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Photo du rédacteurNabil Z.

Entretien avec Nabil Ziani, auteur de "Les Berbères dans la Bible"



Vous avez publié, dernièrement, un livre intitulé "Les Berbères dans la Bible". La Bible raconte-t-elle l’histoire des Amazighs ?

Oui, la Bible parle bel et bien des Berbères. C’est ce que mes recherches prouvent dans ce livre. Depuis les temps les plus anciens, et en remontant aux sources des premiers peuples dont Noé a été l’ancêtre, il est possible de suivre la liste des descendants de ce patriarche pour y découvrir le devenir de chaque nation ayant peuplé la planète. C’est aussi le cas du peuple berbère.

Dans mon livre, je me suis mis à la recherche du premier de tous les Berbères, l’ancêtre de tous les amazighs. Puis, petit à petit, et en parcourant les textes de la Bible depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, j’ai reconstitué l’histoire des berbères au fur et à mesure de leur apparition dans les textes de l’Ancien, puis du Nouveau Testament. On y trouve ainsi une trace aux côté de Moïse en Egypte, à la droite de Josué dans le pays de Canaan, puis dans des textes historiques comme celui relatif à Chachnaq mentionné sept fois dans la Bible.

Dans le Nouveau Testament, on est frappés par le fait que les Evangiles rapportent que la personne qui a aidé Jésus à porter sa croix fut un berbère du nom de Simon de Cyrène. Puis, on y trouve de nombreuses références à des Docteurs et de Prophètes berbères dans le livre des Actes des Apôtres et dans le reste du Nouveau Testament. Plusieurs prophètes ont parlé des berbères, à l’instar d’Ezéchiel, de Jérémie, d’Esaïe, etc.


Qu’ont-ils rapporté à propos des Berbères ?

Ils ont, par exemple, annoncé des prophéties relatives aux berbères dans la Fin des Temps. Il existe en effet des textes qui les décrivent et qui annoncent leur avenir. Ils sont décrits comme braves, courageux, intelligents, mais aussi prompts à se battre et à faire la guerre. C’est ainsi qu’ils sont cités dans les prophéties annonçant les guerres de Gog et Magog, ainsi que celle d’Armageddon. Mon livre démontre clairement que la Bible rapporte des textes relatifs à la fois aux origines des berbères et à leur avenir. La Bible devient donc un document à examiner, étudier et décortiquer, puisqu’il s’y trouve racontée l’histoire de notre peuple et nous livre des informations d’une extrême importance quant à son avenir. Mes recherches sur l’histoire des berbères dans la Bible, comme document historique, m’ont permis de découvrir une source de révélations importantes qui n’ont jamais été, ou si peu, utilisées par les historiens.


Justement, qu’avez-vous découvert dans la Bible sur les Berbères ?

Les berbères ont joué un important rôle dans le développement de la civilisation humaine. Ils sont intervenus dans le cours des événements historiques, sans que personne ne leur en rende hommage, ni même le reconnaître. Auprès de Moïse et de Josué, auprès des pharaons et des rois, auprès des empereurs et des chefs militaires, en s’imposant dans les domaines de la théologie, de la philosophie, des arts et des lettres, des sciences et des techniques. La Bible nous en révèle une partie, mais de façon codée, afin que ça ne soit révélé qu’au temps opportun. Et ce temps est arrivé, puisque ces informations arrivent enfin au public qui les découvrira avec intérêt.

Combien savent qu’il y avait des berbères aux côtés des hébreux qui quittaient l’Egypte sous la houlette de Moïse ? Combien savent que le fils d’Aaron frère de Moïse a épousé une berbère ? Qui sait que Josué avait parmi ses conseillers un prêtre de mère berbère ? On sait aujourd’hui que Chachnaq est raconté dans la Bible.

En parcourant le texte biblique, on découvre qu’il y est question des berbères, mais en les nommant différemment : Pouth, Libye, Cyrène, etc. Les mots « Berbère », « Amazigh », « Numide » ou « Afrique » n’y figurent pas, pour la simple raison qu’ils n’existaient pas encore.

