Le journaliste-écrivain algérien Kamel Daoud est le lauréat, cette année du plus grand prix littéraire après le Prix Nobel.
Ce prix mondial, Cino Del Duca 2019, lui sera officiellement remis le 5 juin prochain lors de la cérémonie de remise des Grands prix des Fondations de l’Institut de France. Il est doté d’une récompense de 200.000 euros. C’est donc un immense honneur qui a été accordé à cet auteur algérien, honneur qui revient aussi au peuple dont il est issu. Il faut dire que cette distinction est décernée chaque année par la Fondation Simone et Cino Del Duca à un auteur soit français, soit étranger dont l’œuvre constitue, sous forme scientifique ou littéraire, un message d'humanisme moderne. Kamel Daoud succède cette année au poète et traducteur suisse, lauréat de ce prix l’année dernière, Philippe Jaccottet. Kamel Daoud est né en 1970 dans la wilaya de Mostaganem en Algérie. Il est l’aîné d’une fratrie de six enfants. Il est universitaire et a étudié la littérature et les mathématiques. Au début des années quatre-vingt-dix, il a été tenté par l’expérience islamiste, avant de se raviser, car il a vu le mouvement de l’intérieur, et il a vite compris que cette idéologie ne pouvait mener qu’à la ruine. Il en parle tout au long de ses interviews, et présente des arguments frappants. En 1994 il entre au Quotidien d’Oran, puis en devient le rédacteur en chef, avant d’y contribuer en tant que chroniqueur et éditorialiste. Après la sortie de son « Meursault contre-enquête, le monde le découvre, et il est sollicité de partout, étendant ses chroniques à de nombreux médias dans le monde, dont le New-York Times, Le Point, Le Monde des religions, et plusieurs autres. Il commence sa carrière littéraire par des romans qui passent presque inaperçus : La fable du nain (Dar El Gharb, Oran, 2002), des recueils de nouvelles comme Minotaure 504 (Sabine Wespieser, 2011) qui fut sélectionné pour le prix Goncourt de la nouvelle. Il y a aussi « l’arabe et le vaste pays d’ö… » et « la préface du Nègre » chez Barzakh à Alger. Mais c’est son premier roman qui va le révéler au monde. « Meursault, contre-enquête » (Barzakh, puis Actes Sud, 2014), qui se voulait comme une suite de L’étranger d’Albert Camus, lui apporte lanotoriété méritée en lui décernant le prix Goncourt du premier roman. En 2017, il a publié « Zabor ou Les psaumes », son deuxième roman qui a été distingué du prix Méditerranée 2018. Son dernier ouvrage, Le peintre dévorant la femme, est paru chez Stock en 2018.
Kamel Daoud est l’exemple parfait du renouveau littéraire algérien. Il est digne des Kateb, Mammeri, Feraoun, Dib et tous les grands qui ont porté la littérature algérienne sur la scène internationale, démontrant ainsi que ce peuple n’est pas qu’un tube digestif comme on le lui a si souvent reproché, mais un peuple capable des meilleures productions intellectuelles. C’est donc, non seulement lui qui est à féliciter, mais l’ensemble de son peuple qui le porte, qui l’admire et qui exprime sa fierté de le compter parmi ses enfants. Les menaces qu’il reçoit régulièrement des gens qu’il dérange, dont celle de mort de la part du prédicateur islamiste Hamadache, ne l’ont point ébranlé. Il a décidé de continuer sa vie comme il l’a toujours menée, refusant de se faire dicter des convictions qui ne sont pas les siennes.
Kamel Daoud n’est pourtant qu’au début d’une longue carrière prometteuse, qui, à n’en pas douter, lui ouvrira les portes de gloires encore plus grandes. Ce qui est impressionnant avec cet auteur, c’est le fait qu’il ait gardé la tête froide, continuant à se comporter comme un enfant du peuple qui ne nie ni ses origines, ni ses racines.
Nabil Z.
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