Quand on parle de Jésus avec les musulmans on s’entend toujours dire que l’Evangile a été falsifié. Mais ils ne peuvent en aporter la preuve, vu que le Coran ne l’affirme nulle part. Seulement que les gens en déformaient le sens, comme Jésus le reprochait aux pharisiens. Pour les musulmans, le seul véritable Evangile est celui de Barnabas, puisqu’il confirmerait le récit coranique de la vie de Jésus. Mais, qu’est ce que l’Evangile de Barnabas et que dit il réellement ? Qui l’a rédigé et à quel moment ? Est-il vraiment conforme au Coran ?
Présentation de l’Evangile de Barnabas :
Selon Wikipedia, « L’Évangile de Barnabé est un ouvrage anonyme décrivant la vie de Jésus de Nazareth. Les deux manuscrits les plus anciens, rédigés en italien et en espagnol, datent de la fin du xvie siècle, mais du texte espagnol il ne subsiste qu'une copie du xviiie siècle. Le manuscrit italien comprend 222 chapitres, dont l'essentiel décrit le ministère de Jésus. Sous plusieurs aspects, notamment l'annonce explicite de la venue de Mahomet, il est conforme à l'idée que se font les musulmans du Nouveau Testament ».
La plus ancienne copie de cet évangile se trouve à la Bibliothèque Nationale d’Autriche à Vienne. Au 18eme siècle il n’était connu que par de rares spécialistes européens. Aucune source arabe ne l’avait mentionné. Le document a été rédigé à la fin du Moyen-âge probablement en Espagnol puis traduit en Italien. Ce n’est qu’en 1907 qu’il a été traduit en Anglais. ce qui l’a rendu disponible aux musulmans d’Egypte et d’Inde, pays ou l’Anglais était utilisé par les intellectuels locaux. L’année suivante, il a été traduit en Arabe et publié au Caire. Plusieurs autres éditions ont suivi depuis cette date, dans plusieurs pays musulmans. La version française n’a vu le jour qu’en 1977.
L’Evangile dit de Barnabas.
Dès le début de cet évangile, l’auteur se présente comme Barnabas, ami de Paul. Il dit rapporter ce qu’il a entendu et vu quand il était avec Jésus. Car plusieurs ont été trompés par Satan- comme Paul lui-même- les enseignant à renier la circoncision et les poussant à consommer des aliments impurs.
Qui est Barnabas.
On apprend dans le livre des Actes des Apôtres que Barnabas était le surnom que les Apôtres avaient donné à Joseph, un Juif de la tribu de Lévi, né à Chypre. Il est le cousin de Jean Appelé Marc, né en Libye et auteur du plus ancien des Evangiles, l’Evangile de Marc. Barnabas était le mentor de Saul de Tarse devenu Paul. C’est lui qui est allé le trouver dans sa ville natale pour l’introduire dans la communauté d’Antioche.
Que contient l’Evangile de Barnabas ?
Cet évangile rapporte des histoires bibliques, dont certaines sont des copies conformes aux autres évangiles. Depuis la naissance virginale de Jésus jusqu’à son enlèvement vers le Ciel, les épisodes de la vie du Messie sont rapportés dans les grandes lignes, avec toutefois des différences subtiles et notables. Par exemple, cet évangile rapporte les mêmes faits que ceux mentionnés dans les évangiles cannoniques, à l’exception d’un miracle et d’une prophétie. C’est ce que nous essaierons de montrer dans la suite de cet article.
L’évangile de Barnabas contient des chapitres avec de longs discours philosophiques, similaires à ceux développés en Europe au Moyen -âge mais qui n’existaient pas encore à l’époque de Barnabas. Une des curiosités qui y est rapportée est que le rire était un comportement considéré comme non spirituel. On notera également que tous les passages décrivant Dieu comme un Père aimant et que Jésus est mort pour nos péchés ont été supprimés.
Contradictions dans l’Evangile de Barnabas :
Une étude attentive du texte nous montre que cet évangile est truffé de contradictions et d’erreurs factuelles. Ce qui nous démontrera que cet évangile attribué à un Apôtre du Nouveau testament n’est pas authentique.
Contradictions avec le Coran :
Barnabas affirme que Jésus était né dans un refuge pour bergers, tandis que le Coran déclare que Marie a accouché sous un palmier.
