Hanouca, la fête de la Lumière et de la Dédicace
Il existe dans la Bible une fête considérée comme « Fête Juive », alors qu’elle concerne aussi chacun des croyants en Jésus-Christ. Elle a été racontée par un écrivains d’Afrique du Nord et a été mentionnée dans l’Evangile de Jean
Hanoucca est une fête juive d'institution rabbinique, commémorant la réinauguration de l'autel des offrandes dans le Second Temple de Jérusalem, lors de son retour au culte judaïque, après trois ans d'interruption et de fermeture par le roi séleucide Antiochos IV au IIᵉ siècle av. J.-C. (Wikipedia).
L’histoire de Hanouca nous a été racontée dans le livre apocryphe des Maccabées. Son auteur est un Juif d’Afrique du Nord, du nom de Jason de Cyrène.
Jason de Cyrène
Dans la Bible catholique1, en plus des soixante – six livres dits « canoniques », il existe une série d’autres livres dont la source est dite « incertaine »2. Ils ne font pas partie du corps de la Bible, mais les Catholiques et les Orthodoxes les ajoutent et les considèrent comme étant d’autorité secondaire. Appelés « Deutérocanoniques », ils sont aussi considérés comme apocryphes. Certains passages de ces mêmes livres nous révèlent qu’ils ne sont pas de source inspirée. Martin Luther, dans l’introduction d’un de ses cahiers, disait d’eux que c’étaient des « Apocryphes, livres qui ne doivent pas être estimés à l’égal de la Sainte Écriture, mais qui pourtant sont utiles et bons à lire »3.
Parmi ces livres, figurent ceux dits des Maccabées. Il y en a deux, et ils racontent une histoire de persécution des Juifs au temps d’Antiochus Epiphane IV. Celui-ci, voulait obliger les Juifs à s’helléniser et à adopter la culture grecque, tout en abandonnant le culte de l’Éternel. Il a interdit la célébration du Sabbat, la circoncision et la lecture de la Torah. Il a profané le Temple, installé des statues -dont celle de Zeus- dans son enceinte et immolé un porc, pour totalement profaner la foi juive et la désacraliser.
Mais la famille de Judas Macchabée, un prêtre Juif, réagit et organisa la résistance contre l’occupant Grec, qui mena les Juifs à la victoire. Une histoire est attachée à cet événement, suite à quoi fut instituée la fête d’Hanouca que les Juifs célèbrent chaque année depuis.
Celui qui rapporte cette histoire, l’auteur des livres portant le nom de « Livre des Maccabées » signale en fait qu’il ne faisait que résumer une série de cinq livres écrits par un certain « Jason de Cyrène »4. L’encyclopédie Wikipedia nous présente ce Jason de Cyrène de la façon suivante : « Il aurait vécu à Jérusalem au début de la révolte juive des Maccabées. De cette expérience, il a tiré un ouvrage en cinq livres sur la lutte de Juda Macchabée contre Antiochus IV Épiphane et son fils Antiochus V »5.
La Jewish Encyclopedia dit : « On ne sait rien de Jason au-delà des références à lui dans II Maccabées. Un Jason de Cyrène qui a inscrit son nom sur le temple de Thothmes III en Égypte (Sayce, "Revue des Études Grecques", vii. 297) pourrait être identique à l'objet de cet article. Dans ce cas, il doit avoir voyagé : il se peut donc qu'il se soit également rendu en Palestine et qu'il ait rassemblé ses documents sur place 6».
Jason a rédigé ses livres en grec pur. Ce qui explique pourquoi les livres des Maccabées l’étaient également. Ce n’était pas une traduction mais une rédaction faite directement en Grec. Jason, originaire de Cyrène (la ville, la région ou quelque part en Afrique du Nord) maîtrisait parfaitement la langue grecque. Il a peut-être été parmi les judéo-grecs de Cyrène, peut être également d’origine berbère. Il n’est pas interdit de le penser que c’est à cause des caractéristiques intellectuelles et spirituelle, ainsi que des compétences des Berbères en matière de maîtrise des langues étrangères. Tout comme Apulée et Saint-Augustin après lui. C’est en tous cas, grâce à un Nord-Africain que les Juifs ont connu cette histoire et célèbrent la fête d’Hanouca, celle de la Lumière. A cette occasion, ils allument un chandelier à neuf branches, la Hanoukiah.
Contrairement à la Ménorah qui contient sept branches, la Hanoukiah en contient neuf. Une porte la bougie appelée Lamech et sert à allumer tour à tour, les huit autres bougies, jour après jour. C’est une autre des curiosités de cette fête. Celle de la lumière, symboliquement représentée par des bougies. A l’époque des Maccabées, les bougies n’existaient pas. On utilisait plutôt des fioles d’huile. La bougie n’a été inventée que plusieurs siècles plus tard en Afrique du Nord, d’où le lien avec Jason de Cyrène, lui aussi natif d’Afrique du Nord, comme nous l’avons vu plus haut.
