Quiconque connait un peu les traditions juives, remarque la présence du chandelier à sept branches, présent dans les foyers et divers lieux appartenant aux juifs. Il existe également une fête dans cette communauté qui a un lien avec les berbères, autour de la Ménorah, appelée pour la circonstance une Hannoukia. C’est devenu un des éléments centraux de la Fête de la Dédicace qu’on retrouve même dans le Nouveau Testament.
Le chandelier à sept branches est l’un des instruments sacrés du culte israélite. Depuis l’époque de Moïse et Aaron, ce chandelier a d’abord trôné dans la Tente d’Assignation, puis dans le Temple de Jérusalem. Un des commandements de la Torah le concernant, consiste en l’interdiction de le laisser s’éteindre. Il doit, normalement rester allumé quelques soient les circonstances. Et ce fut toujours le cas, jusqu’au jour ou….
Selon l’historien Flavius Josèphe, durant le deuxième siècle avant Jésus-Christ, Antiochus Epiphane IV fut un souverain qui arriva au pouvoir et gouverna le royaume Séleucide avec dureté et violence durant une douzaine d’années. Il s’agit d’une dynastie Syro-iranienne qui incluait également ce qu’on n’appelait pas encore la Terre Sainte, et la ville de Jérusalem.
Antiochus était grec et entendait imposer la culture hellénistique à tous les peuples sous sa gouvernance. Il s’est mis en tête d’obliger les juifs à abandonner le culte de YHWH (Dieu) pour lui imposer des divinités grecques. Pour ce faire, il a immolé un porc dans l’enceinte du Temple de Jérusalem et installé des statues sur son parvis, obligeant les juifs à se prosterner devant elles. Mal lui en a pris, puisque cela a déclenché larévolte connue sous le nom de Maccabées. Une fois Antiochus vaincu, les prêtres juifs se sont empressés de rétablir le culte du véritable Dieu dans le temple. Ce qui incluait également l’alimentation en Huile Sainte de la Menora afin qu’elle ne s’éteigne pas.
Malheureusement pour eux, le stock d’Huile Sainte était épuisé, et il n’y en avait plus qu’une petite dose capable de maintenir la flamme pour un seul jour. L’histoire raconte que les prêtres ont alors prié Dieu de leur donner le temps de re-fabriquer l’Huile Sainte. Ce qui devait prendre huit jours. Et, oh miracle ! le chandelier resta allumé durant toute cette période. Pour célébrer cet événement, une fête de la dédicace fut instituée, notamment pour re-consacrer le Temple ( le même temple qui avait été pillé par le pharaon berbère Sheshonq) après avoir été souillé et profané par les grecs. Pour cette célébration, les juifs ont coutume d’utiliser la Hannoukia à neuf branches, au lieu de la Ménorah, pour distinguer l’une de l’autre, et garder le caractère sacré de cette dernière. Huit branches pour chacun des jours ou le miracle a eu lieu, et une branche centrale appelée Chamach. La branche centrale doit servir à allumer les huit autres.
L’histoire aurait pu s’arrêter à ce point, et la vie aurait continué son cours normalement. Mais ne voilà-t-il pas qu’un certain Jason de Cyrène intervient. Il s’agit d’un historien d’origine berbère, comme l’indique bien son nom, puisque Cyrène est une ville berbère située en Libye. Il a vécu vers l’an cent soixante avant Jésus-Christ, et s’est intéressé à l’histoire des Maccabées. Certaines sources avancent qu'il avait lui-même vécu cette histoire, avant de se retirer en Egypte pour la rédiger. Il a donc rédigé un livre en cinq volumes, retraçant cette histoire. Sa version fut considérée comme vraie et authentique, mais jugée trop longue pour être insérée tel qu’elle dans le corpus biblique. C’est donc une version résumée et abrégée qui fait partie des livres bibliques connus sous le nom des livres apocryphes ou deutérocanoniques. On peut retrouver ces deux livres notamment dans la Bible de Jérusalem, si choyée par les catholiques.
