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Photo du rédacteurNabil Z.

La Dimension Amazighe dans « Constantine, Capitale de la Culture Arabe ».

La ministre de la Culture, madame Nadia Labidi vient de faire une déclaration à la presse intéressante, concernant le statut même de Constantine, et son rapport avec la culture berbère.


Dans une dépêche de l’APS qui a repris l’information, dans le cadre de l’événement de « Constantine, capitale de la culture arabe », Nadia Labidi déclare que ce sera l’occasion pour la ville de mettre en avant ses dimensions amazighe et arabe.

Il est important de rappeler que le projet en question n’a pas été conçu par l’actuelle ministre, mais par sa précédente. Nadia Labidi a donc hérité d’un dossier compliqué, en phase trop avancée pour pouvoir y apporter les modifications qu’elle aurait souhaité lui donner. Ceci dit, le rappel de la dimension amazighe de la ville de Constantine constitue une avancée importante dans ce projet. Surtout depuis que des personnalités berbères, et non des moindres, ont annoncé leur boycott de l’événement auquel les autorités politiques accordent une grande importance. Des chanteurs, porteurs de la revendication amazighe dans toutes ses dimensions, tels IDIR et Ait Menguellet, suivis par d’autres, ont annoncé leur intention de ne pas se produire dans le cadre des célébrations d’un événement qui voudrait consacrer le déni et le reniement de l’identité plusieurs fois millénaire de la culture et de l’identité berbère. Madame Labidi a donc essayé de corriger le tir, pour éviter de faire dans la division, mais plutôt de faire dans le rassemblement. Oui, mais voilà. Ce seul geste, serait-il suffisant pour calmer la fronde qui se dessine à l’horizon, et la vague de boycott que cela pourrait engendrer ?

Dans le nouveau programme annoncé par Madame la Ministre, des points forts ont ainsi été évoqués. La première semaine sera consacrée à la Palestine. Le 17 avril sera une occasion de célébrer le premier anniversaire de la réélection d’Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la république pour son quatrième mandat ; Le 18 du même mois, un hommage sera rendu à la chanteuse Warda qui n’avait de Djazairia que le nom… Il y a certainement d’autres événements tout aussi « croustillants » et tout aussi « passionnants » pour le public algérien. Deux jours après Warda, l’anniversaire du premier grand soulèvement berbère qui a signé la résurgence de ce peuple sur la scène nationale, régionale et international semble être passé sous silence. Quatre jours seulement après l’ouverture de la Capitale de la Culture arabe, ce qui est l’élément fédérateur de la revendication amazighe sur tout le territoire de Tamazgha, dont la capitale fut Cirta, l’actuelle Constantine, est envoyé à la trappe. Il semble bien qu’il a été passé sous silence. Le 20 avril sera donc célébré, comme chaque année, par le peuple, en rupture, encore une fois, avec l’Algérie officielle, qui ne montre même pas un signe de respect au combat de son peuple. Peuple authentiquement berbère qu’on veut vernir d’une autre couleur. Constantine, l’antique Cirta, est la capitale éternelle du peuple amazigh et de toute l’Afrique du Nord. Cirta, Tassirth, la Tahouna, le moulin naturel qui a produit tant de génies, et dans lequel se sont réfugiés les grands rois amazighs, à commencer par Massinissa, celui qu’on appelait Aguelid Amokrane. C’est lui le premier à avoir fédéré les tribus amazighes pour constituer le premier Etat berbère à dimension quasi-totalement nord-africaine. La position géographique et la topographie de la ville a rendu sa prise extrêmement difficile par tous les envahisseurs de l’histoire. Il n’y a qu’à relire l’histoire de sa prise par l’armée coloniale française, et la terrible résistance d’Ahmed Bey qui en fait voir de toutes les couleurs à l’armée française. Tassisrt-Cirta sait comment préserver l’authenticité et les richesses de son peuple. Elle a abrité pendant des millénaires tous les authentiques résistants et combattants pour la liberté. Elle a produit ou hébergé en son sein d’illustres intellectuels amazighs, qui ont joué des rôles d’une importance primordiale dans le développement de la civilisation dont les occidentaux se sont accaparés. Avec Carthage, elle fut l’un des pôles majeurs du développement de la pensée humaine. Qui pourrait nier les écrits du Roi Hiempsal II, Apulée de Madaure, ou Fronton ? Ce dernier, Sénateur de Cirta a été le précepteur de Marc Antoine. Rien que ça. Voudrait-on oublier les travaux d’Arnobe, les sketchs de Terence, l’ancêtre artistique de Mohamed Fellag ? Qui pourrait nier Ce terreau qui a servi à féconder les idées de Tertullien, de Cyprien, de Donat et de l’illustre Saint Augustin ? Tous berbères, tous issus de Cirta et de sa région. Le fait que Nadia Labidi ait réussi à introduire une bribe d’amazighité dans cet événement a son importance. Et il faudrait saluer son courage. Mais elle ne pourrait à elle seule renverser la vapeur. Il s’agira, pour ce faire, d’aider les gens de la région à se ré-approprier leur identité et leur culture, par une prise de conscience de leur identité réelle. C’est à eux, premièrement que revient la responsabilité de s’opposer à la confiscation de leur identité. Cirta regorge de talents et de potentialité. Elle a, sans doute, caché en son sein les richesses et les trésors de l’amazighité, qui n’attendent que le moment propice pour se révéler. Cela se fera d’une manière intelligente, propre et joyeuse. Malgré le fait que des semaines thématiques seront organisées, il n’est pas encore possible d’évaluer la part qui sera réservée à la culture amazighe dans ce festival. Beaucoup de questions restent encore sans réponse. Etant entendu que l’amazighité doit être célébrée dans toutes ces dimensions et toute sa composante. Les mozabites, seront-ils présents ? Et les Chaouis ?

Les Neffoussas et les Nefzaouas, ont-ils été invités, et les Touaregs, les Riffains et les Chleuh ? Qu’en est-il des kabyles, des Chennouis et des Guanches ? Chaque amazigh se reconnait en Cirta comme capitale de son identité et de sa culture. Et ses symboles sont nombreux à nous rappeler la profondeur et la richesse de notre histoire. Que deviennent les tombeaux de Massinissa et de Madghis ? Le premier est à El Khroub, tandis que le deuxième est du côté de Batna. Y a-t-il une part dans le faramineux budget de la manifestation « Constantine, Capitale de la Culture arabe » qui serait consacrée à la prise en charge de ces monuments ? Compte-t-on les restaurer, et les restituer à l’histoire du pays et à sa culture. On peut aussi parler des Djeddars de l’ouest du pays et du Mausolée Royal de Maurétanie de Tipaza. Il y a tant à faire dans ce domaine. Cet événement devra également servir à dire aux arabes que nous avons une identité propre. Que nous ne sommes pas eux, et eux nous. Nous sommes amazighs, pas arabes. Nous ne l’avons pas choisi. C’est Dieu qui nous a créés berbères. Si quelqu’un veut le contester, il en prendra seul la responsabilité. Alors célébrons notre berbérité et faisons la connaître aux autres. Cet événement serait une excellente occasion d’affirmer notre différence à la face de ceux qui voudraient changer notre appartenance ethnique et civilisationnelle. Qu’ils viennent de l’Est ou de l’Ouest. Et ce ne sera pas Kateb Yacine qui nous contredira. Nabil Z.

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