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Photo du rédacteurNabil Z.

L’Afrique du Nord et la Prophétie

L’Afrique du Nord a joué un rôle de premier ordre dans l’histoire du christianisme des premiers siècles. Mais à partir du 7eme siècle, il n’en est plus resté aucune trace. Pourtant, les prophètes bibliques ont annoncé que dans les Derniers Temps, les Berbères reviendront encore au devant de la scène. Mais sous quelle forme, et dans quel but ? Nous examinerons dans ce papier, l’histoire ancienne de l’Afrique du Nord à la lumière des textes de l’Ancien testament, et aussi le rôle qu’ont joué les Nord-Africains dans la diffusion de l’Evangile aux premiers siècles de notre ère. Nous verrons ce qu’en disent les prophètes de l’Ancien Testament, et ce qu’ils prédisent à leur sujet. Enfin, nous examinerons, à la lumière de l’actualité, l’état de réalisation de ces prophéties.



I- Introduction :

L’Afrique du Nord reste un grand mystère dans l’histoire du Christianisme. Pourtant, son peuple a joué un rôle majeur durant les premiers siècles, en offrant à la Nouvelle Foi de grands personnages et de grandes œuvres.


Nous pouvons citer rapidement Simon de Cyrène et ses deux fils, Alexandre et Rufus, l’évangéliste Marc, le Prophète/ et ou Docteur Lucius, puis cinq Pères de l’Eglise, trois Papes, ainsi que de nombreux écrivains et théologiens. Aux alentours du troisième siècle, selon l’Abbé Vincent Serralda1, toute la littérature occidentale latine venait d’Afrique du Nord, et ce, durant un siècle et demi.


Durant les cinq premiers siècles de notre ère, Jean Gueydon2 a recensé quelques vingt milles évêques en Afrique du Nord, dont mille ont été cités nommément. Entre l’Espagne, la France, l’Italie et l’Égypte, il y en avait moins d’une dizaine3. Il y a eu jusqu’à sept mille communautés chrétiennes dans toute l’Afrique du Nord.


Pourtant, dès le septième siècle, et avec l’arrivée des invasions arabo-musulmanes, ces églises ont commencé à disparaître, et au début du douzième siècle, elles avaient presque totalement disparu. Le dernier évêque connu fut Servandus de Bougie, mort vers 11004.

Etait-ce la fin du christianisme nord-africain, ou bien verra-ton renaître la foi chrétienne en terre de Tertullien, Cyprien et Augustin ? La Bible parle-t-elle de cette partie du monde et de son peuple ? Si oui, qu’en dit-elle, et qu’est ce qu’elle en annonce pour cette période de l’Histoire, si proche de la Fin des Temps ?


II- L’Afrique du Nord et son peuple.

Si on reprend la carte géographique de l’Afrique du Nord telle que publiée par Hérodote dans le volume IV de son livre « Histoires », la Libye s’étend du fleuve du Nil jusqu’aux Colonnes d’Hercules. Soit de l’Ouest de l’Egypte, jusqu’au Maroc. Il faudra ajouter par la suite la découverte des Iles Canaries par le roi Juba II de Maurétanie, durant le premier siècle. Région peuplée de populations Berbères, tout comme celles du continent.

L’origine du peuple nord-africain reste mystérieuse, malgré l’abondance de recherches et de thèses contradictoires développées notamment depuis Ibn Khaldoun5, cet historien médiéval du 14eme et 15eme siècle. On peut aussi citer les travaux de Gabriel Camps, Stephane Gsell, mais aussi de ceux du Flavius Josèphe, du Talmud, de la Tossephta, etc..

Toutefois, si nous jetons un regard sur le texte biblique, nous pouvons trouver des traces de ce peuple tout au long du récit biblique. En reprenant la Table des Peuples de Genèse 10, qui nous indique l’origine des peuples de la Terre depuis Noé, nous nous rendons compte que le deuxième fils du Patriarche s’appelle Ham. Ce qui veut dire en hébreux et en Berbère, « chaud ». Les descendants de Ham au nombre de quatre sont allés peupler les régions chaudes de la Terre, l’Afrique. A l’exception de Canaan qui s’est installé dans la région du Proche-Orient. Cush occupe l’Ethiopie, Mitsraïm l’Egypte, tandis que les descendants de Puth vont traverser le Nil pour commencer à se multiplier à l’Ouest de ce fleuve.


