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Photo du rédacteurNabil Z.

Exposition de Calligraphie Berbère de Salima Ait Mohamed

La calligraphie berbère est un art relativement méconnu. Elle est née de la volonté d’un certain nombre d’artistes de faire connaître une écriture restée trop longtemps mystérieuse, y compris dans son propre pays.



Salima Aït Mohamed est née en 1969 en Haute Kabylie. Elle a été un moment connu pour son travail comme journaliste à Algérie Actualité, puis s’est exilée en France suite à l’assassinat de Tahar Djaout, un de ses plus proches amis. Elle est à l’heure actuelle, doctorante en Philosophie, journaliste, écrivain, poète, conférencière et calligraphe.

La thématique qui tient le plus à cœur cette infatigable militante est la liberté d'expression, ainsi que les droits universels, auxquels elle consacre beaucoup de travail. D’ailleurs, elle a participé dans une œuvre collective à la publication en 2017 d’un livre intitulé « comprendre la laïcité ». Elle est également auteur de plusieurs autres livres concernant la poésie, la cuisine, les contes et les mots.


Pour Salima Ait Mohamed, les mots et leur corolaire les signes de l’alphabet sont un moyen formidable de communication. Elle s’est donnée pour mission d’ « Écrire, dire, témoigner, dénoncer, alerter, révéler, dévoiler nos complexes et abusives réalités », comme elle le dit sur son blog. Ensuite, elle s’attelle à « composer, envisager, construire, élaborer et espérer, dans la lucidité et le courage, d’autres possibles ».Les spécialistes disent que « son écriture est traversée par les inquiétudes de sa culture d'origine, kabyle, quant à sa survivance et par l'actualité des cultures méditerranéennes anciennes, menacées de disparaître ». « C'est la première artiste à avoir produit de la calligraphie berbère. Avec les caractères du tifinagh, une des plus anciennes écritures de l'humanité ». C’est pourquoi, « elle tente de contribuer à la sauvegarde de ce patrimoine.

Depuis plusieurs jours, Salima Ait Mohamed expose ses œuvres à Aix-en Provence dans la galerie de l’Esdac. Depuis des années d’ailleurs, elle s’est attelée à faire connaitre cet alphabet et langue amazighs au travers d’expositions durant lesquelles elle suscite la curiosité du public qui avoue ne rein savoir sur cet aspect de la culture nord-africaine. Cette année, son exposition a démarré le 28 février et continuera jusqu’au 17 mars. Mais ces expositions ont démarré depuis longtemps. En 2012 à Cannes et à Aix-en Provence, en 2015, et encore cette année avec « Ancrages ».


Justement, les lettes qu’elle peint ne sont pas que l’expression artistique de son auteur. C’est la révélation de son ancrage dans la civilisation humaine dans laquelle elle inscrit ce patrimoine amazigh. « Mon but, dit-elle dans Nice-Matin, est de permettre aux gens et aux cultures de se rencontrer, de se connaître et de s’accepter ».Ses tableaux ne sont pas seulement la présentation d’un alphabet, mais la mise en scène d’une véritable danse des signes donnant vie à une écriture trop longtemps ignorée. Ses tableaux sont simples et sans fioritures. Ses toiles donnent toute la place à ses signes pour s’exprimer sans y ajouter des éléments qui pourraient entraver leur expression. Salima utilise une seule couleur par tableau dont le fonds a été délibérément laissé en blanc. Ainsi, le visiteur est confronté directement à la problématique abordée, à savoir l’existence d’une écriture plusieurs fois millénaire, dont le monde ne parle pas. Les gens se posent des questions sur ces signes formés de traits, de courbes et de points, ainsi que sur leur signification. D’où vient cette écriture ? A-t-elle un lien avec les autres alphabets plus connus ? Que signifie le mot « Tifinagh » ? Et pour quelle raison cette écriture n’a-t-elle jamais été mise en valeur ? Autant de questions que l’artiste philosophe entend de la bouche de ses visiteurs, et auxquels elle prend plaisir à répondre.


Salima Ait Mohamed est lauréate de deux prestigieux prix. Celui de la fondation Noureddine Abba, et le prix d’excellence pour la Nouvelle en Méditerranée.

Pour mieux la connaître, il serait judicieux de lire quelques uns de ses livres, comme « Alger, triste soir », qui est un recueil de poésie paru en 1996 ; « Écrits d'Algérie, anthologie de poètes algériens », paru lamême année ; « La cuisine égyptienne des pharaons à nos jours », paru l’année suivante ; réédité plusieurs fois depuis ; « Contes merveilleux de la Méditerranée », en 1998 ; « Contes magiques de Haute-Kabylie », en 1999, réédité en 2000 ; « Poésie grecque contemporaine, des iles et des muses », paru en 2000 ; « D'Alger et d'amour », poésie parue en 2001 ; 100 Mots pour se Comprendre, Contre le Racisme et l'Antisémitisme »,paru en 2014.


Comme on peut le voir, l’œuvre de Salima est assez variée, d’où sa richesse. A quand une exposition de ses œuvres en Algérie ?


Nabil Z.

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