Maurétanie, pays des Maures, signifie en berbère littéralement le pays de Tanit, divinité reprise par les romains sous le nom de Vénus et les grecs sous celui d’Aphrodite. Hérodote signale seize tribus qui étaient en Libye dans l’antiquité. Elles ont été rejointes avec le temps par les grecs, les phéniciens, les romains, les vandales, les byzantins, les arabes… Ce qui a provoqué le changement de leur image extérieure, au point d’être complètement oubliés de l’Histoire, puis assimilés aux arabes depuis leur islamisation. Il y a également plusieurs migrations juives en Afrique du Nord. Tellement nombreuses qu’une communauté judéo-berbère s’y est constituée depuis le huitième siècle avant notre ère.


Vous avez dit que les berbères ont joué un rôle important dans le développement de la civilisation humaine. Qu’ont concrètement donné à l’humanité ?

Il faut noter que plusieurs Pères de l’Église étaient berbères. Tous les grands réformateurs protestants se sont abreuvés aux sources amazighes comme celles de Saint Augustin, Cyprien et Tertullien. Martin Luther le Père du Protestantisme, Jean Calvin le Père de la Réformation, Henri Newman, fondateur de l’anglicanisme, se sont inspirés des œuvres littéraires de ces Pères de l’Eglise d’origine amazighe. C’est un pape berbère qui a latinisé l’Église Catholique. Saint Gélase (Ghilas en berbère) était également l’instituteur de la Saint Valentin. Le premier Evangile a été rédigé par un berbère, et la première traduction latine de la Bible a été faite en Afrique du Nord, bien avant la version connue de Saint Jérôme. Les berbères ont donc donné à l’humanité tout entière beaucoup de lumières, comme l’invention de la bougie dans l’actuelle ville de Béjaia, en Algérie. C’est en effet le nom berbère de la ville qui, une fois translittéré en arabe puis en espagnol qui donnera le nom français « bougie ». C’est aux environs de Guelma-Calama que le roman, en tant que genre littéraire, a été inventé par Apulée de Madaure. Et c’est Augustin de Taghaste qui va inventer l’autobiographie avec ses célèbres « Confessions ». L’historien français Henri-Irénée Marou affirme que c’est « Le christianisme africain qui a été l'agent fécond et efficace, d'un transfert de culture du sud au nord, d'Afrique en Europe ». Il parlait du christianisme de l’Afrique du Nord, bien évidemment. Il ajoute : « Je crois que vous devriez, vous Maghrébins être assez fiers de cela, d'avoir offert à l'Europe ces maîtres qui l'ont formée ». Et de conclure « la chrétienté latine tout entière, l'Europe occidentale tout entière a été de la sorte fécondée, éduquée, cultivée par vos ancêtres selon la chair, sinon l'esprit, vos pères ». Un autre historien, Etienne Gilson déclarait « Il suffit de comparer ce que fut le peuple berbère et, généralement parlant, les peuples habitant l'Afrique du Nord, avant leur conquête par l'Islam et ce qu'ils sont devenus depuis. Presque tous les Pères latins sont des Africains : Tertullien de Carthage, le Numide Arnobe de Sicca et son élève Lactance, saint Cyprien de Carthage, Victorinus l'Africain, le Berbère saint Augustin, bref toute cette glorieuse tête de colonne de la patristique latine. Que de dons splendides de l'Afrique à l'Église de Rome pendant que celle-ci n'avait encore à mettre en balance que saint Ambroise et saint Jérôme ! ».


Quel est l’intérêt de ton livre pour les lecteurs ?

Ce livre apportera aux lecteurs, notamment les Amazighs, un éclairage nouveau et édifiant sur l’histoire des berbères. C’est la première fois qu’est utilisée la Bible, cette précieuse source qui est généralement négligée par les historiens, pour remonter aux origines des berbères. Aujourd’hui, qu’ils soient musulmans, juifs ou chrétiens, quel que soit leur langue d’expression, les berbères découvriront une partie jamais jusque-là révélée de leur histoire. Une partie du mystère sur leur origine est dévoilée dans mon livre, d’autant plus que pour la première fois qu’est dévoilé le nom du premier des berbères, dont les descendants occupent encore cet immense territoire qui s’étend de l’ouest du Nil jusqu’aux Iles Canaries, de la Méditerranée jusqu’aux confins de l’Afrique Sub-Saharienne.


Propos recueillis par Isaac S.

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