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Photo du rédacteurNabil Z.

La Capcultar

La Capcultar est un concept nouveau qui se propage de plus en plus et qui trouve des adeptes. C’est un des plus sûrs moyens de se faire de l’argent, et les gens intelligents savent en profiter. Pour le faire marcher, il suffit qu’à chacune de ses manifestations il y ait une fenêtre et un sachet en plastique. Pas un balcon, ni une lucarne. De préférence une fenêtre large et spacieuse. Ce n’est pas un accessoire, mais un des éléments clés pour la réussite de la Capcultar. Le sachet devra être obligatoirement de couleur noire, c’est-à-dire de non couleur, pour recevoir les liasses de billets qui eux, n’ont ni couleur ni odeur. Les jeter par les fenêtres reste le meilleur moyen de remplir ces sachets.



La Capcultar se déplace. Chaque année à un endroit particulier. Il permet de faire connaître le fruit du vent, des tambours et des cordes, au monde. Des endroits sont spécialement préparés pour cet événement, surtout que ça se déroule dans des endroits où il n’y a déjà rien, ou bien là où on a fait l’impasse sur l’existant. C’est justement le moment d’en profiter. Aménager des lieux, équiper des salles, faire déplacer des étoiles, déranger le fonctionnement habituel du lieu,… ça permet de générer des sommes colossales. Tellement colossales qu’il serait impossible de les sortir par les moyens traditionnels. Comment en effet, faire passer les chkarates par des portes aussi étroites ?

Tellement étroites qu’elles rappellent l’esprit à la taille XXP, c’est-à-dire extra- petit des promoteurs de la Capcultar. Attention, pour emporter leur gain, celui généré par les ingénieuses combines, les manœuvres habiles et les détournements subtiles, ils ont donc prévu des fenêtres. Non pas de fenêtres de tirs, mais celles qui font qu’après leur forfait, ils se tirent. Ces fenêtres ont une fonction extrêmement lucrative. La Capcultar a trouvé la solution pour placer cet argent de la façon la plus rentable possible. Placer un complice en bas de la fenêtre, paré d’un sachet en plastique de couleur noire. Un sac qui, habituellement sert à entreposer des déchets ménagers, et dont on a réussi à relever le niveau pour lui faire contenir des billets de banque. La Capcultar est ainsi un système ingénieux qui permet de transformer l’argent du peuple en richesse privée. Mais Constantine n’est pas la première Capcultar. Pas du tout. Il y en a eu, et il y en aura d’autres.

Constantine a été quand même la ville de Constantin. Et Constantin, ce n’est pas n’importe qui. C’était un empereur de Rome du quatrième siècle. C’est lui qui a reconstruit la ville de Byzance pour en faire la nouvelle capitale de l’empire romain, sous le nom de Constantinople. C’est aussi lui qui a reconstruit Cirta, la capitale numide et lui a donné le nom de Constantine. C’est aussi lui qui a mis fin aux persécutions religieuses dans l’empire romain, et qui a instauré la liberté de culte. Il a aussi été celui qui a instauré la religion chrétienne comme religion officielle de Rome. L’église d’Afrique allait enfin pouvoir souffler, elle qui a été tellement persécutée que ses innombrables martyrs, selon Saint Augustin, avaient arrosé la terre numide de leur sang. Si bien qu’elle donnera des géants de la foi, et des maîtres pour construire la civilisation occidentale. Constantinople avait, grâce à l’empereur romain, obtenu le titre de Caprom, alors que Constantine était déjà Capnum. Malgré sa transformation en Istambul, Constantinople a refusé de devenir autre chose qu’ottomane. La religion de l’envahisseur, selon ses habitants, n’avait pas pour vocation de changer l’identité des peuples. Un turc reste un turc, un perse reste perse et un arabe reste arabe. Pas question de changer d’identité ou d’adopter une culture étrangère. Ce ne fut, malheureusement pas le cas de Constantine. Elle a reçu le titre officiel de Capcultar plusieurs siècles après avoir cessé d’être numide et berbère. Le fait d’avoir abandonné son identité la livrée entre les mains des prédateurs de toutes sortes.