C’est le Livre de Jasher6, cité par Josué et Samuel, qui nous donne les noms des quatre descendants de Puth. Selon certaines sources, Jasher était le fils de Caleb, le lieutenant de Josué. Il a rédigé un livre connu sous le nom du « Livre du Juste ». Il y donne les noms des quatre fils de Puth : Gebul, Hadan, Benah et Adan7. Ils ont constitué les quatre premières grandes tribus qui ont occupé l’Afrique du Nord. Au cinquième siècle avant notre ère, Hérodote en recense seize, preuve de la multiplication des habitants, et de leur répartition géographique sur tout le territoire.


Après le livre de la Genèse, nous retrouverons les traces de ces Berbères auprès de Moïse et Aaron, puis de Josué8. Au dixième siècle, après la mort de Salomon et le schisme qui a eu lieu entre Israël et Juda, un pharaon d’Egypte a envahi les pays de Canaan dont Juda, et a dépouillé le Temple de Salomon au temps de son fils Roboam. Le nom de ce Pharaon était Shishaq, originaire de l’actuelle Algérie. Il était accompagné, de Libyens, de Soukkiens et d’Ethiopiens9.


A Partir de cet épisode, ce sont les Prophètes qui vont prendre le relais dans la mention des peuples de l’Afrique du Nord dans le corpus biblique.


III- Les Prophètes et l’Afrique du Nord :

Cinq prophètes vont explicitement mentionner l’Afrique du Nord ou son peuple. Il s’agit d’Esaïe, de Jérémie, d’Ezéchiel, de Nahum et de Daniel. Ce qui nous donne en tout, sept passages qui décrivent la Fin des Temps, en mentionnant nommément Puth et les Libyens.

1- Le Prophète Esaïe :

66 : 19 Je mettrai un signe parmi elles, Et j'enverrai leurs réchappés vers les nations, A Tarsis, à Pul et à Lud, qui tirent de l'arc, A Tubal et à Javan, Aux îles lointaines, Qui jamais n'ont entendu parler de moi, Et qui n'ont pas vu ma gloire; Et ils publieront ma gloire parmi les nations.

2- Le Prophète Jérémie

46 : 9 Montez, chevaux! Précipitez-vous, chars! Qu'ils se montrent, les vaillants hommes, Ceux d'Éthiopie et de Puth qui portent le bouclier, Et ceux de Lud qui manient et tendent l'arc!

3- Le Prophète Ezéchiel

27 : 10 Ceux de Perse, de Lud et de Puth, servaient dans ton armée, C'étaient des hommes de guerre; Ils suspendaient chez toi le bouclier et le casque, Ils te donnaient de la splendeur.

30 : 5 L'Éthiopie, Puth, Lud, toute l'Arabie, Cub, Et les fils du pays allié, Tomberont avec eux par l'épée.

38 : 2 Fils de l'homme, tourne ta face vers Gog, au pays de Magog, Vers le prince de Rosch, de Méschec et de Tubal, Et prophétise contre lui!

38 :3 Tu diras: Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel: Voici, j'en veux à toi, Gog, Prince de Rosch, de Méschec et de Tubal!

38 :4 Je t'entraînerai, et je mettrai une boucle à tes mâchoires; Je te ferai sortir, toi et toute ton armée, Chevaux et cavaliers, Tous vêtus magnifiquement, Troupe nombreuse portant le grand et le petit bouclier, Tous maniant l'épée;

38 :5 Et avec eux ceux de Perse, d'Éthiopie et de Puth, Tous portant le bouclier et le casque;

4- Le Prophète Nahum :

3 : 9 L'Éthiopie et les Égyptiens innombrables faisaient sa force, Puth et les Libyens étaient ses auxiliaires.

5- Le Prophète Daniel :

11 : 43 Il se rendra maître des trésors d'or et d'argent, et de toutes les choses précieuses de l'Égypte; les Libyens et les Éthiopiens seront à sa suite.

Dans ces sept prophéties, nous pouvons remarquer les qualificatifs mis sur le peuple de Puth et des Libyens et leur description: « Vaillants hommes », « Hommes de guerre », « Auxiliaires », « Portant le bouclier et le casque » et « les suspendant » et « Tirant à l’Arc ».

Malgré ces expressions élogieuses, Ezéchiel nous avertit qu’ils « tomberont par l’épée ».

IV- Qu’est ce que Puth et la Libye ?


