Good Luck Algeria, le film de Farid Bentoumi, a été présenté au public avant-hier lundi en soirée à la cinémathèque de la ville.
En 2006, et contre toute attente, l’Algérie participait aux Jeux Olympiques d’hiver de Turin en Italie. Noureddine Maurice Bentoumi, un Franco-algérien, qualifie son pays d’origine, celui de son père, aux épreuves de ski de fond, et hisse l’Algérie au rang des pays olympiques même en hiver. L’histoire racontée par Farid Bentoumi, le frère du sportif, se déroule sur fond de crise économique. Alors qu’il est associé avec un ancien champion français de ski dans une entreprise de fabrication de skis de haute qualité l’entreprise Duval doit fermer, et il faut vite trouver une solution pour éviter le dépôt de bilan. Une idée est lancée. Il s’agira de faire en sorte que Noreddine Bentoumi, alias Samir Zitouni, participe aux JO d’hiver de Turin pour faire connaître la marque de ses skis et sauver l’entreprise. Un grand coup de marketing. Il participera donc au nom de l’Algérie. Ce qui enthousiasme le Comité International Olympique qui lui accorde une importante subvention qu’il devra récupérer en Algérie, au siège de la Fédération Algérienne des sports d’hiver.
Cette somme devrait lui servir à parfaire ses entraînements et préparer les conditions de sa participation aux épreuves qualificatives. Arrivé à Alger, la Fédération ne lui donne que le dixième de la somme promise. Une façon pour le réalisateur de dénoncer la corruption et les détournements de fonds pratiqués çà et là. Coincé par le chantage exercé sur lui par les responsables de la fédération algérienne, Zitouni est au bout du rouleau. Mais, alors que le sportif de plus de quarante ans s’apprêtait à abandonner, son père vend ses mille deux cents oliviers et partage le fruit de la vente entre Samir et sa sœur. Ce qui va lui sauver la mise et lui permettre de participer aux épreuves de qualifications pour les Jeux. La fierté de la famille et celle de tout un peuple sont au comble. Sami Bouadjila, qui a campé le rôle de Samir Zitouni, Franck Gastambide son associé Chiara Mastroiani qui a joué le rôle de son épouse et Chakor Djaltia son père et d’autres encore ont joué magnifiquement et réussi à restituer l’ambiance presque réelle de la situation. Les lieux de tournage, montagnes enneigées, oliveraies, Grenoble, Alger,… puis les images d’archives, ajoutés à la qualité de projection en DCP nouvellement installés à la cinémathèque de Béjaïa ont permis aux nombreux spectateurs d’apprécier le film à sa juste valeur. Ces derniers sont venus très nombreux. Si nombreux qu’il a fallu que beaucoup d’entre eux s’assoient à même le sol. L’ambiance à l’intérieur du cinéma rappelait les directs des matchs de l’équipe nationale de football, tant les spectateurs se sont laissé prendre au jeu des acteurs restituant le climat réel lors de rencontres sportives d’une certaine importance.
Le film a été longuement applaudi et le public n’a pas voulu quitter la salle à la fin, pour pouvoir écouter le réalisateur, Farid Bentoumi, présent sur place. Des échanges très agréables ont eu lieu, et le cinéaste a été surpris par le nombre de spectateurs qui se sont déplacés pour regarder son film. Bentoumi a expliqué entre autres, les conditions de tournage du film. Car en effet, c’est au moment du tournage du film qu’eut lieu l’assassinat de l’alpiniste randonneur français, Hervé Gourdel, en Haute Kabylie. Les conditions de sécurité n’étant plus réunies, lui semblait-il, l’équipe de tournage a préféré continuer au Maroc. Ce qui ne se remarque pas dans le film. Avant cette projection, Latifa Said était venue présenter son court-métrage intitulé L’Intranquillité des jours et des années. Une histoire qui se déroule dans les années de terreur qu’a connues l’Algérie. Fadila, une chanteuse de cabaret à Oran, se sent menacée et décide de se réfugier en France chez de la famille. Manque de pot, les gens chez qui elle devait se rendre sont absents. Commence alors la galère, avec de longs moments de silence et de solitude. D’autres belles surprises ont été préparées par les organisateurs pour les prochains jours. Rappelons qu’il y a trois séances par jour au niveau de la cinémathèque, à 14h30, à 17h et à 20h. Des rencontres et des ateliers sont également proposés au niveau du TRB, les matinées à partir de 10h. A signaler que la manifestation se poursuit jusqu’au vendredi prochain.
N. Si Yani
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