Quand on parcoure le pays, on ne peut s’empêcher de constater que l’étoile et le croissant sont présents sur le sommet de la plupart des mosquées, et que ce symbole se retrouve sur le drapeau de nombreux pays musulmans. Mais d’où vient-il réellement, et comment s’est-il retrouvé dans nos contrées ?
Il y a certainement des différences dans l’utilisation de ce symbole, d’un pays à l’autre. Et s’il est placé sur le haut de beaucoup de minarets, il n’en est pas de même pour beaucoup d’autres, qui préfèrent mettre le symbole des trois boules, plutôt que de l’étoile et du croissant. Même si la lune demeure incontestablement le symbole de l’Islam, qui utilise cet astre comment moyen de fixer son calendrier, l’association avec l’étoile est beaucoup plus ancienne que l’Islam.
Dans beaucoup de pays musulmans, on retrouve ce symbole sur les drapeaux nationaux. Mais pas dans tous. On peut le retrouver notamment sur celui de la Turquie, du Pakistan et des pays du Maghreb, à l’exception du Maroc. Mais on n’en trouve pas de trace sur ceux de l’Arabie Saoudite, berceau de l’Islam, et des pays du proche et du Moyen-Orients, de l’Egypte et de l’Iran, par exemple. L’Indonésie, le plus grand des pays musulmans, n’a pas non plus apposé l’étoile et le croissant sur son drapeau.
Alors, d’où vient ce symbole et pourquoi se retrouve-t-il essentiellement dans les pays d’Afrique du Nord ? Et depuis quand s’y trouve-t-il, et quel serait le sens qu’il revêtait ?
Au temps de Juba II
Quand on remonte dans l’histoire, on peut voir que sur les pièces de monnaie portant l’effigie de Juba II, figurait déjà le symbole de l’étoile et du croissant. Il faudrait rappeler que Juba II a vécu au premier siècle de notre ère, soit six siècles avant l’islam. Ce qui démontre déjà que ce symbole est bien antérieur à l’Islam et que son origine remonte à des temps lointains. De plus, l’étoile qui est représentée sur la pièce de monnaie de Juba II comportait six branches et non pas seulement cinq, comme c’est le cas de nos jours.
Quand on remonte dans l’histoire, on se rends compte que ce symbole était aussi utilisé dans les civilisations anciennes, comme Babylone, l’Assyrie, chez les phéniciens et les cananéens. Ces civilisations, en plus d’être polythéistes avaient la particularité d’adorer le soleil, la lune et les étoiles. C’est en tous cas, ce qui ressort de l’observation des restes de ces civilisations. Et il y a une particularité en ce qui concerne la lune, associée aux étoiles, puisque dans les croyances anciennes, le soleil était de nature masculine, et la lune féminine. Et il y a une préférence pour la vénération de l’entité féminine, que l’on trouve même chez les catholiques qui sacralisent la Vierge Marie, flanquée du titre de « Mère de Dieu ».
En Afrique du Nord, le culte de la lune a pris essor dès les temps les plus anciens, notamment depuis l’arrivée des phéniciens, vers le septième siècle avant Jésus-Christ. Car en effet, ces envahisseurs sont venus du Liban actuel, ou le culte de la lune était très répandu.
Les traces de la présence ancienne de ce culte apparaissent en Afrique du nord également dans certains toponymes, comme celui de Gouraya ou de Gourara. Car en effet, ces noms viennent des Iyourayen, ou Igourayen, ou on retrouve la racine « Ayour » ou « Agour » qui veut dire lune. Littéralement, les adorateurs de la lune.
A Béjaia par exemple, le nom « Gouraya » est associé à une femme, appelée « Yemma Gouraya ». Le caractère féminin est ainsi affirmé et confirmé. Le nom de Gouraya est également porté par une ville près de Cherchell, capitale de Juba II, dont l’étoile et le croissant étaient les symboles.
Sur les minarets, il faut signaler que ces « clochers » sont également antérieurs à l’Islam, puis qu‘on en trouvait déjà sur les basiliques païennes d’avant notre ère, dont certaines existent encore aujourd’hui, notamment en Tunisie. Elles avaient à l’époque, toutes une forme carrée, pour indiquer la direction des quatre points cardinaux, et avaient au bout trois boules, symbole d’abondance, puis qu’elles représentaient les catégories des « Pommes d’Or » qu’Hercule était venu chercher au Pays des Hespérides, le Pays du Couchant, le Maghreb.
La présence de ce symbole dans les emblèmes nationaux des états médiévaux en Afrique du Nord a été accentuée par l’arrivée des ottomans ou le culte de la lune avait pris une grande importance. L'exception du Maroc pourrait s'expliquer par le fait que ce pays n'a pas subi la colonisation turque. Une importance telle qu’elle a influencé les croyances de la Mésopotamie et le culte en Arabie. Même si actuellement, on essaie de le cacher sous le symbole de l’Islam, il n’en demeure pas moins que son origine remonte bien au-delà de la période islamique et représente le culte de la divinité lunaire.
Il y a encore beaucoup à découvrir dans notre histoire, tellement elle est riche et variée, regorgeant de bien des mystères.
Nabil Z.
Pour le cas de la Turquie il convient de ne pas oublier que le croissant est aussi le symbolle de la religions Tengrite et donc l'ancienne religions des horde Turk qui on envahie tout les pays qui l'utilise aujourd'hui.