Conquérants et envahisseurs romains, byzantins, arabes, ottomans, français, … Cirta a cessé d’être la fierté des amazighs, dès que ses conquérants lui changèrent son nom. Dépouillée, humiliée, dépersonnalisée… Elle est devenue le symbole de la dépersonnalisation de l’Afrique du Nord. Car le cas de Constantine n’est pas unique en Afrique du Nord, malheureusement. D’autres cités l’avaient précédée, et d’autres s’apprêtent à l’imiter. Ainsi, Après Constantine, c’est une autre cité berbère à l’histoire glorieuse qui s’apprête à devenir Capcultar. Elle n’a ni l’envergure de Cirta, ni les moyens de Constantine. Ses fenêtres à elles ne valent guère plus qu’une lucarne, mais elle fera semblant d’imiter son aînée algérienne. Dans un pays en crise, qui est tiraillé de toutes parts par les prédateurs européens, turcs ou arabes, Sfax la tunisienne s’apprête à se laisser dépouiller et humilier par l’hydre appelée « Cultar ». C’est une nouvelle humiliation pour le peuple, l’identité et la civilisation amazighs. La conquête de l’Afrique du Nord n’est-elle donc pas encore terminée ? Les assauts qataris, saoudiens et arabo prédateurs ne veulent donc pas jeter l’éponge, et encore moins reculer. C’est que la nature a horreur du vide, et malheureusement, les amazighs ont l’art de faire le vide autour d’eux en se disputant et en se combattant entre eux. Ce qui laisse aux prédateurs de toutes sortes, le loisir d’occuper les terrains laissés en jachère spirituelle, culturelle et civilisationnelle. La culture du conquérant n’est pas une culture de partage et d’épanouissement, c’est un esprit de conquête et de mépris de l’autre. Devant ce genre de conquérants, l’autre, quel qu’il soit devient insignifiant, inexistant. A moins que cet autre ait le courage de lui résister et de lui opposer les seuls arguments qui le font reculer. La force morale et spirituelle, la richesse culturelle et l’amour de la vérité. Chose que l’envahisseur ne peut supporter. Lisons Ibn Khaldoun et voyons ce qu’il a dit à ce propos. Interrogeons l’Histoire et découvrons ce qu’elle a retenu de cette culture. Alors que les amazighs n’ont jamais eus dans leur culture le projet d’envahir et d’occuper d’autres territoires que les leurs, les envahisseurs de toutes sortes sont venus chez nous, pour nous écraser, nous humilier et renier jusqu’à notre identité et notre existence.

Sfax est une ville qui porte le nom prestigieux du chef des Massaessyles, cette méga tribu berbère de l’Ouest qui avait un temps régné depuis la Moulouya jusqu’aux frontières est de l’Algérie actuelle avec la Tunisie, occupant même, la ville de Cirta. Il s’était allié avec Hannibal le Carthaginois, avant de se faire vaincre par la coalition formée par les armées romaines, sous la conduite de Scipion l’Africain, et celles du roi numide, chef des Massyles, Massinissa. Dépouiller Constantine de son histoire berbéro romaine et Sfax de son héritage berbéro carthaginois est une opération terrible pour notre identité et notre civilisation. Il est temps de prendre ces armes redoutables pour contrer l’invasion. L’épée de l’Esprit est irrésistible, et le bouclier de la foi est efficace. Dégainons les instruments de notre civilisation, de nos traditions, de notre savoir et de notre science. Utilisons avec assurance les outils de la recherche, les ustensiles de la culture, et rejetons le mensonge, l’hypocrisie et tout ce qui nous divise et nous affaiblit. Il y a certainement dans ce désir de nous humilier, la volonté de nous casser pour ne plus nous relever, et s’accaparer de nos richesses, de notre amour et de notre dignité. Le combat ne s’arrêtera donc pas à Constantine. Il faut d’ores et déjà préparer la bataille de Sfax. Nabil

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