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Femmes Rabbin, Pasteure et Imame

Dans le monde religieux, la femme a de la peine à se faire une place. Encore plus à y exercer une responsabilité. Delphine Horvilleur a brisé le tabou est s’est imposée comme rabbin, au grand dam des conservateurs et des extrémistes. Qu'en est-il chez les chrétiens et les musulmans?


Delphine Horvilleur est née en France, mais ses grands parents viennent de l’Europe Centrale ou ils ont connu les affres de la Shoah, échappant de peu à l’extermination nazie. Delphine vient au monde en 1974. Elle y vit et y grandit en jusqu’à la fin de son adolescence. Elle rêve de devenir médecin, et entame des études à l'Université hébraïque de Jérusalem, mais ne les termine pas. Elle se réoriente vers le journalisme, et entame une carrière dans plusieurs médias francophones. A France 2 elle travaille aux côtés de David Pujadas, avant de devenir correspondante à New York. 


Delphine profite de sa présence aux Etats-Unis pour entamer des études rabbiniques. Ce genre de formations d’ordinaire, ne sont ouvertes qu’aux hommes. Mais à New York, existe une pensée juive libérale qui fait de la place aux femmes et qui n’hésite pas à les ordonner comme rabbin. Et c’est en 2008 que Delphine Horvilleur est consacrée rabbin aux Etats-Unis. En France, c’est la réprobation totale, en particulier dans les milieux traditionnels ou on n’a jamais vu de femmes rabbin. Elle devient donc rabbin du Mouvement juif libéral de France.


Mais entre temps, les activités intellectuelles de Delphine sont intenses. Elle ne sait pas rester inactive, et s’engage dans la formation des enfants, dans la production audio-visuelle, continue ses activités de journaliste et devient rédactrice en chef de la revue trimestrielle d'art, de pensée et de créativité juive Tenou'a, qu’elle transforme pour en faire un magazine de référence de la pensée juive libérale en France, où se retrouvent diverses sensibilités religieuses autour de problématiques de société (féminisme, environnement, sexualité, politique migratoire, etc.).


Entre temps, Delphine Horvilleur publie plusieurs livres dont « En tenue d’Eve », « comment les rabbins font des enfants », et s’engage dans un dialogue intense avec l’islamologue Rachid Benzine. Ils publient ensemble en 2018, un livre intitulé « Des mille et une façon d’être juif ou musulman ». Enfin, au début de l’année en cours, elle publie son dernier livre consacré à l’antisémitisme.

Malgré le fait qu’on ne connait aucun exemple de femme rabbin dans la Bible, Delphine Horvilleur, qui est l’une des trois femmes rabbins en France, emmène la réflexion sur le rôle de la femme dans la société et dans la responsabilité religieuse. Elle donne des conférences, des interviews, et n’hésite pas à apparaître sur les plateaux de télévision pour défendre sa vision de la religion. Le mouvement orthodoxe juif, qui tient à sa lecture traditionnelle de la Torah, n’est pas prêt à la reconnaître dans ce nouveau rôle qu’elle s’est donnée. Mais le plus intéressant, c’est que grâce à cette audace, la place de la femme dans la responsabilité religieuse est en débat. Mais qu’en est-il dans les autres religions comme le christianisme et l’islam ?

Curée, Pasteure et Imame

Chez les catholiques, on ne connait pas de femmes dans la hiérarchie de l’Eglise. Il n’existe pas de femme curée, abbée, évêque, et encore moins de pape. Dans le mouvement protestant, les choses ont commencé à changer vers la fin du dix-huitième siècle quand les séminaires de formation protestante ont été ouverts aux femmes. Et dès le début du dix-neuvième siècle, on voit apparaître çà et là, des femmes pasteures. Marcelle Bard à Genève, et Madeleine Blocher-Saillens en France. Petit à petit, plusieurs églises de la mouvance protestante ont intégré des femmes dans le Ministère, de sorte que c’est devenu une banalité d’en parler aujourd’hui. Cependant, et dans d’autres branches du protestantisme, il existe une vraie résistance à l’ordination des femmes. Il existe même des femmes pasteures kabyles qui exercent en France, à l’exemple de Corrine Akli, Pasteure à Paris depuis les années quatre-vingt.

Dans l’Islam, l’existence de femmes imames est considéré comme une hérésie absolue. Les tenants de la Fatwa ne veulent même pas y penser, et les portes des mosquées sont fermées aux femmes qui voudraient prétendre à une telle responsabilité.

Pourtant, surtout depuis le début du vingt et unième siècle, on voit apparaître çà et là, des femmes imames qui dirigent des mosquées. Mais pas en terre d’islam. C’est ainsi qu’au Danemark, il existe une mosquée dirigée par une imame du nom de Sherin Khankan. En Allemagne, c’est une certaine Seyran Ates qui est première femme imame. Aux Etats-Unis, il existe aussi une mosquée dirigée par une femme imame, tandis qu’en France, on en est encore à la phase de réflexion, même si un nom est déjà avancé dans la presse, en la personne de Kahina Bahloul qui est considérée comme étant la personne la plus anvacée dans cette réflexion. 

Mais au-delà de la question du sexe des responsables religieux, la question qui se pose est dans leur rôle et dans leur apport à la pratique religieuse et son impact sur la société. Delphine Horvilleur contribue régulièrement aux débats sociétaux et religieux en France, et apporte des éléments de réflexion au travers de ses nombreuses interventions et publications. Elle ne se contente pas seulement de diriger l’office religieux du Shabbat dans la synagogue, ce qui la réduirait à un rôle plus liturgique que religieux. Madeleine Blocher-Saillence a publié de nombreux ouvrages et a montré son apport à la société française de son époque. Une de nos pasteures kabyles a publié un livre historique sur les « protestants en Algérie ». Livre que nous avions présenté dans ces mêmes colonnes. 

Mais concernant les femmes imames, force est de constater que pour le moment, leur audace et leur courage n’est pas soutenu par une activité intellectuelle remarquée. Elles posent surtout la problématique sous l’angle féministe, et non purement religieux. C’est plus un combat de principe qui vise à briser le monopole des hommes sur la conduite religieuse, et leur domination écrasante de la gente féminine. A l’avenir, ce débat risque de passer au-devant de la scène et de secouer les esprits.

Nabil Z.

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