Dans la littérature eschatologique moderne, la plupart des auteurs limitent le nom de Libye à celui de l’Etat moderne qui porte ce nom, voisin de l’Egypte, de l’Algérie et de la Tunisie, ente autres. Cependant, il n’en a pas toujours été ainsi. Aux temps ou ces prophéties ont été données, La Libye-Puth désignait un territoire beaucoup plus vaste. Il s’étendait du fleuve du Nil jusqu’à l’Océan Atlantic. Hérodote, dès le 5eme siècle avant notre ère, en avait donné une carte, montant très clairement que ce qui était alors appelé « Libye » s’étendait jusqu’aux Colonnes d’Hercule, l’actuelle ville de Tanger au Maroc. De plus, Flavius Josèphe, dans son livre « Antiquités Juives », précise que « Puth » désignait les anciens « Libyos », terme qui désignait tout le territoire maghrébin moderne. « Puth a été le fondateur de la Libye et appela les habitants les Pouthites d'après lui-même ».


Limiter « Libye » au seul territoire de l’Etat moderne de Libye serait donc une erreur. Il faudrait, bien entendu, inclure l’ensemble des autres pays du Maghreb. Les Iles Canaries, étant sous souveraineté espagnole, il n’est pas certain qu’elles fassent partie de cette prophétie, même si son peuple autochtone est également Berbère. Ce que semble aussi partager Joel Rosenberg, dans « Bible Prophecy and the future of Libya”10, sans toutefois intégrer le Maroc.


V- Que disent les prophéties ?

Avant de tenter une quelconque interprétation, assurons-nous de bien reprendre ces passages dans leur contexte.


1- Le contexte :

Les prophètes désignent clairement la fin des temps, ou il est parlé des deux guerres « Gog et Magog », et « Armaguedon ».

Une coalition de quatre grandes nations va faire la guerre à Israël. Il s’agit de l’Ethiopie, la Perse, Puth et Lud, conduite par Gog, le prince de Rosch, de Meschec et de Tubal au pays de Magog. C’est ce qu’affirment Ezéchiel et Jérémie. Mais le premier ajoute à la liste l’Arabie et Cub (chap 30) et plus loin, Gomer et Togarma (chap 37). Nahum ajoute à cette liste No-Amon et les Egyptiens.


2- Lecture des prophéties :

Il faut rester prudent dans l’interprétation des noms des villes et pays donnés par les prophètes, ainsi que ceux des peuples et nations qui seront impliqués dans cette guerre. Mais, grâce aux avancées dans la recherche, on peut avancer que le leader de cette coalition sera situé dans l’actuelle Turquie, car les lieux cités sont presque tous situés dans cette région.


Dans « The Islamic Antichrist11 », Joel Richardson réunit ces entités en huit nations. Il affirme que cinq d’entre elles se situent dans l’actuelle Turquie, formant ainsi le front nord contre Israël. A l’Est, Ezéchiel parle de l’Iran, tandis qu’au Sud se trouve l’Ethiopie. Il ne reste que l’Ouest, le Pays des Hespérides, le Pays du Couchant, le Maghreb : Puth.

Cette coalition, comme on le voit, est constituée de pays dominés par l’Islam. Turquie, Iran, Arabie, Ethiopie, Egypte et Libye. Walid Shoebat, dans « Why i left Djihad 12» confirmé dans « God’s War on Terror13 » explique que, contrairement à ce qu’on pensait, Gomer et Togarmah ne désignent ni les Celtes ni les Germains, mais des villes anciennes situées dans l’actuelle Turquie.

3- Commentaire :

Depuis le neuvième siècle avant notre ère, l’Afrique du Nord a été une terre soit de refuge soit de conquête. Elle a servi de terre d’accueil pour la princesse Elissa-Didon, fuyant son pays la Phénicie, pour fonder la ville de Carthage en Tunisie en -814, accueillie par le roi Hiarbas qui l’a autorisée à s’y installer. La Libye a également accueilli les réfugiés Grecs fuyant la sécheresse et la famine qui sévissaient dans leur pays pour fonder la ville de Cyrène dans l’actuelle Libye en -630.