Histoire de la Bougie.
Durant des siècles, les hommes s’éclairaient à la lampe à huile dans les maisons et lieux clos. Il s’agit d’un récipient dans lequel on plonge une mèche qui brûle et qui produit de la lumière. L’inconvenient de cette technique, c’est que le récipient doit être en permanence réalimenté. La mèche charbonne et l’huile coule, salissant ainsi le lieu ou elle a été déposée.
La chandelle quant à elle est moins contraignante, mais éclaire moins bien et la mèche charbonne dégageant de la fumée et une odeur parfois désagréable.
La richesse de la végétation en Afrique du Nord, en particluier dans ce qu’on appelle la Petite Kabylie, a encouragé la production massive de cire d’abeille. Au quatorzième siècle, les habitants de la région introduisaient dans des morceaux de cire, une mèche de fil de soie qu’ils enroulaient pour obtenir un baton duquel sort un bout de fil. Une fois allumée, ma mèche éclaire sans dégager ni fumée ni odeur et a la particularité de durer longtemps, sans rien salir autour d’elle. Cet objet porte le nom de bougie, le nom de la ville dans laquelle elle a été inventée. Bougie est la transcription française du nom berbère de la ville, Bgayet. Ce nom, retranscrit en Arabe, donne Bidjaia. La lettre « g » n’étant pas prononcée en Arabe, elle devient « dj » et le « t » n’est tout simplement pas prononcé. A l’arrivée des Espagnols, Bidjaïa est devenu Bugia puis Bougie en Français. C’est donc tout naturellement que la bougie porte le nom de la ville qui l’a inventée.
Pour revenir à Hanouca, les Juifs célèbrent deux événements distincts lors de cette fête. La lumière et la dédicace.
La Fête de la Lumière :
A la fin de la Révolte des Maccabées, le Temple qui avait été profané par les Grecs a été récupéré, nettoyé et sanctifié. Il ne restait plus qu’à le redédier au culte de l’Eternel. Parmi les objets sacrés du Temple, il y avait la Ménorah. Ce chandelier à sept branches qui devait rester éternellement allumé. Mais, à cause de son occupation par les Grecs et la guerre qui a été menée pour sa libération, les prêtres étaient à court d’huile sainte pour alimenter la Ménorah et la garder allumée. Il ne restait plus dans les stocks que de quoi allumer une seule fiole pour ue seule journée. Et les prêtres craignaient que la Ménorah s’éteigne et transgresse le commandement de la laisser toujours allumée. Alors, ils se réunirent et élevèrent une prière vers le Ciel. « Seigneur, nous te demandons un miracle. Pour refabriquer de l’huile sainte, nous avons besoin de huit jours. Fais en sorte que la dernière lampe ne s’éteigne pas durant cette période ». Et le miracle a eu lieu. La lampe est restée allumée pendant les huit jours durant lesquels les prêtres préparaient l’huile sainte à base d’huile d’olive et de plusieurs autres ingrédients. Depuis, les Juifs ont institué une fête de huit jours durant laquelle ils célèbrent la Lumière de Dieu. Pour la matérialiser, ils fabriquèrent une sorte de Ménorah à neuf branches. Soit deux branches de plus que la Ménorah du Temple. Une pour porter la première lampe, appelée Lamèch, pour rappeler la lampe qui est restée allumée pendant la fabrication de l’huile sainte. Les huit autres rappellent les huit jours d’attente puis la dédicace du Temple.
Ne l’oublions pas. Jésus a dit deux choses importantes sur la lumière : Jean 8 :12 « Je suis la Lumière du Monde ». Et aussi : Matthieu 5 :14 « Vous êtes la Lumière du Monde ». Nous reflétons la lumière divine pour éclairer les Hommes. C’est pourquoi, la Hannoukia n’éclaire pas l’intérieur des foyers, mais elle est posée sur la fenêtre afin d’éclairer l’extérieur et servir aux Hommes comme une grâce de Dieu.
La Fête de la Dédicace :
Le Juifs ne célèbrent plus cette fête puisque, en l’an 70, le Temple de Jérusalem a été détruit puis rasé par les Romains, conformément à la parole de Jésus : « Il ne restera pas de ce temple pierre sur pierre ». Aujourd’hui encore, les archéologues continuent à chercher sa trace, sans rien trouver du tout, puisque les Romains ont pris les pierres pour les utiliser dans la construction d’autres édifices. Cette absence de toute trace fait douter les sceptiques qui affirment que le fameux Temple n’a jamais existé. D’autres s’accrochent au mur Occidental de Jérusalem appelé le Kotel ou le Mur des Lamentations comme ultime reste du Temple. Mais les archéologues savent que ce mur soutenait le fort Antonin, une caserne romaine et non le Temple lui-même situé plus loin, dans la Cité de David.