Barnabas affirme que Marie a accouché sans aucune douleur, tandis que le Coran déclare que les douleurs étaient tellement vives que Marie s’est mise à crier.
Alors que Barnabas affirme qu’aux derniers jours, tous les Hommes et tous les Anges périront, le Coran affirme seulement que les Hommes seront tourmentés et les anges porteront le trône de Dieu.
Dans l’Evangile de Barnabas, nous trouvons à deux reprises qu’il y a neuf cieux et même dix, ailleurs. Mais dans le Coran, et à sept reprises, il est affirmé qu’il y a sept cieux.
Curieusement, alors que le Coran appelle Jésus Le Messie à onze reprises, l’évangile de Barnabas, nie que Jésus soit le Christ ou le Messie, affirmant que le Messie viendrait après lui. C’est ainsi que cet évangile prépare le lecteur à l’annonce de la venue de Mahomet.
Alors que le Coran affirme la messiannité de Jésus, conformément aux Ecritures bibliques, Barnabas lui, affirme que Jésus n’est que le précurseur du vrai Messie qui viendrait plus tard. On se demande alors, pourquoi le Coran aurait gardé ce titre attribué à Jésus. En fait, l’évangile de Barnabas met dans la bouche de Jésus les paroles de Jean-Baptiste qui disait qu’il n’était pas le Messie, mais qu’après lui viendrait celui dont il n’était pas digne de délier les lacets de ses sandales.
Au chapitre 97 de cet évangile, l’auteur fait dire à Jésus que le nom du véritable Messie est Mohamed. On se demande alors, pourquoi le Coran n’a jamais donné ce titre à Mohamed. Jamais le Coran n’a affirmé que Mohamed était le Messie.
En fait, le Coran, contredit l’évangile de Barnabas à 26 reprises. La contradiction entre les deux textes montre qu’il y a au moins un des deux qui est dans l’erreur. Et si on les compare aux Ecritures bibliques, on peut sans difficulté aucune affirmer que les deux textes, le Coran et l’évangile de Barnabas, sont dans l’erreur.
Qui est l’auteur de cet évangile ?
L’auteur de cet évangile parle à la première personne et affirme être l’un des douze. Il déclare qu’il a voyagé avec Jésus et a été témoin de ses enseignements et des nombreux miracles qu’il a fait. Cependant, et en parcourant son texte, on se rend vite compte que ce fameux Barnabas ne connaissais même pas le nom du Souverain Sacrificateur, le chef suprême des responsables religieux de son pays. On remarque aussi qu’il se trompe régulièrement dans la description des lieux et des régions qu’il affirme avoir visité avec Jésus. Il ne sait pas non plus décrire le Temple de Jérusalem, le lieu ou Jésus a prêché maintes et maintes fois. Il est également ignorant de ce qui concerne les fêtes juives et des cérémonies de leur célébration. Il donne même l’impression d’être étranger aux récits qu’il rapporte, montrant ainsi une méconnaissance flagrante du contexte dans lequel Jésus a exercé son ministère.
L’évangile de Barnabas affirme que Jésus était né au moment ou Pilate était devenu Gouverneur. Or Pilate a été placé à ce poste seulement trente années plus tard. De même, il affirme que les Souverains Sacrificateurs Anne et Caïphe étaient en poste à la naissance de Jésus. ce qui est totalement faux puisque Anne a exercé sa fonction entre l’an 6 et l’an 15 après Jésus-Christ, et Caïphe lui a succédé entre 18 et 36 après Jésus-Christ. Les données factuelles ne mentent pas et l’évangile de Barnabas est truffé d’erreurs.
Au niveau géographique, le nombre d’erreurs est aussi important. l’évangile de Barnabas affirme que le miracle de la multiplication des pains fait par Jésus a été réalisé à Tyr, près du Jourdan. Or, cette ville se trouve au Liban à plus de 50 km du Jourdain. Ce qui était une distance considérable à l’époque, au regard des moyens de locomotion. Plusieurs autres erreurs figurent dans ce texte concernant la localisation de Nazareth, Capharnaüm, de la Samarie ou de Ninive. qui est placée en bordure de la Méditerranée. L’auteur de cet évangile est donc étranger aux lieux qu’il a décrits.
