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Photo du rédacteurNabil Z.

Décès d’Assia Djebar

Encore une fois, l’Algérie officielle renie une de ses enfants

L’Algérie souffre d’un complexe inexplicable. Celui de renier ses enfants. Ceux issus de son sol, produit de son peuple. Il y a comme une gêne de reconnaitre que cette terre ait pu donner des enfants brillants dont on pourrait être fiers. Des enfants géniaux, illustres, inégalables.

Alors que notre pays vient de perdre l’une de ses meilleures enfants, le gouvernement algérien se terre dans un silence coupable. Pas un mot, pas un communiqué pour rendre hommage à Assia Djebar. Le président depuis longtemps aphone, aurait quand même pu rendre public un communiqué ou il aurait rendu hommage à celle qui portait les couleurs de son peuple ans le monde entier, au travers de ses écrits et de ses réalisations documentaires. Mais rien. Pas de communiqué de la présidence algérienne. Le premier ministre, doté d’un sens de l’humour fin et aiguisé s’est abstenu de parler, évitant de prendre le risque d’offenser.


Mais il aurait au moins pu présenter ses condoléances au peuple qu’il gouverne, qui a perdu une des siennes. Mais point de condoléances du premier ministre. La ministre de la culture, dont dépend théoriquement le livre et la littérature, domaine de prédilection d’Assia Djabar, et le ministère de l’Enseignement Supérieur qui a enregistré la mort d’une de nos valeureuses enseignantes universitaires exerçant outre Atlantique, n’ont pas jugé nécessaire de compatir à la peine de leurs compatriotes, que personne d’ailleurs, dans les pouvoirs publics n’avait pris la peine de médiatiser. Non, personne dans le monde officiel. Ah, bien sûr, il y eut la réaction du ministre de la communication. C’est vrai. Mais s’était-il exprimé en homme politique, ou en confrère d’Assia ? A bien lire sa déclaration, il semblerait bien que Hamid Grine se soit prononcé en tant qu’écrivain, plutôt qu’en tant que membre du gouvernement.

Cela ne rappelle-t-il pas les années ou Assia Djebar fut proposée au prix Nobel de Littérature. Elle l’avait raté de peu, au profit d’ElFried Jélinek, la poétesse autrichienne, faute de soutien de son gouvernement et de l’absence de lobbying. Cette dernière avait été soutenue par les siens, peuple, classe intellectuelle et gouvernement. A l’époque, on avait attendu en vain un communiqué officiel du gouvernement algérien apportant son soutien à l’une de nos sœurs sur le chemin de la gloire. Mais rien n’y fut.

Dans la même période, Mohamed Bedjaoui, notre ancien ministre des affaires étrangères avait été candidat au poste de Directeur Général de l’Unesco. L’Algérie avait préféré soutenir la candidature égyptienne au détriment de celle de l’un des siens. L’Algérie se renie et renie ceux qui font pourtant sa gloire… Connait-on dans ce pays une école, une académie ou un centre culturel du nom d’Apulée de Madaure, ce fils de Mdaourech, près de Guelma qui a inventé le roman. Y a-t-il une université, un institut, une institution, une place publique du nom de Saint Augustin ? Ce fils de Souk Ahras n’a été rien d’autre que le Maitre de l’Occident, le fondateur de la civilisation occidentale, et le plus grand philosophe et théologien de l’histoire humaine. Ne cherchez pas, ce serait peine perdue. Pas de palais officiel, pas de place publique, du nom de Juba II, le plus savant des rois, dont la capitale fut Césarée, l’actuelle Cherchell. A Béjaia, la ville qui a vu naitre la bougie et à qui on dénie le droit de porter le nom de Bougie, on refuse toujours de baptiser la Maison de la Culture de la ville du nom de Taos Amrouche. Une géniale femme de lettres et de culture, enfant de la région.

Combien d’exemples pourrait-on encore donner, pour rappeler que nos officiels n’en ont cure de leurs enfants à qui ils ne rendent aucun hommage et à qui ils ne reconnaissent aucun talent. Etait-il concevable que ce soit le président français qui rende hommage à notre Assia nationale et non pas celui de l’Algérie ? Assia Djebar, de son vrai nom, Fatma-Zohra Imalayen, fille du Chenoua dans la région de Tipaza, femme, intellectuelle, écrivaine, enseignante et documentariste, berbère, combattante et militante des droits des femmes…Elle avait tout pour déplaire à nos gouvernants qui lui témoignent ainsi un mépris sidérant. Malheureusement, d’autres exemples existent et ils sont nombreux. Si quelqu’un en doute, il n’aura qu’à interroger Mohamed Arkoun… N. Z

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