Depuis lors, Carthage s’est transformé en empire occupant tout le littoral nord de l’Afrique, ainsi que de nombreux ports européens, avant que les romains ne les battent en -146 dans une coalition avec le roi Numide Massinissa, pour prendre plus tard possession de ce qui va devenir « Africa Romana ». A leur tour, les romains furent expulsés par les Vandales qui ont pris leur place en l’an 430, remplacés par les Byzantins un siècle plus tard. Ceux-ci ont été chassés par les Arabes au septième siècle de notre ère avant que les espagnols n’occupent les principales villes côtières, puis chassés à leur tour par les ottomans qui ont pris possession du pays pendant trois siècles. Ils furent chassés à leur tour par les français en 1830 pour y rester pendant 132 ans.


Pendant plus de deux mille ans, l’Afrique du Nord n’a pas été maîtresse d’elle-même. Et ce n’est que depuis les années soixante du 20eme siècle que les pays d’Afrique ont accédé à leur indépendance. La Turquie en 1962 a refusé de reconnaître l’indépendance de l’Algérie, et avait demandé à la France de lui restituer les territoires qu’elle lui avait pris au 19eme siècle. Les turcs n’ont cessé depuis, d’essayer de récupérer leurs anciennes possessions coloniales en Afrique. Surtout, depuis ce qui a été appelé « Le Printemps Arabe » de 2011, en poussant les Frères Musulmans sous leur influence, à prendre le pouvoir en Egypte et en Tunisie, et encourageant la chute du régime libyen. Plusieurs traités d’alliance ont également été proposés à l’Algérie, pour permettre aux héritiers de l’Empire Ottoman de réinstaller leur domination sur l’Afrique du Nord.


Le développement récent de l’actualité montre comment la Turquie a réussi à remettre les pieds en Libye, et à commencer à déployer son influence sur ses voisins. La Tunisie en premier, car le plus petit et le plus fragile de tous.


Selon la prophétie biblique, comme le précise Joël Richardson, commentant les versets 9-11 du chapitre 17 du livre de la Révélation, il y a eu cinq empires avant l’époque ou Jean à écrit son livre de l’Apocalypse. L’empire Egyptien, l’Assyrien, le babylonien, le Perse, puis le Grec. Le sixième est celui qui était encore en place au temps de Jean, l’Empire Romain. Le septième qui va mourir et ressusciter, n’est autre que l’empire Ottoman. Car en effet, dans cette série de sept empires, il y a eu une succession historique, l’un chassant l’autre, et ayant tous dominé sur Israël. L’empire Ottoman a mis fin à l’empire Romain de l’est, qui n’était que la moitié de tout l’Empire Romain. A la faveur de la Première Guerre Mondiale, l’Empire Ottoman a été démantelé, et Atatürk a mis fin au Califat Islamique, instituant la République laïque de Turquie. Depuis, on a cru que ce royaume était définitivement mort. Mais n’assistons nous pas aujourd’hui à une tentative de ressusciter cet empire Islamique sous l’égide de la Turquie et de son parti islamiste ? Cela expliquerait en tous cas, pourquoi Erdogan tente de remettre la main sur le Pays de Puth, pour l’inclure dans une future coalition contre Israël. L’histoire récente nous rapporte que les pays du Maghreb ont apporté leur aide à l’Egypte dans les guerres de 1967 et 1973 contre Israël, participant ainsi à la coalition arabe contre l’Etat Hébreu.


Il faut aussi regarder à ce qui se passe dans les pays au sud de l’Egypte, depuis le Soudan jusqu’en Somalie, ou des groupes islamistes radicaux tentent de prendre le pouvoir, pour finalement, reconstituer l’ancienne Ethiopie, qui fera partie de la coalition des nations qui iront faire la guerre à Israël, dans le but de le détruire. Avec son projet de bombe nucléaire, l’Iran de son côté ne cache pas ses intentions de raser Israël de la carte.


VI- Dans le Nouveau testament :

Plusieurs passages du Nouveau testament font mention de l’Afrique du Nord et de son peuple. Le premier se trouve dans l’Evangile de Marc (15 :21) ou il est fait mention de trois personnages : Simon de Cyrène, et Alexandre et Rufus ses enfants. Simon a porté la croix de Jésus sur son chemin vers le Calvaire. Matthieu et Luc reprennent cette histoire, sans mentionner Alexandre et Rufus. Mais tous les deux rappellent que Simon est de Cyrène. Or, Cyrène se trouve en Libye, non loin de l’actuelle ville de Benghazi à l’est du pays. Elle a été fondée par des réfugiés Grecs accueillis par les habitants de la région qui leur ont indiqué le meilleur endroit ou s’installer, comme l’a rapporté Hérodote. Cyrène a vu la naissance de plusieurs personnalités, notamment dans les domaines de l’Art et de la Philosophie. C’est aussi le Pays de Jason de Cyrène, la personne qui a rédigé, au moins en partie, le Livre des Maccabées.


