Parmi les génies berbères, il y en a qui ont marqué l’Histoire. Pourtant, ils sont totalement méconnus chez nous. Parmi eux, Julius Africanus qui a vécu aux deuxième et troisième siècles de notre ère.
Pour une fois, l’encyclopédie en ligne Wikipedia s’est totalement trompée concernant les origines d’un illustre personnage. Sextus Julius Africanus n’est pas né en Palestine, mais en Libye. Une autre encyclopédie, plus ancienne et donc plus près des événements, La Suide, ou Suidas, qui date du Xeme siècle déclare que ce philosophe est né en Afrique, plus précisément en Libye. C’est aussi ce que le concerné a lui-même affirmé dans ses ouvrages. Bien qu’écrits en grecs, ils étaient de pensée africaine, c'est-à-dire berbère. Il a été contemporain de l’empereur romain berbère Septime Sévère avec qui il est parti en campagne en 195.
Le Génie de Julius l’Africain résidait dans sa maîtrise des langues. Il connaissait aussi bien le libyque, le punique, le grec, le latin, le syriaque et l’hébreu. Probablement aussi l’araméen.
Né de parents amazighs de haut rang, il a tout de suite été versé dans les études, ayant bénéficié des meilleurs enseignants de son époque. Ses maîtres ont remarqué son esprit vif et son intelligence avancée, ils ont encouragé ses parents à le pousser à faire des études plus longues. Certains pensent qu’il aurait été au collège à Carthage, puis, comme Saint Augustin qu’il aurait ensuite été en Italie. Mais ce génie précoce a devancé tout le monde, puisqu’il s’est mis à voyager, en Italie, en Grèce, en Syrie, avant de s’établir quelque temps à Jérusalem.
Chronographe exceptionnel, remarqué pour ses interprétations étonnamment lucides de quelques questions bibliques, il a prospéré dans la première moitié du troisième siècle de l'ère commune. Il est devenu ami de plusieurs princes et rois dans toute la région. L’histoire retient de lui que partout ou il allait, il dévorait les archives qu’il pouvait trouver. Curieux, doté d’une grande mémoire, il avait aussi l’œil critique et l’esprit analytique très avancé. Il réussissait à trouver des solutions pour résoudre des énigmes depuis longtemps restées insolubles.
Toutes les œuvres d'Africanus, sont particulièrement importantes pour le christianisme. Mais elles le sont également pour le judaïsme. Ces travaux comprennent une chronographie en cinq livres, en vertu de laquelle il est devenu la première personne à établir et rédiger l'histoire de l'Église avant même Eusèbe de Césarée considéré comme une référence en la matière. Il a également été la source et le modèle des chronographes byzantins, qui en tirent souvent des extraits et des fragments.
Julius Africanus a divisé l'histoire du monde en sept semaines d'époques, semblable à l'œuvre juive "Lepto Genesis" (Jubilé), traitant dans ces divisions la première histoire de la race humaine, puis l'histoire juive, de façon synchronologique pour la retracer de manière à être comprise par le lecteur moyen, même si elle contient des éléments accessibles par seulement les érudits. Il a réussi à placer Moïse 1020 ans avant lapremière olympiade, date probablement dérivée de Justus de Tibériade, dont l'histoire perdue a été beaucoup conservée par l'Africain ; et c'est à cette source que doivent être tracés divers énoncés de faits trouvés dans l'histoire d'Africanus et parallèles à ceux donnés par l’historien du premier siècle, Flavius Josèphe. En relation avec les récits bibliques, Africanus rapporte de nombreuses légendes dont l'origine peut être trouvée en partie dans les Apocalypses et les Midrashim. Œuvres d’Africanus Κεστοί ("Broderie"), un nom figuratif donné à une grande œuvre qui aurait inclus vingt-quatre livres, et dédiée à Alexandre Severus, le dernier empereur de la dynastie des Sévères. Les deux livres qui ont été conservés traitent principalement des questions relatives à la guerre, tout le travail ayant été consacré à des sujets semblables. Ici aussi se trouvent des données importantes relatives à l'histoire juive qui continuait à marquer son époque, surtout depuis la destruction de la ville de Jérusalem par les romains en l’an soixante-dix ; Il raconte par exemple, que les pharisiens, c'est-à-dire les Juifs engagés dans la guerre contre Titus, détruisirent une division de l'armée romaine en empoisonnant le vin que les soldats buvaient. Cet ouvrage, rempli de vues païennes et de superstitions grossières, était autrefois attribué à un auteur païen ; mais la critique récente l'attribue à Africanus. Car ce n’était pas un homme religieux, quoi que profondément croyant. Il connaissait bien les questions relatives au christianisme et au judaïsme, mais aussi au paganisme. En philosophe confirmé, il lisait tout ce qu’il trouvait à lire, et ne s’interdisait ni le sarcasme ni l’humour.
Une lettre à Origène relative à l'Épître de Susanna annexée à la Septante au Livre de Daniel. La pénétration qu'Africanus démontre en prouvant que cette lettre est un faux lui a valu la réputation d'un bon critique biblique. La critique des sources était encore à l’époque, très peu répandue. Sa méthode de travail lui a valu le respect de ses pairs.
Une lettre à Aristides sur les divergences dans la généalogie de Jésus. Dans cette lettre, Africanus montre aussi qu'il connaît bien l'histoire juive. La généalogie de Jésus a de tout temps posé des problèmes aux exégètes, à cause des contradictions apparentes contenues dans deux des quatre évangiles. La critique en a toujours profité pour discréditer la véracité des informations rapportées par les évangélistes Matthieu et Luc. La maitrise de l’hébreu par le philosophe berbère a permis de soulever les ambiguïtés contenues dans la version grecque de ces évangiles. Même les juifs, qui ne croient pas en Jésus, ont tenu à saluer sa perspicacité.
Il peut aussi avoir écrit un commentaire sur les semaines d'années du prophète Daniel prédisant les évènements de la fin des temps.
Finalement, faute d’avoir lu ces ouvrages, il est difficile de retracer sa vie avec précision. Toujours est-il, qu’il a été cité dans de nombreux ouvrages de références. Le fait qu’il ait vécu un temps au proche orient, a fait pencher la lecture de ses origines vers cette région du monde, alors qu’il était bel et bien amazigh.
Nabil Z.
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