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Photo du rédacteurNabil Z.

Cyria, Princesse Berbère.

Au quatrième siècle, une princesse berbère commandant des troupes a donné du fil à retordre à un général romain, permettant ainsi à la Berbérie de mieux organiser la résistance face aux prétentions de Rome en Afrique du Nord.



Nubel, était un roi berbère réputé comme « le plus puissant des souverains de Maurétanie ». Il régnait sur l’actuelle Kabylie et sur le littoral de la Maurétanie Césarienne durant l’époque romaine au quatrième siècle. Pour Stéphane Gsell, le roi Nubel devait être chrétien, comme son père et il aurait exercé « un commandement dans l’armée romaine ». Nubel appartenait à la tribu des Jubales dans les Bibans près des portes de fer ». Il résidait cependant dans la région de l’actuelle ville Thenia près de Boumerdes. Il avait sept enfants : Firmus l’aîné, Gildon, Zamma (ou Salmaces), Mascizel, Dius, Mazuca, et au moins une fille, Cyria. Il aurait construit une importante église dans la région de Lapersouse-Tamentefoust.


Pétra, le domaine de Zamma, se trouvait à l’extrémité de la Kabylie, près de l’actuelle Sedouk. Ses ruines à Mlakou ont été découvertes par une équipe d’archéologues algérienne qui travaillent actuellement sur le site pour le sortir de l’oubli et la faire découvrir au public comme faisant partie du patrimoine de de ce pays. Le château de Nubel, dont Firmus devait hériter, n’était pas loin de la Mitidja et la propriété de Mazuca se trouvait à proximité de Césarée.


Cyria commandait des troupes et menait des expéditions militaires dans plusieurs régions, parfois appuyée par les troupes de ses frères. Ses incursions allaient de l’Ouarsenis jusque dans le Dahra, non loin de Miliana.


Cette puissante armée avait gagné le respect des romains et de beaucoup de chefs de tribus et de dynasties berbères qui étaient souvent recrutés comme officiers supérieurs dans les armées romaines ou pour occuper de hautes fonctions dans l’administration. Ce qui montre dès l’origine que ces chefs berbères étaient lettrés et instruits. Ce qui leur conférait aussi un rôle dans le développement du christianisme en Afrique du Nord. Cette situation gênait quelque peu les romains qui ont essayé, après la mort de Nubel de déroger aux règles de succession, surtout dans le soucis de continuer à lever des impôts sur le dos des tribus et affirmer leur domination dans la région. Ce qui a poussé Firmus à rétablir l’ordre des choses dans le sang. C’est ce qui provoquera ce qui sera connu dans l’Histoire sous le nom de « la révolte de Firmus ».


C’est à l’occasion de cette révolte que la personnalité de Cyria fut affirmée. La résistance qu’elle a organisée et les combat qu’elle a menés n’ont pas échappé à l’historien Ammien Marcellin qui la considérait comme dangereuse justement à cause du fait que c’était une femme et qu’elle voulait s’affirmer parmi les hommes. Elle avait réussit également à convaincre les différentes tribus de contribuer à l’effort de guerre de son frère Firmus, et avait collecté de fortes sommes auxquelles elle avait ajouté les butins de guerre qu’elle amassait durant ses campagnes, offrant ainsi aux troupes de son frère les moyens de tenir face à la puissance romaine.


Cyria a aussi donné du fil à retord au général romain qui venait guerroyer en Afrique du Nord, et fut mit à mal par les troupes commandées par la princesse berbère dans la région de Césarée, l’actuelle Cherchell. Seuls des trahisons lui pont permis d’en réchapper.

L’histoire de Cyria n’est finalement pas un cas rare en Tamazgha. Depuis les temps les plus reculés, jusqu’aux temps modernes, les femmes berbères se sont toujours distinguées comme capables de mener des hommes, des troupes et même le pays tout entier. Parmi ces femmes les plus célèbres, rappelons Myrine la reine mythique de l’antiquité dont nous avons déjà parlé dans ces colonnes, la fille de Massinissa qui dit-on, exerçait la fonction de général dans l’armée, Dyhia-Kahina, la reine des Aurès, Tin Hinane, Fatma N’Soumer et bien d’autres encore.


En terre amazighe, il ne semble donc pas y avoir d’obstacle aux femmes qui montrent du courage et des capacités pour exercer les plus hautes fonctions. Souvent agissant discrètement derrière le rideau, comme ce fut le cas de la mère de Massinissa, celle de Saint Augustin, l’épouse de Juba II, elles arrivent aussi à occuper le devant de la scène comme ce fut le cas pour Cyria et la Kahina.


Aujourd’hui, qui que la société maghrébine n’a pas encore permis aux femmes d’occuper la fonction suprême, il faut quand même noter que plusieurs d’entre elles occupent des fonctions plus qu’honorifiques, puisque certaines sont ministres, ambassadeurs, chefs d’entreprises, et même Générale dans l’armée. Le point qu’il faut regarder de près, c’est qu’actuellement dans les universités, le nombre de filles dépasse largement celui des garçons. Ce qui nous donnera dans les prochaines années plus de femmes exerçant des responsabilités administratives et économiques, et permettra peut-être de voir un jour l’une d’entre elles à accéder à la fonction suprême.


Si Cyria a pu occuper les fonctions qui étaient les siennes, ce n’était certainement pas du à un coup de pousse de la part de ses frères. La situation était suffisamment grave pour ne pas se permettre de mettre des troupes en guerre contre Rome sous le commandement d’une femme parachutée à cause de son ascendance royale. Non, la princesse Cyria a occupé ces fonctions à cause de ses compétences propres, et le résultat de ses actions montre qu’elle jouissait du respect de ses pairs, puisque jamais son rôle n’a été contesté par quiconque.


Nabil Z.

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