L’actuelle crise que vit l’Algérie aura, à n’en point douter, un écho dans le monde. Et pas seulement à cause de son caractère pacifique. Malgré lui, ce pays a toujours été précurseur et annonciateur d’événements planétaires.
Pour ne pas trop remonter dans l’histoire, commençons par jeter un regard sur l’impact du 1er Novembre 1954 sur les mouvements de libérations dans le monde. Pratiquement, le déclenchement de la Guerre d’Indépendance en Algérie a donné le signal aux autres mouvements, notamment en Afrique, en Asie et en Amérique Latine et du Sud. Alors que l’Algérie était encore en pleine guerre, plusieurs pays ont accédé à leur indépendance, comme ses deux voisins, le Maroc et la Tunisie.
Plus tard, le coup d’Etat du 19 Juin 1965 a donné le signal à une pléthore d’autres coups d’Etats, inaugurant ainsi une période d’instabilité politique dans tout le tiers-monde.
Le printemps berbère du 20 Avril 1980 a eu au moins un impact sur la revendication berbère en Afrique du Nord. Le Maroc a été le premier à le suivre, puis les berbères du Sud. Aujourd’hui, la Libye se revendique de ce printemps berbère, alors que la Tunisie connait ses premiers balbutiements dans ce domaine. Même les Iles Canaries se sont mises à revendiquer leur berbérité.
Octobre 88 a donné le signal à de profonds changements dans le monde. Le 5 Octobre, l’option socialiste officiellement prônée par le pouvoir algérien depuis l’indépendance a connu sa fin. Et une année plus tard, le mur de Berlin s’effondre, mettant ainsi fin aux régimes communistes d’Europe. Les observateurs n’ont pas tout de suite fait le rapprochement entre les deux événements. Mais aujourd’hui, ils regardent de plus près ce qui se déclenche en Afrique du Nord, pour essayer de comprendre le sens de la marche de l’Histoire. Le soulèvement en Tunisie en 2011 n’a-t-il pas annoncé le début du « Printemps arabe » ? Depuis, l’Egypte, la Libye, la Syrie et le Yémen, pour ne citer que ces pays, ont connu les bouleversements qu’on sait.
L’Afrique du Nord est certainement un point focal pour l’annonce des événements importants de l’Histoire. Et jusqu’à présent, l’Algérie en a été le point le plus spectaculaire. C’est pour dire que ce qui se déroule dans les rues d’Alger, Oran ou Béjaia ne peut être qu’annonciateur d’événements importants qui se préparent dans le monde. D’aucuns considèrent ce pays comme un laboratoire préparant la suite des événements dans le monde. Le soulèvement actuel est donc à regarder de plus près, surtout quand on ne voit pour le moment, ni leaders du mouvement, ni projet politique clair pour l’après-Bouteflika. Est-ce à dire qu’il y a des groupes occultes qui en tirent les ficèles. L’avenir nous le dira.
En réponse à une question qui lui a été posée sur la qualification à donner à l’actuel mouvement qui se déroule en Algérie, un célèbre journaliste égyptien a dit : « On ne peut dire ni que c’est un printemps, ni un soulèvement ni une révolution. Le seul qualificatif qui convient est « le miracle algérien » ».
Le monde entier regarde l’Algérie et peine à comprendre la nature de ce mouvement. Surtout qu’en parallèle, se déroule un immense autre soulèvement au Vénézuela qui ne lui ressemble en rien. On a essayé de comparer le mouvement algérien à celui qui s’est déroulé en Egypte, mais les observateurs font remarquer l’étrange attitude de l’Armée. Alors qu’en Egypte elle a tiré sur les manifestations, l’ANP s’est officiellement déclarée aux côtés et au service du peuple. Alors qu’en Egypte le parti des frères musulmans a tiré les ficelles du mouvement pour faire tomber le régime Moubarak, l’ensemble des partis politiques en Algérie se sont laissés dépasser par les événements et les islamistes ont été accusés par l’Opinion d’avoir été en connivence avec le pouvoir, et donc, indigne de représenter le peuple.
Le cas algérien est à part, puisque, se singularisant par des caractéristiques inédites, il a complètement désarçonné les observateurs, suscitant l’admiration de tous. Un fait qui en a surpris plus d’un, c’est le nettoyage des rues par les manifestants eux-mêmes, après avoir terminé leurs marches. Alors que les manifestations dans d’autres pays laissent les lieux en feux et en cendres, comme en plein centre de Paris, du Caire ou de Tripoli, les marcheurs algériens nettoient les rues et les laissent propres. Le message est clair. « Nous voulons un changement positif, pas la destruction du pays ».
Nabil Z.
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