Cyrène est aussi la ville de naissance de Saint Marc. Le rédacteur du premier Evangile, le cousin de Barnabas, le secrétaire de Pierre, et le compagnon des derniers jours de Paul. Dans le livre des Actes, il est également fait mention de Lucius de Cyrène, membre du collège de « Prophètes et Docteurs » qui ont présidé à l’envoi de la première mission chrétienne avec Barnabas et Saul14.


Si Cyrène était le nom d’une ville, il était aussi celui de toute une région, et même d’un pays. Plus tard, on désignera l’Afrique du Nord par le nom de Carthage, ville et pays. Dans la région de Cyrène, nous dit Gabriel Camps, il y avait quatre populations distinctes au départ, mais qui ont fini par se mélanger : les Grecs, les Romains, les Juifs et les Berbères15. Les personnages cités dans le Nouveau testament avec la mention « de Cyrène », étaient probablement le fruit de ce brassage ethnique.


Le chapitre deux de ce même livre des Actes des Apôtres mentionne la présence à Jérusalem lors de la fête de la Pentecôte et la première effusion de l’Esprit, les gens du « territoire de la Libye, voisine de Cyrène 16». Cet échantillon de population indiquerait certainement la présence de libyens « purs », c’est à dire des Berbères, aux côtés de gens de Cyrène, aux quatre différentes origines ethniques.


1- Dimension prophétique :

Ces textes ne constituent pas, à proprement parler, des prophéties. Ce sont plutôt des récits. Mais, ne pourrait-on pas aussi y voir une dimension prophétique ? En analysant les noms de ces personnages et les rôles qu’ils ont joué, ne pourrait-on pas déduire qu’ils annonçaient déjà ce qui allait advenir de l’Afrique du Nord dans les siècles suivants ? Examinons cela de plus près :

Si Simon de Cyrène a porté la croix de Jésus, ne peut-on pas dire qu’il annonçait la diffusion du message de l’Evangile que les Nord-Africains allaient porter partout dans le monde ? Alexandre et Rufus n’ont-ils pas évangélisé l’Espagne et la Catalogne aux côtés de Saint Paul, puis pour Rufus, le sud de la France en y installant même sa première église à Avignon17 ? Marc, natif de Cyrène, n’a-t-il pas rédigé le premier Evangile qui a été copié à l’infini, portant ainsi le message de la Croix jusqu’aux extrémités de la terre ?

Le nom « Alexandre », ne veut-il pas dire « Défenseur ou Avocat » ? D’un côté, il joue le même rôle que le bouclier dont il est question dans les prophéties citées plus haut, et de l’autre, n’annonçait-il pas l’immense ministère de Tertullien et de Cyprien, tous deux avocats de métier avant de s’engager dans le ministère ? N’ont-ils pas été les meilleurs défenseurs de la nouvelle foi, en publiant des livres apologétiques et en prenant la défense des chrétiens persécutés de leur temps ?


Rufus veut dire « Rouquin ». Il avait une petite tête rousse ou blonde, tout comme Saint Augustin dont le nom véritable était Auregh, le Blond en langue berbère. Le casque cité par les prophètes, ne sert-il pas à protéger la tête, siège de l’intelligence ? Qui mieux que Saint Augustin a porté le titre à la fois de Père et Docteur de l’Eglise ? Qui mieux que lui a expliqué et enseigné les grands concepts de la Bible ? Ses livres continuent à être lus partout dans le monde, et chaque année, il y a plus de quatre cents publications de tous genres qui le concernent. Bien plus que ceux consacrés à Platon ou Descartes18.

Les Nord africains, n’ont-ils pas porté l’Evangile jusqu’à Antioche en Syrie ? N’ont-ils pas été les premiers, avec les Chypriotes à être appelés « Chrétiens », selon Actes 11 :20 ? Carthage, n’a-t-elle pas été la première capitale du Christianisme, avant même Rome, et cela à partir du 2ème siècle ? Cette région a donné au Christianisme Occidental cinq Pères (Minucius Félix, Tertullien, Cyprien, Victorinus et Augustin) et trois Papes ( Victor 1er, Miltiade et Gélase 1er) et de nombreux écrivains et théologiens comme Africanus, Arnobe, Lactance, etc…


Lucius de Cyrène, dont il est question en Actes 13 :1 a fait partie du collège de « Prophètes et Docteurs » qui ont consacré Barnabas et Saul pour devenir missionnaires de l’Evangile. On ne sait dans le groupe, qui était Prophète et qui était Docteur, et qui était peut-être les deux à la fois.


