Ces dernières années, plusieurs études génétiques ont été menées dans le monde, afin de connaître l’origine des peuples et ethnies qui vivent dans différents endroits de la planète. Parmi elles, plusieurs concernent les berbères.
Ces études présentent plusieurs avantages, dont le premier est certainement de permettre aux individus de connaître leurs racines. Et la surprise réside dans le fait qu’il n’existe presque plus de peuple à la race pure. Tous les peuples de la terre ont connu, à différentes périodes de leur histoire, des mélanges et brassages avec d’autres peuples et ethnies. Ainsi, un italien pourrait très bien avoir dans son sang des gènes grecs, turcs, berbères, juifs ou arabes. Les brésiliens, outre les gènes autochtones, possèdent également ceux des espagnols, portugais, berbères et autres.
Mais qu’e est-il des habitants de l’Afrique du Nord ? Que révèlent les études génétiques sur leurs origines ? Sont-ils bretons, espagnols, yéménites ou chaldéens ? Que disent nos gènes à propos de nos ancêtres ?
Depuis le développement de la nouvelle science appelée « Génétique des Peuples », plusieurs études ont été menées pour connaître les origines des nord-africains, appelés les berbères ou amazighs. Celle-ci s’appuie sur la division des gênes en groupes appelés les « Haplogroupes ». A chaque type de gène, un code qui l’identifie. Et celui attribué aux berbères est le E1b1b1b. Ainsi, grâce à l’identification des différents haplogroupes et leur comparaison entre les populations, on peut connaître, avec plus ou moins de certitude, les chemins migratoires empruntés par des peuples. Ce qui permet de situer les zones géographiques dans lesquelles ont vécu nos ancêtres. Le marqueur E1b1b1b se retrouve en moyenne chez 60% des habitants de l’Afrique du Nord actuellement, selon une étude américaine menée il y a quelques années. 20% de ces habitants portent le marqueur auquel appartiennent les arabes, le J1. Ce marqueur est présent chez 70% des habitants de la péninsule arabique. Mais il convient de nuancer. Dans le J1, on trouve également 20% de juifs, des turcs et des sud européens. Il convient donc, de nuancer la présence du J1 en Afrique du Nord. Les 20% restant sont partagés entre plusieurs ascendances, à cause des différentes vagues d’émigration connues dans l’histoire. Européens, perses, arméniens, sub-sahariens, … 60% des habitants du Nord de l’Egypte portent le gène berbère E1b1b1b.
Une autre étude, tout aussi récente, menée par l’Université Mohamed Ibn Saoud d’Arabie Saoudite, tentant de définir qui sont réellement les arabes à l’heure actuelle, a démontré que seuls 10% des habitants allant de l’Ethiopie au Maroc, sont ethniquement des arabes. Les marqueurs génétiques retrouvés dans les échantillons analysés, montrent que les populations qui résident en Afrique du Nord actuellement, ne sont « arabes » qu’à hauteur de 10% tout au plus. Ce qui est une preuve de plus de la non-arabité des habitants de Tamazgha.
Il a été même possible de découvrir qu’en moyenne, 5% des européens dits de « souche », sont en fait des berbères. L’université Sant Andrews en Ecosse, voulant connaître l’origine génétique des habitants de larégion, a pu même identifier une importante population d’origine Touareg, en Ecosse, Irlande et Pays de Galles.
Mais, au fur et à mesure du développement de la Génétique des Peuples, ces études se sont améliorées et affinées. Même les méthodes d’échantillonnages ont évolué, permettant d’obtenir des résultats de plus en plus fiables. Ainsi, une étude récente, a été menée sur un échantillon de mil cent personnes, sur les origines d’un certain nombre de peuples, dont celui de l’Afrique du Nord. Cette étude a inclus les populations du Moyen-Orient, de Turquie et d’Iran. Selon cette étude, les origines des habitants des régions citées ci-dessus sont très différentes. Autrement dit, il n’y a pas d’origine commune aux berbères, arabes, turcs et iraniens. Il s’agit d’ethnies totalement différentes.
Cependant, les mélanges d’origines sont nombreux et ils ont été confirmés. Ainsi, les 20% des turcs ont des gènes provenant de la péninsule arabique et 10% de la perse. Cependant, et c’est là que ça devient intéressant pour l’Afrique du Nord, moins de 0,2% des habitants de Tamazgha ont l’un des deux patrimoines génétiques, soit arabe, soit iranien.
Cela n’est guère étonnant. Car si on se réfère aux données historiques, rares ont été les peuples qui sont venus en Afrique du Nord pour y créer des souches et s’implanter dans le cadre d’un peuplement. En général, seule une minorité de familles accompagnaient les soldats envahisseurs. C’est le cas des romains, des byzantins, des turcs et des arabes. A l’arrivée de ces derniers, il n’y avait pas de familles venues s’implanter en Afrique du Nord, mais bien des soldats. Ceux des turcs qui ont voulu y faire souche ont produit une catégorie connue dans l’histoire sous le nom des Kouloughlis. Il s’agissait majoritairement d’enfants nés de pères Turcs et de mères berbères.
La région en Afrique du Nord ou le taux de personnes portant le gène arabe est le plus important est celle entourant Kairouan en Tunisie. C’est en effet dans cette région que s’étaient implantés les migrants arabes qui en avaient fait une capitale, ou une sorte de base servant à conquérir le reste des territoires de l’Ifriquia. Mais dans d’autres régions, comme sur les montages de l’Atlas, les Babors, le Djurdjura et les Aurès, le taux de présence de gènes étrangers est quasiment nul.
Il y a eu par la suite la colonie française de peuplement en Algérie, au 19eme siècle. Même s’il est vrai qu’une population de souche européenne est née en Afrique du Nord, la plupart de ses descendants ont quitté le territoire après les indépendances durant les années cinquante et soixante.
Il est étonnant que ces études n’aient pas fait la une des journaux en Afrique du Nord, alors que les populations sont confrontées au dilemme concernant leur identité et leur appartenance civilisationnelle. Combien d’études faudra-t-il encore mener pour convaincre les gens de leurs origines berbères ?
Nabil Z.
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