Symbolique amazighe La fête de Hannouca, quoi qu’en en dise, est considérée, aujourd’hui encore, comme la fête de la lumière par les juifs du monde entier. La Ménorah et la Hannoukia ne sont que des supports permettant la diffusion de la lumière. Elles symbolisent également pour eux, la lumière divine qui doit éclairer le monde entier. Si au début de la révélation biblique les prêtres utilisaient de l’Huile Sainte pour alimenter la flamme de la Ménorah, ce n’est plus le cas depuis l’an soixante-dix, quand les armées romaines ont détruit le Temple de Jérusalem. Depuis, les juifs ont utilisé différents types d’huiles, jusqu’à l’invention de la bougie, dans la ville de Bougie (actuellement Béjaia en Algérie), par les berbères. Et c’est là que l’histoire et la théologie se rencontrent.
Le prophète Esaïe, qui a vécu vers le septième siècle avant Jésus-Christ avait annoncé son oracle en affirmant que Dieu avait établi son peuple pour être « La Lumière des Nations ». Même s’il est vrai que les juifs continuent, aujourd’hui encore, à être à la pointe de la recherche et de la connaissance dans tous les domaines, il n’en demeure pas moins que plusieurs berbères ont joué ce rôle, également, notamment au moment où le peuple hébraïque se recherchait et était dans le désarroi, suite à la destruction de Jérusalem. Qui a été « lumière des nations » à cette époque, comme Apulée de Madaure, dont l’invention du Roman comme genre littéraire s’est imposée dans le monde entier ? Qui a été également « Lumière des Nations » comme Augustin, Cyprien et Tertullien, pour ne citer que ces trois-là, ces géants berbères considérés comme « Pères de l’Eglise », pour éclairer le monde occidental avec leur pensée, leur enseignement et leur philosophie. L'un de ces trois, à savoir Saint Augustin, reste encore aujourd’hui le théologien le plus publié et le plus lu dans le monde. André Chouraqui, qui était juif berbère de Ain Témouchent en Algérie, célèbre traducteur du Coran et de la Bible, avait bien déclaré que « les berbères sont des frères de race, de langue et de religion avec les juifs ». Si c’est vraiment le cas, la prophétie de la « Lumière des Nations » s’appliquerait bien aux berbères tout comme aux juifs, toutes dimensions gardées. Ce qui expliquerait l’invention de ce support de la lumière qui est la Bougie, et la diffusion du savoir et des idées par ces mêmes berbères.
Il y a ainsi beaucoup de croisements qui peuvent être faits dans les histoires respectives des juifs et des berbères. Pour récapituler, la fête juive des Hannoukka est connue dans le monde grâce à un berbère. Et laprophétie biblique de « La Lumière des Nations » pourrait s’appliquer aux berbères, puisque ce sont eux qui ont inventé la bougie et qui ont éclairé le monde de leur savoir et de leurs idées. Même s’il est vrai qu’aujourd’hui, la lumière amazighe est devenue terne, il faudrait reconnaître que celle allumée par leurs ancêtres continue d’éclairer le monde, et qu’il faut donc espérer qu’elle reprenne vie et qu’elle redonne espoir aux chercheurs de lumière. Aux berbères de trouver la bonne huile pour alimenter leur lumière et reprendre leur rôle historique de diffuseur de savoir dans le monde.
Si les juifs, jaloux de leur histoire, voulaient bien nous expliquer la raison pour laquelle il existe dans les milieux séfarades un symbole de la Ménorah adossé sur le AZA berbère, ce serait une bonne chose. Le Aza est la lettre Z dans l’écriture berbère. Il convient donc d’avoir le courage de réclamer les véritables sources de la Lumière et de puiser dans celle qui a fait des juifs de véritables lumières. Les berbères, aussi brillants puissent-ils être, ne pourront relever la tête que s’ils se ressourcent dans cette partie de leur histoire, elle-même adossée à la civilisation d’Abraham, Aaron, Moïse, David et Jésus.
Le mot Ménorah signifie en berbère, l’illuminée. Et on ne met pas la lumière sous le boisseau, mais bien en hauteur, afin d’éclairer le plus possible. Il y a certainement beaucoup que les berbères peuvent tirer de lacivilisation hébraïque. Et il y a aussi certainement beaucoup que les juifs peuvent tirer des berbères. Notamment en cessant de confondre berbères et arabes, et de reconnaître la véritable identité de ce peuple qui a accueilli les premières migrations juives depuis presque trois mille ans. Les juifs et les berbères ont longtemps vécu ensemble, dans une certaine harmonie, jusqu’à ce que les premiers aient été délestés de leur identité au profit d’une autre, inspirée d’une religion dont le moins qu’on puisse dire, est vecteur de ténèbres. Ne serait-ce pas une bonne piste de réflexion ?
N. Ziani
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