La Mimouna marque chez les communautés juives d’Afrique du Nord la fin de la fête de Pessah. Elle est depuis ces 25 dernières années un évènement obligatoire pour toutes les figures publiques juives.
On y mange pour la première fois du levain sous forme de "moufleta" ou simili-crêpes. Importée du Maroc et d’Algérie, la Mimouna est devenue celle d’Israël, des hommes politiques d’abord qui y ont vu un moyen d’ancrage auprès des populations sépharades et de l’Israël culturel ensuite, avide de redécouvrir son passé. Ce renouveau de Mimouna symbolise le succès du meeting pot israélien.
Cette festivité symbolisant l’arrivée du printemps, la convivialité, la fraternité entre toutes les parties du peuple juif, les bénédictions pour l’abondance, s’est imposée d’elle-même comme une fête nationale israélienne et non plus comme un résurgence de pratique particulière à telle ou telle ethnie des multitudes origines de la population israélienne. Au lendemain de la fin de la fête de Pessah, les festivités centrales de la Mimouna ont lieu au Binyanei Haouma, les Palais de la Nation à l’entrée de Jérusalem.
Deux millions d’Israéliens fêtent la Mimouna. Une centaine de milliers de foyers célébrent cette fête, bien ancrée en Israël. La quiétude, le pacifisme qui avaient caractérisé la Mimouna ont montrés combien Israël, grâce à sa diversité, sait s’unir et être un exemple.
La Mimouna, influencée par son environnement arabo-berbère, clôt la fête de Pessah. L’origine du mot Mimouna varie selon les auteurs. Ainsi, il a été associé à la mort du père de Maïmonide, à émouna et à un mot provenant de l’arabe dialectal qui signifie bon présage. Il pourrait provenir de l’espagnol Mi Mona (Mon gâteau).
L’importance de la Mimouna s’expliquerait aussi par l’injonction de retrouver la joie de la fête de Pessah, ternie par la mort des Egyptiens selon l’épisode biblique. Elle reflète aussi la perspective messianique associée à la libération nationale et spirituelle.
La Mimouna est célébrée même dans les kiboutzim pour signifier la rupture avec la Pâque.
Au Maroc à l’occasion de la Mimouna, les voisins musulmans, dans une atmosphère de convivialité, apportaient à leurs amis juifs, des aliments qui leur ont manqué pendant les huit jours de fête.
Pendant que les hommes assistaient à un office où de nombreux piyoutim sont chantés comme le Ein Kelohenou,les femmes préparaient la table richement dressée :
Le poisson (symbole de fertilité), une coupe de farine (pour signifier l’abondance et le retour au pain) où sont disposés des pièces de monnaie, des bijoux, des cosses de fèves vertes et des oeufs (symboles d’abondance), de l’huile contre le mauvais oeil, du lait frais, du beurre, du lait caillé, des fruits secs, des fruits, des feuilles de laitue symbolisant le printemps, etc.
Plusieurs spécialités alimentaires sont aussi apprêtées :Gâteaux à base d’amandes, zaban (nougat), mrozya (confiture de raisins secs aux amandes et aux noix), mofleta, crêpe à base de farine et d’oeufs trempée dans du miel et enveloppée de beurre, le tout accompagné de thé à la menthe.
A son retour de l’office du soir, le chef de famille bénit les membres de sa famille, et leur offre une feuille de laitue trempée dans du miel accompagnée d’une gorgée de lait.
Origine de la Mimouna
L’origine de la Mimouna est difficile à retrouver, le nom lui-même est interprété de différentes façons. Certains lient cette fête à la Hilloula de Rabbi Maimon, rabbin et sage réputé et vénéré au Maroc, père du célèbre Maimonide.
D’autres voient un rapport entre le terme de Mimouna et Emouna (foi en hébreux) qui célébrerait la foi et la croyance dans la fin de la Diaspora et l’arrivée des temps messianiques.
D’autres encore se réfèrent à la racine Mamon de Mimouna (argent en hébreux) et lient cette fête à la notion de richesse, d’abondance après les “privations” de Pessah. Cette référence est très présente dans les vœux que l’on se fait les uns aux autres le soir de la fête: Tbarkou Ou Tsa’dou (soyez bénis et réjouissez-vous), Terbhou (que vous gagnez). Bonheur et abondance sont les deux notions les plus présentes dans cette fête.
Cette célébration pourrait aussi avoir une consonance locale maghrébine, presque païenne et liée au surnaturel, qui fêterait tout simplement le printemps (référence à Si Mimoun, roi des génies et Lalla Mimouna, sainte qui distribue fertilité et abondance). Lalla Mimouna est aussi sainte femme de l’islam.
Georges Chouraqui complète et précise : il faut savoir qu' a cette occasion il y avait aussi la tradition des Juifs d'origine d'Algérie La tradition était de manger le Couscous sucré au beurre et raisins secs.Les familles allaient de familles en familles sans invitation pour leur faire honneur et pour déguster ce plat ainsi que les gâteaux et friandises et boire du lait caillé. Mais dans beaucoup de Familles comme celle de mon Papa (zal), ce soir là ils ne goûtaient à aucun plat.Beaucoup de personnes le raillaient en lui disant qu'il était plus royaliste que le Roi pour attendre au lendemain.Mon Papa (zal) répondait que c'était ainsi chez son père et grand père sans pouvoir expliquer la raison.
Nous avons eu l'explication en 1975, lorsque Le Grand Rabbin Joseph Haïm Sitruk a pris ses fonctions à Marseille . " Rien ne devait être acheté et préparé avant la nuit et la prière, sinon ces produits étaient considéré comme du hametz " Mon papa avait raison ... C'est à la suite de cette explication que la soirée de la Mimouna à Marseille a été reportée et fêté le lendemain .
Nabil Z.
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