Alors que nous approchons du nouvel an berbère qui sera célébré les 12 et 13 Janvier prochain en Algérie et au Maroc notamment, examinons ce que la documentation disponible à ce sujet a à nous dire. Nous allons particulièrement nous intéresser à la personne de Chachnaq, premier pharaon d’origine berbère.
Selon la chronologie égyptienne, il n’y a pas eu un seul pharaon berbère, mais plusieurs, formant ainsi une dynastie complète qui a régné sur l’Egypte pendant deux siècles. De Sheshon 1er à Osokron IV de 945 à 715 avant Jésus-Christ.
Chachnaq 1er
Le premier de ces pharaons est celui connu en Afrique du Nord par son véritable nom berbère, Chachnaq. Selon différentes sources, il serait originaire soit de la région de Tlemcen, soit de celle d’Oum El Bouaghi, soit de l’est de l’actuelle Libye. Toujours est-il, sa biographie officielle dit qu’il était issu de la tribu des Machaouech, nom dérivant du mot Amazigh. C’était un général puissant, à qui le Pharaon Psousénès II a fait appel pur l’aider à libérer l’Egypte et à la protéger. Chachnaq avait sous ses ordres une puissante armée Libyque à qui il a adjoint d’autres soldats venus des pays environnants.
Toujours selon cette biographie établie par un prêtre berbère d’Egypte, Chachnaq serait le petit fils d’un grand chef berbère appelé Sheshonq le Grand et de sa femme Mehtenvreskhet. Son père s’appelait Nimlot et sa mère Tanetsepheh. On lui connait un frère su nom de Mehtenoueskhet. Chachnaq a eu trois épouses, dont la première, Karoma 1ere lui a donné un fils, Osokron 1er qui va devenir lui-même pharaon. Pentreshmès, sa deuxième épouse lui donnera à son tour un autre fils, Nimlot 1er. La troisième, du nom de Mehtenoueskhet lui donnera une fille, Tashepenbastet qui épousera un grand prêtre d’Amon à Thèbes.
En signe d’alliance, un mariage a été conclu avec la fille de Pharaon, et Chachnaq s’est retrouvé naturellement héritier du trône d’Egypte. Trône dont il s’empara dès la mort de Psousénès. Dans un pays entièrement soumis au dictat des prêtres des différentes divinités, Chachnaq nomme son fils comme prêtre d’Ammon, divinité berbère qui donnera aux grecs leur dieu Zeus.
Après s’être bien installé dans le pouvoir, Chachnaq entreprend de grands travaux de modernisation de l’Egypte et s’engage dans une politique d’expansion militaire qui le conduira dans tout le proche orient, emportant des butins considérables, enrichissant ainsi son royaume. La Bible lui consacre plusieurs passages relatant sa prise de Jérusalem.
Chachnaq développera ainsi l’économie de l’Egypte en établissant de fortes relations avec Biblos au Liban, en développant le commerce en Mer Rouge et en renforçant les routes commerciales vers le sud, notamment l’Arabie et l’Ethiopie. Il se lance aussi dans une programme de construction gigantesque, puisqu’il bâtit des temples et des palais à Eléphantine, à Thèbes, à Teudjoï, à Memphis et à Tanis, la capitale. Beaucoup d’inscriptions sur les murs des palais égyptiens racontent les hauts faits et la gloire de ce pharaon d’exception. Il est mort vers 924, quelques années après son retour de la campagne victorieuse menée en pays de Canaan. C’est son fils Osokron premier qui prendra sa place. Il poursuivra la politique de son père, toutefois avec moins d’éclat et de splendeur. Son règne durera 35 ans.
Osokron 1er
Osokron 1er a régné entre 924 et 890 avant Jésus-Christ. Tout comme son père, il se lança dans de grands travaux et construisit de nombreux temples pour gagner l’estime et le respect du clergé, lui assurant la tranquillité. D’ailleurs, son règne a été l’un des plus paisibles en Egypte.
A la mort d’Osokron 1er, le règne fut assuré par Takélot 1er dont on ne se sait malheureusement pas grand-chose. On ne lui connait aucun fait majeur, ni en politique, ni en économie, ni même en constructions. L’histoire officielle ne retient de lui qu’un passage obscur au pouvoir. Cela ne veut pas dire nécessairement qu’il n’ait rien fait. La recherche dévoilera peut être un jour, ce qu’on ignore encore aujourd’hui.
Osokron II
Osokron II qui a succédé à son père est plus connu grâce à la statue en or qu’il a laissé. Elle représente les divinités égyptienne Osiris, Isis et Horus. Son règne fut compliqué, puisque le sud de l’Egypte contestait son pouvoir. Et il lui a fallu beaucoup de temps pour affirmer son autorité et redresser la situation. Il installe un de ses cousins à la tête de la province rebelle de Thèbes et ses fils à Tanis et à Memphis. Il entame aussi de grands travaux de réparation des temples anciens et construit des palais et des temples. Sur le plan international, il s’allie avec les royaumes assyriens pour empêcher l’extension des territoires des rois de Mésopotamie. La date de la fin du règne d’Osokron II n’est pas très claire. Mais son règne a duré plus de vingt-deux années, au moins jusqu’en l’an 850 avant Jésus-Christ, date à laquelle Takelot II accéda au trône.
Takhelotis a eu un règne des plus mouvementés. Il a passé son temps à essayer de rétablir l’ordre lors de nombreuses révoltes et guerres civiles qu’a connus le pays. L’autorité de Takelot a toujours été contestée, ce qui a empêché ce pharaon de mener quelque projet que ce soit. Le royaume d’Egypte commence à s’effriter. C’est son fils Sheshonq III qui lui succédera.
La fin de la Dynastie
Sheshonq III sera le pharaon qui verre l’Egypte se scinder en deux. Il régna entre les ans 825 et 818 avant Jésus Christ sur l’ensemble de l’Egypte avant que son royaume ne se limite plus qu’à
celui de Tanis jusqu’en -773. Le royaume d’Egypte vol en éclat, et la période dite de l’anarchie Libyenne commence. Sheshonq III se consacre alors à la construction de palais et de temples presque exclusivement dans le Delta du Nil. Il meurt après plus de trente ans de règne. C’est son fils Pimay qui lui succède, mais ne réussit pas à rétablir l’unité du pays. Bien au contraire, sa dislocation s’est accrue, affaiblissant ainsi le pays des pharaons. Le règne de Pimay ne dura que six ans, avant que son fils Sheshonq V ne le remplace. On ne sait pas grand-chose de son règne, sinon qu’il eut un fils, Osokron IV qui clôturera la dynastie des rois berbères en Egypte. A cette époque, l’Egypte est gouvernée par quatre rois différents, témoignant ainsi de la grave division qu’a connu ce pays. Le règne de la Dynastie Sheshonquide prend fin en l’an -715.
L’établissement des faits relatifs à cette dynastie et sa chronologie est un peu complexe, puisque les sources semblent ne pas être d’accord sur les dates et la longueur des règnes. En fait, les pharaons avaient l’habitude de nommer leurs successeurs comme co-régents du royaume longtemps avant leur accession réelle au trône. Ce qui explique pourquoi il y a certains chevauchements dans ces chronologies. Toujours est-il, que sur le début et la fin de la période berbère de la 22eme dynastie d’Egypte, il y a un consensus.
Nabil Z.
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