Avant de se répandre en Europe, l’Evangile a surtout pénétré en profondeur l’Afrique du Nord. En effet, les données avancées par les historiens des religions nous informent que dès le deuxième siècle, on comptait plusieurs centaines d’évêques en Afrique du Nord lors des différents Conciles à Carthage. Pendant cette période, il n’y en avait que trois en Espagne, un en France et quatre en Italie. Gabriel Camps cité plus haut raconte : « Les longues listes épiscopales des conciles africains, les basiliques de simples bourgades, dont nous ignorons jusqu’au nom, les épitaphes d’humbles paysans et même de chefs berbères dans des régions apparemment peu romanisées, comme la chaîne des Babors où le roi des Ukutameni se dit «servus Dei » au V ème siècle, sont autant de témoignages d’une évangélisation qui, en certains points, semble même avoir dépassé les limites de la domination impériale. L’évangélisation franchit également les limites chronologiques de la domination romaine, elle se poursuivit pendant les époques vandales et byzantines ». C’est dans ce sens que Jean Gueydon annonce avoir recensé quelques vingt mille évêques dans toute l’Afrique du Nord, entre le premier et le sixième siècle.


Le travail chrétien en Afrique du Nord ou par les nord-africains a été décisif pour le développement du christianisme. Nous pouvons rappeler que le premier Evangile a été rédigé par Saint Marc de Cyrène. Ce dernier est considéré par les Coptes d’Egypte, comme le fondateur de leur Eglise. Les premiers écrits chrétiens latins furent le fait de Minucius Félix, de Tertullien et du Pape africain Victor 1er. La première traduction latine de la Bible, la Vetus Afer, fut réalisée à Carthage à l’époque de Saint Cyprien.


D’importantes hérésies sont aussi nées en Afrique du Nord, comme celle d’Arius, natif de Cyrène ou celle de Donat le Grand qui a troublé la vie religieuse en Afrique du Nord pendant plusieurs siècles.


Mais au milieu du septième siècle, les données ont changé. Dès le début des invasions arabes, le nombre de chrétiens a commencé à diminuer sous l’effet des persécutions et des fuites vers l’Europe. Le dernier évêque, celui de Bougie meurt en l’an 1100, et dès le douzième siècle, les dernières communautés chrétiennes disparaissent de la scène. C’est la fin officielle du christianisme nord-africain19.


VII- Fin du christianisme nord-africain ?

Il convient de se poser la question de savoir si cette fin officielle est définitive. Car plusieurs siècles sont passés depuis, sans aucune trace visible d’une quelconque communauté chrétienne en Afrique du Nord. Ce n’est qu’au 19eme siècle, que les premiers pas de l’Evangile sont revenus sur cette terre, depuis la conquête française de l’Algérie en 1830. Malgré l’opposition des autorités françaises, des missions se sont établies en Afrique du Nord. Et le premier pasteur méthodiste à s’y installer fut un américain, Thomas Okadt en 1886 qui ouvrit une station méthodiste équipée d’un hôpital à Ilmaten, près de Béjaia en Algérie, le lieu de la dernière trace d’un évêque en Afrique du Nord. L’Evangile, serait-il entré par la même porte par laquelle il était sorti ?


L’évangélisation durant l’époque coloniale n’a concerné essentiellement que les populations européennes. Les premières conversions autochtones, mis à part des cas particuliers et rares, datent de la fin des années mil-neuf-cents- soixante-dix. Dès le début des années quatre-vingt, une première église autochtone est née dans la clandestinité à Alger. Depuis, on compte officiellement une cinquantaine d’églises ouvertes affiliées à l’Eglise Protestante d’Algérie (EPA). Mais en réalité, en dehors de ces églises recensées par les autorités algériennes, il en existe de nombreuses autres plus discrètes, voire secrètes, qui se réunissent dans des lieux aménagés à cet effet ou dans des maisons particulières. Il n’y a pas de statistiques officielles sur le nombre de chrétiens en Algérie, mais les estimations vont de cinquante mille à quatre cents milles, selon les sources. Dans une émission de télévision diffusée par une chaine satellitaire arabe, les présentateurs ont annoncé entre 1 et 1,5 % de la population algérienne convertie au christianisme. Soit entre 400.000 et 600.000 personnes. Chiffres impossibles à vérifier. Ceci pour ne parler que de l’Algérie. Il y a également un mouvement qui agit en profondeur en Tunisie, en Libye et au Maroc. Ce pays a donné plusieurs évangélistes de renom, à l’instar de Said Oudjibou et Frère Rachid qui animent des émissions de télévision sur Internet et par Satellite..