De même, l’auteur de l’évangile de Barnabas semble ignorer les horaires de prière tels que pratiqués à l’époque. Il se trompe et parle même de la prière de minuit. Une prière qui n’existait pas à l’époque. Il parle aussi du jeûne de quarante jours. Ce jeûne a été pratiqué par Moïse et Jésus, mais n’a jamais été recommandé aux autres croyants. La pratique du Carême de quarante jours n’a été institué que plusieurs siècles plus tard en Europe. Il est également parlé du Jubilé de cent ans. Or, dans la Bible, il revient tous les cinquante ans. La pratique du Jubilé de cent ans n’a été instituée qu’au 14eme siècle. Ce qui nous donne une idée de la date de la rédaction de cet « évangile de Barnabas ».
En fait, l’évangile de Barnabas commet des erreurs dans presque tous les domaines qu’il aborde. Dans les noms des villes, dans la tradition juive, dans la vie religieuse et politique, dans l’organisation et le fonctionnement de l’armée Romaine. Il y a encore plein d’autres erreurs dans ce document, relatifs à la médecine, l’astronomie et l’anatomie. Ce qui prouve que son rédacteur, non seulement n’a pas été le témoin oculaire de ce qu’il rapporte, mais aussi qu’il ne peut en aucun cas s’agir d’un témoin du premier siècle et donc, absolument pas le Barnabas de la Bible.
Mais quand est-ce que l’évangile de Barnabas a-t-il été rédigé ?
Il est clair, à partir de tous ces éléments, que l’évangile de Barnabas n’a pas pu être rédigé par un témoin oculaire ayant vécu au premier siècle. Sa méconnaissance de la géographie des lieux, du contexte politique et religieux et des traditions sociales excluent totalement la possibilité que le Barnabas de la Bible aurait pu en être l’auteur.
D’un autre côté, la façon dont ce texte a été écrit, ses références et ses allusions à des traditions tardives aussi bien religieuses qu’économiques montrent que le document n’aurait pas pu avoir été rédigé avant au moins le quinzième siècle.
Deux thèses s’affrontent quant aux auteurs de cet évangile. Italiens ou Espagnols. Même si le plus anciens manuscrit que nous ayons soit en italien, l’appui sur les dires du Coran, essayant de présenter Mahomet comme étant le Messie annoncé par Jésus lui même plaide en faveur d’une rédaction faite par les Maures (musulmans) d’Espagne quelque temps avant leur expulsion de ce pays lors de la Reconquista. Ce qui expliquerait également la rareté des copies trouvées, puisque le document n’a pas eu le temps de circuler et que les musulmans étaient dans l’ignorance de son existence. La plus ancienne mention de cet évangile par un auteur musulman date de 1634 par un auteur Tunisien d’Espagne. Et il n’en a fait aucun commentaire, se contentant de le citer dans une lettre rédigée en Espagnol.
Conclusion :
Il existe plusieurs évangiles en dehors des quatre canoniques, de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Mais tous ont été rejetés par les différents théologiens et Pères de l’Eglise, et plus particulièrement, par le Pape Berbère Gélase qui en a dressé une liste exhaustive de son époque dans un document officiel appelé Décret de Gélase. On y trouve toutes sortes de lettres et d’évangiles « douteux » dont souvent on ignore les auteurs, même s’ils avaient été attribués à tel ou tel autre Apôtre ou important personnage du Nouveau Testament. On trouve par exemple « l’évangile de Pierre », celui de Marie, celui de Thomas,...Il y a également une lettre de Barnabas, une autre de Paul, etc... Les théologiens, dès l’Antiquité ont tenu à écarter tous les pseudo évangiles qui avaient été rédigés et qui pouvaient porter à confusion le message de l’Evangile.
Si le premier de tous les Evangiles a été rédigé par un Nord-Africain, Saint-Marc, serait-il surprenant que d’autres Nord-Africains, appelés « Maures », en rédigent un autre plusieurs siècles plus tard pour défendre une idée qu’ils se faisaient des véritables Ecritures, quitte à en inventer le contenu et en déformer les faits, s’éloignant ainsi de la vérité.
Paul, ne nous avait-il pas averti qu’il y aurait un faux évangile et qu’il fallait s’en méfier même s’il était annoncé par un ange ? Encourager le musulman à rechercher la vérité est un devoir. Et notre responsabilité est de la lui annoncer.
Nabil ZIANI
Comentarios