L’histoire de la région de Béni Djellil, sur les montagnes des Babors dans la wilaya de Béjaia reste encore peu claire. Entre les tenants d’origines de Rio de Oro (Sakia Al Hamra) et ceux qui prétendent que ses habitants seraient originaires de Michelt-Ain El Hammam, il y a a peut être une autre piste à explorer. Et elle remonterait à quelques 1300 avant Jésus-Christ.
L’histoire des peuples pourrait être retracée au travers de plusieurs éléments qui permettent de reconstruire les itinéraires que les groupes de populations ont suivis pour s’établir dans leurs nouveaux quartiers. Parmi ces éléments, il y a les noms. Patronymiques et toponymiques.
C’est ainsi qu’il faudrait peut être remonter à une histoire qui s’est déroulée il y a environs 3300 ans au Proche Orient. Les petits fils d’Abraham, Jacob et Esaü en sont les protagonistes. Jacob était casanier et Esaü grand chasseur. Ils sont jumeaux, mais Esaüe est l’aîné des deux frères.
De retour de chasse, ou il n’a rien pris, Esaü affamé, trouve son frère en train de préparer un potage de lentilles rouges. Il accepte de vendre son droit d’aînesse à son frère, si ce dernier consentait à lui donner ledit potage. Après la mort de leur père Isaac, Esaü est allé s’installer quelque part au pays de Moab dans l’actuelle Jordanie. Précisément aux environs d’une montagne appelée Galaad.
Tout comme la couleur de ces lentilles, le pays de Moab et presque l’ensemble de la Jordanie se caractérise par la couleur de sa terre, le rouge. On peut le vérifier par exemple en pensant au site historique de Petra.
Les habitants de Galaad vont se montrer tout au long de l’Histoire comme étant de grands voyageurs. Le nom en question veut dire Dur, Rugueux ou Rocheux. La racine de ce mot va être retrouvée dans le nom de plusieurs endroits, indiquant ainsi le déplacement de ces populations. C’est ainsi que juste à côté, on retrouve le Golan, puis la Galilée, dans le nord d’Israël. Galilée en arabe se dit Djalil. Le rapprochement avec Djellil n’est déjà pas loin. C’est aussi l’origine du prénom Djilali, le galiléen.
Un peu plus à l’ouest, on retrouve la Galatie en Grèce. Cette transhumance va continuer pour aller encore plus en profondeur vers l’ouest de l’Europe en passant par la Gaule Cisalpine en Italie (Gallia transpadana), puisqu’on va retrouver tour à tour, le pays des Wallons ou des Gallons en Belgique, celui de Galles en Grande Bretagne, celui de Gaule en France et enfin, la Galice en Espagne.
Ait Djellil est un nom qui rappelle cette transhumance des habitants de l’ancienne Galaad en Jordanie. Feraient-ils partie de ces populations qui ont été chassées par les espagnols en 1492 par Isabelle la Catholique et son mari ? Auraient-ils été pris pour des maures ou des juifs ? Si c’est le cas, cela pourrait expliquer leur présence en Afrique du Nord.
Selon l’encyclopédie en ligne Wikipedia, « Le site de Beni Djellil est occupé depuis fort longtemps comme en témoignent les vestiges vraisemblablement romains mis en évidence à Achreqraq. Il est encore possible aujourd'hui de relever sur place de nombreux vestiges antiques (belles pierres taillées, tuiles, voire ustensiles ou pièces de monnaie. D'autres endroits qui témoignent de la présence Romaine dans la région est la construction d'un autre aqueduc long de 11 km qui prenait naissance à Aghbala et traversait toute la tribu des Sanhadja (Iznayens), en suivant un contrefort entre le Bou Soumeur à l'ouest et l'oued Amacin à l'est et qui dessert la ville antique de TIKLAT appelée aussi Tubusuctu ».
D’un autre côté, Ait Djellil se touve à proximité de Feraoun, non loin de Barbacha. Ce dernier nom Ibarbachen en tamazight, signifirait « les rouquins ». Ce qui pourrait confirmer le rapprochement entre le pays de Galaad, tout rouge, et les habitants de ces probables descendants arrivées jusqu’en Afrique du Nord en passant par l’Europe.
Ce qui est sûr, c’est que cette question mériterait d’être creusée, et les spécialistes pourraient approfondir cette question en suivant cette piste. Car toute la région des babors a servi durant des siècles de zone de repli et de refuge pour les tribus persécutées, venues de toutes parts d’Afrique du Nord, pour fuir les invasions, et même de l’Europe, puisque une des tribus vandales, venue d’Allemagne, s’y trouve encore aujourd’hui, même de façon réduite. Son village s’appelle Iwandajen.
Il n’est pas non plus exclu que cette région porte ce nom en référence à un saint, un marabout ou un quelconque héros portant le nom de Djilali. C’est à vérifier.
Nabil Z.
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