La Sureté Nationale de la Commune des Ait Wassif harcèle depuis des moins les responsables de l’église locale. De façon régulière, le Pasteur et sa femme sont convoqués au commissariat de police, sans qu’on en connaisse exactement les motifs.
La communauté chrétienne de Larbaa Nath Wassif existe depuis de longues années. Elle a réussi à se doter d’une véritable salle de culte, permettant aux chrétiens de la région de pratiquer leur culte dans des conditions correctes. Le Pasteur Said recevait les fidèles de façon régulière, sans que jamais ça ne provoque aucun problème à la ville. Dans le village, le témoignage des habitants est même élogieux à l’égard de ces croyants chrétiens qui donnent un bon témoignage de leur foi. Plusieurs jeunes ayant fréquenté cette église témoignent même sur le fait que la foi leur a permis d’être délivré de la drogue ou de l’excès d’alcool. On y rencontre aussi des personnes âgées qui sont contentes de l’ambiance, des chants et de la prière dans leur langue maternelle.
Mais depuis l’année dernière, la police a décidé d’enquêter sur cette communauté, pour des raisons qui sont restées obscures. Le Pasteur Said s’est rendu sans problème aux convocations et a de tout temps répondu aux questions des officiers qui le questionnaient. Il disait au début que cela ne l’inquiétait pas, puisqu’il n’avait rien à se reprocher.
Mais avec le temps, Said a commencer à se poser des questions, d’autant plus que le rythme des convocations s’était accéléré. A un moment donné, nous avait-il confié « j’ai reproché à l’officier qui me recevait de nous traiter comme si nous étions des malfaiteurs ». Car en plus de lui-même, son épouse était également entendue par la police.
A l’approche de l’été dernier, le pasteur se plaignait du harcèlement dont lui et sa femme faisaient l’objet. D’autant plus qu’avec l’âge, il commençait à avoir des ennuis de santé. Il ne pouvait plus continuer à subir les interrogatoires interminables qui ne débouchaient ni sur des accusations ni sur une inculpation. Les seuls moments de répit qu’a vécu le couple fut au moment ou le Pasteur Said fut hospitalisé à l’hôpital de Tizi-Ouzou, pour des ennuis de santé. En milieu d’été, Said fut rappelé auprès de son créateur et Seigneur, laissant derrière lui une veuve et des enfants.
Depuis, les convocations de la police avaient cessé, et la veuve du Pasteur a eu quelques moments de répit. Jusqu’à ces derniers jours, puisque la police a repris ses convocations. Jeudi dernier, elle s’est présentée accompagnée des responsables de l’église. A son arrivée, elle a trouvé une commission mixte composée de représentant de plusieurs administrations pour enquêter sur les conditions de déroulement des rencontres dans l’église. Ce qui en soit n’est pas une mauvaise chose, puisqu’elle vise à s’assurer que les conditions de sécurité et d’hygiène y sont réunies.
Cependant, la méthode utilisée par l’administration relève plus de la tentative d’intimidation que du souci d’assurer de meilleures conditions pour l’exercice du culte. Les procédures administratives sont normalement rodées. Il aurait suffit d’un courrier annonçant la visite de ladite commission, et un accueil aurait été organisé.
Cette situation intervient au mauvais moment, puisque depuis Décembre dernier, nous avions signalé « le cadeau de Noël » que faisaient l’administration aux communautés chrétiennes d’Algérie. Et la semaine dernière, le rapport annuel de Human Rights Watch a été publié, signalant des problèmes concernant la liberté de culte en Algérie, et ce, malgré les dispositions de la nouvelle constitutions.
Attitude du Ministre des Affaires Religieuses.
De son côté, Mohamed Aissa, le Ministre des Affaires religieuses et des Waqfs a annoncé la semaine dernière qu’en Algérie, il n’existe pas de minorités religieuses. Ce qui est vrai sur le plan légal et administratifs, puisque tous les algériens portent la même carte d’identité, quelque soit leur appartenance religieuse. Mais en même temps, cela dénote de la volonté d’ignorer l’existence de communautés algériennes de confessions autres que musulmane. Notamment des juifs et des chrétiens. Tout comme il existe des boudhistes et d’autres communautés musulmanes non sunnites. La loi de 2006 sur les cultes autres que musulmans ne cesse d’être critiquée et dénoncée par les différentes communautés, en cela qu’elle muselle l’expression religieuse, au lieu de la canaliser et de lui donner les moyens de son expression et de son développement.
L’église de Wassif, sera-t-elle encore dans le collimateur des autorités ? Est-ce vraiment un souci de conformité à la réglementation qui est exprimé par les autorités, ou bien serait-ce l’expression d’un excès de zèle de quelque responsable agissant de son propre chef ? Les prochains jours nous l’apprendront.
Nabil Z.
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