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Photo du rédacteurNabil Z.

Erdogan et la Palestine : Un Peu d’Histoire.

Depuis l’annonce faite par Donald Trump de reconnaitre Jérusalem comme Capitale de l’Etat d’Israël, et le transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv vers cette capitale, il y a eu beaucoup de réactions dans le monde. Celle du président turc, Recep Tayyip Erdogan n’est pas passée inaperçue.



Le chef de l’Etat turc, dans un violent discours a directement accusé Israël d’un un Etat « Tueur d’enfants ». Il lui reproche son usage immodéré de la violence contre « une population civile désarmée ». Ce n’est pas la première fois que le président turc use de ce genre de langage. Il affirme être le défenseur numéro un des palestiniens, et promet de leur venir en aide à chaque fois que nécessaire. Erdogan qui est issu de la mouvance islamiste turque, n’hésite pas à utiliser le langage religieux pour justifier ses prises de positions.

Au-delà de la réponse que lui a apporté Beyamin Natanyahou, qui lui a répliqué que Erdogan bombarde sans cesse le peuple Kurde en tuant sans discrimination femmes et enfants, il est nécessaire de jeter un œil sur l’histoire de la Palestine, et particulièrement sa relation avec la Turquie.


Aux origines, Israël et Gaza

Le territoire actuel d’Israël/Palestine a été problématique depuis le début. Gaza est cité dès les premiers chapitres de la Bible qui sert de référence historique dans ce domaine. Les philistins qui y habitaient ont toujours été en guerre avec le peuple hébreu, jusqu’à ce que des puissances étrangères viennent les réduire au silence : grecs, romains, égyptiens, babyloniens, perses, etc… On oublie souvent de dire que le pharaon berbère Chachnaq, cité dans la Bible, n’avait pas seulement pris le contrôle de Jérusalem, mais de tout le proche et moyen orients, Gaza compris.


Au temps de Jésus, toute la région était sous contrôle romain. En l’an soixante-dix, après une longue guerre, l’empereur romain Titus a détruit la ville de Jérusalem et a mis le feu au Temple, le réduisant ainsi en cendres. Seul le mur occidental, plus connu sous le nom de « Mur des Lamentations » en subsiste. Pour éviter que les juifs ne reconstruisent leur pays, Titus les a forcés à l’exil, et ils se sont dispersés dans le monde. Depuis, et à chacune de leurs fêtes, ils lèvent un verre en se promettant que le suivant serait bu « l’an prochain à Jérusalem ».


De son côté, Rome a décidé de renommer les territoires de Judée et d’Israël en « Palestina Capitolina ». C’est de là que vient le nom de Palestine, tel qu’on le connaît aujourd’hui. Après cela, toute cette terre est entrée dans l’anonymat, et presque plus personne n’en a parlé. Cette terre était devenue tellement « maudite » que personne ne voulait plus y vivre, à l’exception de quelques bédoins arabes et de religieux juifs attachés à cette terre. Même le Coran ne cite jamais le nom de Jérusalem. Ce n’est qu’après la conquête de ce territoire par les arabes, en route vers la Syrie qu’un certain intérêt a repris pour cette ville, notamment après que le Khalif Omar ait prié sur l’actuelle esplanade des mosquées. A cette époque, il n’était question ni de Palestine de de Gaza.


A ce moment-là, les royaumes chrétiens d’Europe se sont souvenus que Jérusalem était la ville des prophètes. Et ce fut l’épisode des croisades qui a débuté, et les incessantes guerres qui ont causé tellement de dégâts et de pertes en vies humaines de part et d’autre.

Les ottomans en Palestine

L’arrivée de l’empire ottoman va aggraver la situation en prenant sous son contrôle l’ensemble des territoires de la région. Et pendant plusieurs siècles, Jérusalem était presque tombée dans l’oubli. L’écrivain américain Mark Twain, après avoir visité la « Terre Sainte » au 19eme siècle, s’attendant à y découvrir une terre bénie, en a fait un rapport accablant : une terre désertique, une au rare, pas d’habitants, pas de population, pas de villes ni d’infrastructures, rien n’y pousse, pas de végétation, … Un véritable choc pour ses lecteurs. Plus personne n’y croyait plus, et à nouveau ce territoire est tombé dans l’oubli.