Dans le Nouveau Testament, il y a pourtant un Temple. « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu ? » 1 Cor 3:16. Depuis la Nouvelle Alliance dans le corps et le sang de Jésus, Dieu a choisi de résider dans nos coeurs, plutôt que dans des bâtiments faits de la main de l’Homme.
Le Chrétien doit-il célébrer Hanouca ?
Dans la tradition Chrétienne, on parle de Fêtes Juives et de Fêtes Chrétiennes. On le voit dans l’utilisation des expressions « Pâque Juive », par exemple. Mais dans la Bible, on parle plutôt des Fêtes de l’Eternel et des Fêtes Juives d’une toute autre façon.
Les Fêtes de l’Eternel, en plus du Sabbat hébdomadaire du Samedi, sont au nombre de sept, comme rapporté dans le Lévitique 23 : Pâque, les Pains sans Levain, les Prémices, Pentecôte, les Trompettes, le Kippur et la Fête des Tabernacles. Ce sont là, les Fêtes de l’Eternel, les Fêtes de Dieu lui-même et non celles des Juifs ou de quiconque d’autre. Elles sont perpetuelles et sont appelées des « saintes convocations ». Donc, obligatoires.
Il y a aussi de nombreuses fêtes Juives. Deux en partiulier sont célébrées dans la Bible : La Fête de Pourim, rapportée dans le livre d’Esther et la Fête de la Dédicace rapportée, comme nous l’avons vu plus haut, dans le livre des Maccabées. Ces fêtes célèbrent des événements directement liés à l’histoire du peuple Juif et peuvent être considérés comme des fêtes nationales. Les Chrétiens ne sont donc pas tenus, à première vue, de les célébrer. Sauf que, on lit dans le Nouveau testament que Jésus lui-même s’est rendu à la Fête de la Dédicace à Jérusalem. C’est dans l’Evangile de Jean au chapitre dix et versets vingt-deux et vingt-trois :
« On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace. C'était l'hiver. Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon ».
Lors de cette célébration, Jésus profita pour enseigner, comme à son habitude et de répondre à quelques questions : « Les Juifs l'entourèrent, et lui dirent: Jusques à quand tiendras-tu notre esprit en suspens? Si tu es le Christ, dis-le nous franchement. Jésus leur répondit: Je vous l'ai dit, et vous ne croyez pas. Les oeuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi ».
« Si tu es le Christ, dis le nous ». C’est ce que demandent les Juifs le jour de Hanouca, la fête des Lumières. Or le mot Christ en Hébreu, Mashiakh, a une valeur numérique de 358. C’est exactement la même valeur pour « Lumière du Monde ». Jésus, n’a-t-il pas affirmé « Je suis la lumière du Monde » ? Jean 8 :12. En langage codé, il disait : « Je suis le Mashiakh ».
Et un peu plus loin il ajouta : « Moi et mon Père, nous sommes Un ». Cette affirmation indigna les Juifs qui lui reprochèrent de se faire Dieu ou égal à Dieu. Ils voulurent le lapider. Mais Jésus leur répondit : « celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde, vous lui dites: Tu blasphèmes! Et cela parce que j'ai dit: Je suis le Fils de Dieu ». En d’autres termes, quand Jésus affirme « Moi et mon Père nous sommes Un », il ne veut dire ni qu’il est Dieu ni qu’il est l’égal de Dieu, mais bien qu’il est « le Fils de Dieu ».
Lors de cette fête, Jésus rappela trois choses :
Il est le Christ ;
Il est le Fils de Dieu ;
et Il ne fait qu’Un avec son Père.
Cela rappel l’épisode ou Jésus a demandé à ses disciples : « Qui dit-on que je suis ? » Matthieu 16 :13-17.
Pierre répondit au verset 16 : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».
La dédicace du Temple consacre le principe immuable de la Bible : « il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes ». 1 Cor 8 :6
Paul nous exhorte à offrir notre corps -qui est le Temple de Dieu- « comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu » ». Autrement dit, dédicaçons notre Temple à Dieu et il le remplira de Sa lumière.
Si nous célébrons Hanouca, rappelons-nous de ces choses.
Nabil Z.
1 Bible de Jérusalem, entres autres
2 Il s’agit, entres autres de Judith, Sagesse, Tobias, Siracide, 1 et 2 Maccabées, ajouts à Esther et Daniel..
3 Bible en Allemand/ Martin Luther, 1539
4 2 Maccabées 2 : 19-24
5 Voir l’entrée à Jason de Cyrène dans cette encyclopédie.
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