Un nouveau livre vient de sortir à propos d’Internet et comment les gouvernements contrôlent leurs populations. Il est signé Julian Assange, fondateur et président de Wikileaks qui a rencontré le patron de Google.
C’est une rencontre surprise qui a eu lieu entre Julian Assange et Eric Schmidt, président de Google entre 2001 et 2011, dans la résidence surveillée à l’époque du plus grand donneur d’alerte de ces derniers siècles.
Google contre Wikileaks -c’est le titre du livre- est la retranscription mot à mot de la rencontre entre les deux hommes. Il est paru aux éditions Ring en Mai 2018, et fait 263 pages. Il raconte l’échange qu’il y a eu entre les deux géants, chacun de son entreprise particulière, sur un ensemble de sujets. Il nous informe ainsi sur le fonctionnement d’Internet via Google et les autres navigateurs, et comment ces derniers sont en lien direct avec les structures du Gouvernement américain. Mais dans d’autres pays, ce schéma fonctionne à peu près de la même manière. Eric Schmidt ne s’attendait certainement pas à la sortie de ce livre. Savait-il que leur rencontre avait été enregistrée ? Et pourquoi Julian Assange a-t-il décidé de ne la rendre publique que maintenant, et sous forme de livre ?
Le fondateur de WikiLeaks vit depuis six ans enfermé dans l’ambassade de l’Équateur à Londres. Il avait publié plusieurs millions de documents confidentiels relatifs aux modes opératoires de l’armée américaine en Irak et a dénoncé les circuits de corruption des dictateurs africains ou de certaines compagnies russes offshore, avant d’être poursuivi, et abandonné par de nombreux gouvernements qui auraient pourtant pu le protéger. Wikileaks a également contribué à la chute de Hillary Clinton lors des élections présidentielles américaines de 2016, en publiant une partie de ses emails problématiques qu’elle avait affirmé avoir effacés.
Pour rappel, WikiLeaks a été fondée par Julian Assange en 2006 avec pour objectif de publier des documents en partie confidentiels ainsi que des analyses politiques et sociales à l’échelle mondiale. Il voulait donner une audience aux lanceurs d’alertes et aux fuites d’information, tout en protégeant ses sources. Plusieurs millions de documents relatifs à des scandales de corruption, d’espionnage et de violations de droits de l’Homme concernant des dizaines de pays à travers le monde ont ainsi été publiés sur son site internet depuis sa création.
C’est en Juillet 2010 que Julian Assange avait commencé à publier des milliers de câbles diplomatiques américains sensés rester confidentiels. Le 1er décembre de la même année, les géants américains, à la fois inquiets sur le sort de leurs propres secrets, et sous pression du Gouvernement américain ont décidé de lutter contre Wikileaks. Amazon supprime ce site de ses serveurs, et Bank of America, Visa, Mastercard et PayPal suppriment les comptes de Wikileaks.
Curieusement, juste après, la publication des premiers documents Assange a été accusé de viol par la justice suédoise et risquait d’être arrêté et extradé vers les USA. Plus tard, cette accusation fut abandonnée pour faute de preuves. L’Équateur lui accorde l’asile politique mais le Royaume-Uni ou il résidait l’a empêché de prendre l’avion et l’ a assigné à résidence avec bracelet électronique. En Juin 2012 Assange se réfugiera à l’ambassade d’Équateur à Londres où il se trouve encore aujourd’hui.
En recevant la visite surprise du patron de Google, aussi inhabituelle que suspecte, Assange prend la précaution d’enregistrer les conversations. Ils aborderont plusieurs sujets pendant trois heures: Printemps arabe, bitcoins, systèmes informatiques, problèmes politiques,… et le rôle de Google dans tout cela. En point de mire, le pouvoir et le contrôle de la Toile, la « colonisation digitale » de Google, ses relations avec le gouvernement américain et ses répercussions sur la vie privée, la surveillance de masse et la liberté d’expression.
Ce livre est donc, loin de toutes les théories de complot, un témoignage vivant d’un échange entre deux acteurs majeurs de la scène technologique et politique mondiale de ce début du 21eme siècle.
Nabil Z.
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