Les prophéties, directes ou indirectes concernant le Peuple de Puth, nous permettent-elles d’espérer un réveil spirituel en Afrique du Nord, dans ce pays appelé par les autochtones Tamazgha ? Et les Nord-Africains, les Berbères, seront-ils à nouveau à la pointe des mouvements d’évangélisation, d’abord chez eux puis dans le reste du monde ?

En tous cas, Esaïe nous permet de l’espérer, puisqu’il dit que parmi les serviteurs et les servantes, parmi les prêtres et les sacrificateurs, Dieu choisira encore Puth (appelé Pul pour la circonstance).


VIII- Conclusion :

Si personne ne peut rien pour empêcher ses prophéties de s’accomplir, il serait néanmoins utile de travailler pour en atténuer les effets négatifs sur les populations. Cela ne pourra se faire qu’en portant à la connaissance du public la réalité de ces déclarations prophétiques et annoncer l’évangile aux concernés, dans l’espoir d’en réconcilier le plus possible avec leur histoire et héritage chrétiens et d’en convertir un maximum au message du Christ.

Il y aurait donc de l’espoir pour le pays de Puth. En 2018 nous avons publié en France, un livre intitulé « Les Berbères dans la Bible ». Pour la première fois, il a été révélé au lecteur Lambda, le nom de Puth que les maghrébins sont en train de découvrir, en même temps que leur histoire judéo-chrétienne. Cette histoire a complètement été occultée par les manuels scolaires, les livres universitaires et les discours officiels des pays du Maghreb. En créant le Groupe d’Etude et de Recherche sur Histoire Chrétienne de l’Afrique du Nord –GERHCAN, nous espérons pouvoir atteindre un maximum de personnes pour leur faire découvrir l’évangile par une approche culturelle et historique. Nous avons également le projet de produire un film sur Simon de Cyrène, afin de faire découvrir la vérité historique de l’Afrique du Nord chrétienne, et du rôle que le peuple de Puth a joué dans le développement du christianisme et de la civilisation occidentale, judéo-chrétienne.


Bibliographie:

1 Le Berbère, lumière de l’Occident/ Vincent Serralda, Andé Huard.- Paris, NEL, 1984.

2 Les Evêques d’Algérie. Algérianiste, juin 1998.

3 Densité et répartition des évêchés dans les provinces africaines au temps de Cyprien / Yvette Duval. https://www.persee.fr/doc/mefr_0223 5102_1984_num_96_1_1413

5 Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale.- Paris, Imprimerie du Gouvernement, 1852.

6 Josué 10 :13 ; 2 Samuel 1 : 18

7 Le Livre du Juste. dit aussi Livre de Jasher. et Livre de la génération d'Adam.

8 Exode 6 :25 ; Josué 22 : 31

9 2 Chroniques 12 : 3

11 The Islamic Antichrist: The Shocking Truth about the Real Nature of the Beast/ Joel Richardson.- Worldnetdaily, 2009.

12 Why i left Djihad : the root of terrorism and the return of radical islam, 2005.

13 God's War on Terror: Islam, Prophecy and the Bible, 2008

14 Actes 13 :1-2

15 Les berbères : mémoire et identité. Paris, 1980

16 Actes 2 :10

18 Le principal répertoire bibliographique de langue française le Bulletin Augustinien, régulièrement publié par la Revue d’Etudes Augustiniennes, recense en moyenne, quelques 400 publications annuelles, dans toutes les grandes langues et cultures, y compris le japonais, concernant Saint Augustin.

19 Les dernières communautés chrétiennes autochtones d’Afrique du Nord/ Virginie Prevost. In : Revue de l’histoire de l’Afrique du Nord. N°4, 2007. Pp 460-483

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