Il est étonnant que jusqu’à présent sur la toile algérienne, on ignore qui fait les appels, qui suggère des actions à mener et pour quels autres objectifs que celui du départ du Système. Il y a bien des gens derrière ces appels, et il n’est pas évident de les identifier.
Lors de l’épisode de ce qu’on a appelé faussement « le Printemps Arabe », des soldats de l’ombre ont été recrutés aussi bien en Tunisie, en Syrie ou en Egypte, pour actionner le mouvement populaire et surtout, pour le manipuler. Et on en connaît les conséquences.
En Egypte, on a fait appel au directeur Marketing de Google dans le Golf, un certain informaticien égyptien de trente ans, du nom de Wael Ghonim. Après avoir constaté un abus de la part de la police qui avait tabassé à mort un blogueur du nom de Khaled Saïd, il a créé une page Facebook qui a été largement diffusée sur les réseaux sociaux « Nous sommes tous Khaled Saïd ». Cette page a servi comme QG de toutes les actions qui ont été menées en Egypte durant cette période. Des dizaines d’autres pages ont suivi et ont été utilisées pour distiller des informations, répandre des rumeurs, et orienter le cours des événements.
Georges Washington disait : ce sont des hommes intelligents qui provoquent la guerre ; ce sont des hommes stupides qui la mènent, et ce sont des malins qui en profitent.
Est-ce que Wael Ghonim avait fait le travail sincèrement et sans arrières pensées ? C’est possible. Mais toujours est-il, et après des centaines de morts et une révolution ratée, il a eu des remords, et s’est en quelque sorte confessé sur sa page Facebook. Il dit « J’ai fini par comprendre que la lutte à laquelle je participais était à somme nulle et que, sous couvert de lutte pour la démocratie, elle opposait deux camps qui voulaient simplement accaparer le pouvoir ».
Cet aveu est terrible, dans le sens ou il avoue à mots à peine couverts qu’il s’est laissé manipuler. Son désir sincère de « la roue de l’Histoire ne [pourrait] pas revenir en arrière » comme il l’a avoué à Courrier International, a été exploité par des forces qu’il ne nomme pas, pour atteindre des objectif non avoués.
Aujourd’hui sur la toile algérienne, il existe une pléthore de pages Facebook ou de chaines Youtube qui couvrent les événements, commentent les actions et font des appels plus ou moins directs pour inciter les algériens à plus d’actions. Certaines appellent à la désobéissance civile, d’autres à brûler les drapeaux des pays étrangers. Mais les plus dangereux sont ceux qui attisent la haine et les divisions, gênés de voir l’unité de ce peuple et son action pacifique. Ils veulent mettre les algériens dans une position de face à face, alors que jusqu’à présent, ils marchent côte à côte. Plusieurs pages et sites sont directement financés par des courants antagonistes pour diverses raisons. Qu’ils soient français, turcs, qataris, ou locaux, chaque groupe tire les ficelles comme il peut pour atteindre des objectifs inavoués. Pour ce faire, ces spécialistes de la « com » utilisent plusieurs subterfuges, dont justement, des algériens sincères qui ne savent pas qu’ils sont en train de se faire manipuler, et utilisés exactement pour atteindre l’objectif inverse de celui qu’ils recherchent. D’autres se voient caresser dans le sens du poli pour endormir leur vigilance et recevoir un couteau dans le dos.
La division du pays n’arrange personne en réalité, de peur de ne pas pouvoir en mesurer les conséquences. Par contre, son affaiblissement est hautement souhaité pour lui donner une orientation qui arrangerait tel ou tel clan. Il y a un réel risque de voir ce soulèvement avorté et le cours du fleuve encore une fois détourné.
Le seul moyen de résister à ces tentatives de déstabilisation et de récupération est de faire en sorte que les gens en soient conscients. Et c’est justement le travail que sont en train de faire quelques journalistes et blogueurs qui ont compris les enjeux et qui distinguent plus ou moins les jeux des groupes occultes.
Il faut reconnaître que de l’actuel soulèvement en Algérie, il n’est sorti aucun nom de leader. Les algériens sont restés fidèles au slogan de la Guerre de Libération : « Un seul héros, le peuple ». C’est ce que pense l’écrasante majorité des manifestants. Mais pas tous, car on a bien vu des hommes politiques essayer de récupérer le mouvement, et le FLN, le RND et d’autres partis politiques opérer un retournement de veste écœurant.
Plus que jamais, la vigilance doit être de rigueur, car si le caractère pacifique du mouvement suscite l’admiration du monde, il existe des gens tapis dans l’ombre qui en sont vraiment gênés et qui ne reculeront devant rien pour essayer de le détruire et le récupérer à leur service. Il ne faudrait pas que tout ce mouvement n’aboutisse qu’au retour du même système mais sous une autre forme pour nous donner l’illusion du changement.
Nabil Z.
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