Il faut signaler que les ottomans n’ont quasiment rien investi dans ce territoire, en dehors de la construction de quelques édifices militaires pour contrôler les routes. Pour le reste, on peut comparer leur présence comme en Algérie, ou rien, à part des palais des Deys et des beys, ainsi que des prisons pour y mettre les opposants à leurs intérêts.


A la fin de la première guerre mondiale, il y a eu l’effondrement de plusieurs empires : le russe, l’austro-hongrois, le prussien, et l’ottoman. Le général Allemby, commandant des forces britanniques a pris possession de tout ce qui était Syrie-Liban et Palestine, et le territoire a été divisé pour le mettre sous commandement anglo-français. En 1917, c'est-à-dire il y a de cela un siècle, le ministre britannique des Affaires étrangères, voulant se débrrasser de la communauté juive de son pays, et désireux répondre à la demande des communautés juives des pays de l’est persécutées, a fait une déclaration dans laquelle il promettait de redonner laPalestine aux juifs. Depuis, des juifs du monde entier se sont rués vers « la terre des ancêtres ».


L’Etat d’Israël

Au milieu des années quarante, et après l’épisode de la Shoah, Il y eut plusieurs guerres entre, non pas les palestiniens et les juifs, mais entre les Etats arabes de la région et les juifs. La Jordanie, la Syrie et l’Egypte, entre autres, s’opposaient de toutes leurs forces à la création de l’Etat d’Israël… Sans toutefois proposer eux-mêmes, la création d’un Etat palestinien. Même la Turquie n’en parlait pas.


En 1948 fut proclamé l’Etat d’Israël, après la défaite des armées arabes, et après la Guerre des Six jours en 1967, Israël a récupéré Jérusalem. Il y a donc cinquante ans, exactement. C’est à partir de ce moment qu’on a entendu des politiques parler de l’éventualité de la création d’un Etat palestinien, et l’OLP est née. Les soviétiques étaient parmi les promoteurs de cette idée, non pas par amour pour le peuple palestinien, mais pour contrer l’influence américaine dans la région. Il faut se rappeler qu’on était en pleine guerre froide.

La Turquie a mis du temps avant d’endosser cette idée et de la soutenir. Elle considérait encore, malgré l’effondrement de son empire, que la terre de Palestine était turque. Faut-il rappeler que cette même Turquie avait refusé de reconnaître l’indépendance de l’Algérie, réclamant de la France sa restitution pure et simple.


Rêve hégémonique

La Turquie n’a pas abandonné son rêve d’hégémonie territoriale sur l’ensemble du bassin méditerranéen, notamment son côté sud, l’Afrique du Nord. Les différentes prises de positions turques sur la Palestine, ne concernent pas une quelconque défense du peuple palestinien, malgré les apparences et le discours politique. Elles cachent plutôt la volonté de récupérer ces territoires en sa faveur, d’une façon ou d’une autre. Comment expliquer alors, que malgré les escarmouches verbales avec Israël, la Turquie conserve de fortes relations commerciales avec l’Etat Hébreu. D’ailleurs, notent les observateurs, ces relations vont en s’améliorant et en se développant d’année en année.


Le va-t-en guerre verbal d’Erdogan montre en tout cas, que le président turque compte jouer personnellement un rôle dans le dossier palestinien, espérant en tirer un maximum de dividendes. Les gesticulations de ce chef d’Etat ne sont nullement inspirées par un quelconque amour pour les palestiniens, mais par des intérêts géopolitiques hautement supérieurs à ce que des gens comme Mahmoud Abbas peuvent imaginer.


Nabil Z.


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