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Photo du rédacteurNabil Z.

L’Église d’Afrique du Nord, entre Écritures et tradition

Au commencement, le Christianisme était une secte juive, suivant de manière particulière les commandements et les préceptes de la Torah ayant cru que Jésus de Nazareth était le Messie attendu. Puis, petit à petit, il se transforma en religion, non seulement différente du Judaïsme, mais surtout, qui lui est opposée. Qu’en était-il en Afrique du Nord ?

 




Les premiers à diffuser la nouvelle foi en Afrique du Nord, étaient ces pèlerins Juifs-Berbères de retour de Jérusalem ou ils avaient assisté à l’effusion du Saint-Esprit lors de la Pentecôte. Saint Augustin affirmait que le Christianisme était arrivé en Afrique du Nord de toutes parts. Certainement par l’intermédiaire des voyageurs et des commerçants qui sillonnaient l’empire Romain qui dominait toute la Méditerranée à l’époque.


La première église se réunissait à Jérusalem chez Marie et Jean-Marc de Cyrène. Ce même Jean-Marc a été le premier à raconter l’histoire de Jésus en inventant un nouveau style littéraire appelé Évangile. Les premiers à porter le titre de Chrétiens furent des gens de Chypre et de Cyrène. C’est en toute logique que la première traduction latine de la Bible soit réalisée à Carthage, dans l’actuelle Tunisie.


Depuis l’époque de Tertullien au troisième siècle, le nombre de convertis en Afrique du Nord avait explosé. Il disait dans son livre « Apologétique » : Nous ne sommes que d’hier, et déjà nous remplissons vos cités, vos îles, vos châteaux, vos municipes, vos marchés, vos camps, vos tribus, vos curies, le palais, le sénat, le Forum : nous ne vous avons laissé que vos temples ! ». Le nombre de Chrétiens était devenu impressionnant. Cela a continué deux siècles durant. Gabriel Camps disait que dans les montagnes des Babors, il y avait jusqu’à trois basiliques par village. L’Afrique du Nord était devenue le cœur du Christianisme bien avant Rome, la capitale de l’Empire.


En Afrique du Nord, il y avait eu plus de vingt mille évêques. On organisait à Carthage et ailleurs plusieurs conciles qui réunissait des dizaines et des centaines de responsables religieux pour débattre des questions doctrinales. Certains ont émergé pour atteindre une stature mondiale, comme Cyprien de Carthage ou Saint-Augustin.


Mais, après le sixième et surtout le septième siècle, commença le déclin du Christianisme en Afrique du Nord. En partie dû aux invasions arabo-islamiques. A Partir du douzième siècle, il n’y a plus eu de trace de communautés Chrétiennes dans toute l’Afrique du Nord. Tout-juste restait-il quelques individus ou familles, mais plus aucune église ou basilique n’était recensée.


La traversée du désert a bel et bien commencé pour durer plusieurs siècles. Malgré la colonisation française, le Christianisme en tant que religion n’a touché que les Européens. Aucune communauté chrétienne autochtone n’a vu le jour durant cette période entre le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Il faudra attendre le début des années quatre-vingt du vingtième siècle pour voir l’apparition d’églises authentiquement autochtones en Algérie : à Alger, Oran, Tizi-Ouzou et Béjaia. Il ne s’agissait pas de réveil religieux, mais d’une résurrection de l’église d’Afrique du Nord. Elle permettra l’annonce progressive de l’évangile dans toute l’Afrique du Nord et le nombre de Maghrébins convertis à Jésus-Christ se compte aujourd’hui en centaines de milliers de personnes.


L’actuelle communauté Chrétienne d’Afrique du Nord pourrait être assimilée à l’église primitive. Elle a la particularité de n’avoir aucune tradition chrétienne. L’ensemble des convertis sont d’origine musulmane. Et à part de rares exceptions, personne n’a connu de vie chrétienne. Les nouveaux convertis se nourrissent essentiellement des programmes chrétiens diffusées par les télévisions satellitaires, les sites internet des églises et des ministères et dans des cas trop rares, des livres. Et en général, les chrétiens d’Afrique du Nord se laissent influencer par ces programmes, suivant leurs modèles et traditions. Les nouvelles églises d’Afrique du Nord célèbrent donc les fêtes dites « chrétiennes » à l’exemple de leurs sœurs en occident ou en orient, fêtant Noël, Pâques et autres traditions non bibliques issues de l’histoire et de la culture des civilisations auxquelles appartiennent lesdites églises sœurs.


Concrètement, il n’existe aucune tradition en Afrique du Nord célébrant Noël, par exemple, ni Pâques, ni Pentecôte. Cependant, imitant les autres, les Chrétiens Nord Africains, sans avoir pris la peine de vérifier dans les Écritures, se sont mis à reproduire le modèle Européen ou Égyptien, pensant en toute naïveté qu’il s’agit de la véritable foi. Ils ignorent que beaucoup de ces pratiques ne sont pas enracinées dans les Écritures, mais sont le fruit de la tradition née de la pratique religieuse de ces pays. En Europe par exemple, la célébration de Noël et de Pâques est une tradition née de la domination religieuse Catholique durant le Moyen-âge, dénoncée au 16ème siècle par Martin Luther et la réforme protestante.


Depuis la résurrection de l’église d’Afrique du Nord, il n’y a pas eu de tradition chrétienne locale érigée en doctrine ou dogme. Cette église ne s’est pas encore penchée sur la nécessité d’établir sa propre doctrine basée sur l’enseignement des Apôtres et des prophètes. Au passage, il y a aussi beaucoup de choses à tirer des enseignements des Pères Berbères de l’Église, tels que Tertullien, Cyprien et Augustin. Mais, qui les a lus et qui les a enseignés ? Les Chrétiens d’Afrique du Nord sont plus enclins à répéter les enseignements de Benny Hinn et Joyce Mayer que ceux de Minucius Félix, Arnobe de Sicca ou Julius Africanus. Combien ont lu « Apologétique » de Tertullien et « Confessions » de Saint Augustin ?


N'est-il pas temps pour l’Église d’Afrique du Nord de se poser des questions sur le contenu de sa foi et de son enseignement ? N’est-il pas temps de permettre aux intellectuels Chrétiens du Maghreb d’émerger et de commencer à travailler sur la mise en place d’une doctrine chrétienne moderne basée exclusivement sur les Écritures et l’histoire chrétienne de leur région ?  N’est-il pas temps de formuler des idées qui permettraient de faire face au besoin de répondre aux problèmes rencontrés par les jeunes convertis confrontés à un contexte empreint de religion islamique et de culture arabique ? Les Chrétiens d’Afrique du Nord ont besoin de comprendre qu’il faut distinguer entre les enseignements des Écritures et ceux de la tradition aussi bien orientale qu’occidentale. Revenir aux Écritures est le meilleur moyen d’ancrer la foi en Christ dans le cœur des gens et la prédication de l’Évangile sera débarrassée des traditions qui n’ont aucun sens pour les gens du Maghreb.


Nabil Z.

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