du Nil. Général sous Psousennes II, dernier roi de la 21e dynastie (1075-1075-19750 av. J.-C.), il monta probablement sur le trône sans lutte, faisant de Bubastis sa résidence et mariant son fils Osorkon à une fille de Psousennes II ». Cette définition est de loin plus respectueuse du personnage que ne le sont les encyclopédies francophones. Ainsi, Chachnaq n’est plus « mercenaire », mais « Prince ». Il ne s’empara pas du pouvoir, mais y « monta ». Et il maria son fils avec la fille de son prédécesseur. Ce qui montre clairement qu’il y avait un lien familial entre les deux souverains.


Pour l’encyclopédie « Oxford reference », Chachnaq est le « premier roi de la vingt-deuxième dynastie Bubastite ou Libyenne, durant la troisième période intermédiaire. Vers 1180-1174 av. J.-C., Ramsès III installa des prisonniers libyens sous forme de conscription dans le delta oriental du Nil, et une famille finit par émerger à Bubastis, comme chefferie locale du Meshwesh, cinq générations avant Sheshonq Ier. Bubastis était à mi-chemin de la route entre Memphis et Tanis, capitales de l'Egypte de la vingt et unième dynastie, et les ancêtres de Sheshonq ont forgé des liens familiaux avec les grands prêtres de Ptah à Memphis et la famille royale à Tanis. Ainsi, son oncle Osorkon (l'Ancien) régna brièvement comme cinquième roi ("Osochor", r. 990-984 bce) de la vingt et unième dynastie. Sheshonq devint le bras droit de Psousennes II, dont la fille, Maatkare B, épousa le fils aîné de Sheshonq, Osorkon (I). Quand Psousennes II mourut sans héritier, Sheshonq Ier prit le trône, commençant la vingt-deuxième dynastie (vers 945-725 avant J.-C.) ».


Cette encyclopédie nous en apprend beaucoup plus sur le personnage de Chachnaq, ses origines et comment il accéda au trône. Oxford reference confirme donc que le futur pharaon était déjà de famille princière, et était le bras droit de Psousenes II. Loin du « mercenaire » présenté par le Larousse. De plus, ce dernier est mort « sans héritier », laissant ainsi vacant le trône. Il n’est donc nullement question d’un quelconque coup d’état , mais d’accession légitime au pouvoir, du fait de la position de « bras droit » du pharaon, et de l’alliance familiale.


Un autre détail important que nous rapporte cette encyclopédie, l’oncle de Chachnaq, un certain Osokron l’Ancien, avait déjà accédé au trône d’Egypte et régna durant six ans. Voilà qui en ajoute à notre découverte de la liste des souverains amazighs ayant régné sur l’Egypte. Affaire certainement à suivre.

Enfin, terminons avec l’ »Ancient History Encyclopedia », qui nous révèle les bienfaits qu’apporta Chachnaq à l’Egypte : « La 22e dynastie était également libyenne, dont les rois régnaient désormais ouvertement sous des noms libyens. Elle a été fondée par Shoshenq Ier (943-922 av. J.-C.), qui a unifié l'Égypte et s'est lancée dans des campagnes militaires qui rappellent l'époque de l'empire égyptien ».


Nabil Z.

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