Le meilleur récit de l’histoire de l’Église se trouve dans le Nouveau testament. En particulier, dans le livre des Actes. On y trouve des éléments importants concernant le lieu de rassemblement de la première église de l’histoire, chez une famille d’Afrique du Nord.
C’est à cet endroit précis que Jésus a pris son dernier repas, le dîner de la Pâque, avec ses douze disciples et c’est également en ce lieu que les cent vingt disciples ont reçu le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte à Jérusalem. Ce lieu est connu sous le nom du Cénacle. Mais en fait, c’était une maison qui appartenait à une famille originaire d’Afrique du Nord, celle de Marie, la mère de Jean appelé Marc, l’auteur de l’évangile qui porte son nom. C’est également dans cette maison que Simon-Pierre s’est réfugié la nuit ou il avait été miraculeusement libéré de prison dans Actes 12.
De retour de Jérusalem après la Pentecôte, les premiers disciples Berbères de Jésus qui y fréquentaient déjà la Synagogue des Affranchis, ont commencé à se réunir dans les synagogues de la Pentapole: Cyrène, Bérénice, Arsinoé, Apollonia et Ptolémaïs.
Ils persévéraient dans l’enseignement des Apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. Il semblerait que le nombre de convertis dans cette région fut important, au vu du nombre de personnages célèbres qui en sont issus. L’Évangile pénétra dans toutes les régions du sud de la Méditerranée et dans tous les villages. On a compté au quatrième siècle jusqu’à trois basiliques par village, y compris les plus reculés. La région des Babors s’est particulièrement distinguée à ce sujet.
La communauté chrétienne de Cyrène va donc donner de grands noms à la chrétienté, en plus de Simon de Cyrène et Alexandre et Rufus ses deux fils : Marc sera considéré comme le fondateur de l’Église Copte à Alexandrie en Égypte ; Lucius de Cyrène qui sera le premier Évêque d’Antioche en Syrie (l’actuelle Antakia en Turquie), Synésios de Cyrène, Évêque de Cyrène, et Théodore de Cyrène, copiste des textes sacrés, mort en martyre. Dans leur zèle, les premiers Chrétiens Berbères voyageaient beaucoup pour annoncer l’Evangile et fonder de nouvelles églises : A Alexandrie voisine, à Antioche en Syrie, à Carthage à Rome, et plus tard en Espagne, en Catalogne et au sud de la Gaule.
Dès le deuxième siècle, une importante communauté va naître à Carthage, héritière de sa sœur ainée de Cyrène, et sera connue dans le monde gréco-romain par les écrits de ceux qui vont devenir « Pères de l’Église », à l’instar de Tertullien, de Cyprien et de Saint Augustin. Ils poseront les fondements de la doctrine chrétienne pour les siècles suivants.
Les Pères Berbères de l’Église.
Sur les trente-trois personnages que compte la liste officielle des Pères de l’Eglise, cinq sont des Berbères.
Minucius Félix, auteur d’un livre célèbre, « L’Octavius », Il a vécu aux deuxième et troisième siècle.
Tertullien de Carthage, auteur de plusieurs ouvrages de doctrine et de témoignage sur la vie des chrétiens des premiers temps en Afrique du Nord. Il est le premier à utiliser le mot Trinité et à expliquer la doctrine y afférant. Il est également le premier auteur Chrétien à écrire en Latin.
Cyprien de Carthage ou Saint Cyprien, fut évêque de Carthage. Il est l’auteur du premier livre sur l’Ecclésiologie. Il est mort en martyre, sur ordre du gouverneur romain de la ville.
Marius Victorinus Afer était un philosophe, rhéteur et grammairien né à Taghaste. Il est devenu célèbre pour avoir combattu les hérésies d’Arius et des manichéens.
Enfin, on ne peut oublier de parler de Saint-Augustin, qui était le seul a être considéré comme Père et Docteur de l’Église à la fois. Il est l’auteur des « Confessions » et de « la Cité de Dieu ». C’est le plus grand et le plus prolifique des tous les Pères de l’Église. Son système de pensée « L’Augustinisme » a influencé de nombreux penseurs et théologiens pendant des siècles, comme Martin Luther, Jean Calvin, John Henry Newman, René Descartes, Blaise Pascal, etc…
L’Afrique du Nord a également donné d’autres grands noms à la chrétienté. Il y eut entre autres, trois Papes Berbères : Victor Premier, Miltiade et Gélase Premier. Tous trois auteurs de grandes réformes dans l’Église, comme la fixation du Calendrier des Pâques, la latinisation de la liturgie et la fixation du canon des livres de la Bible. Gélase Premier fut celui qui popularisa la fête de la Saint Valentin.
On peut également citer Lactance, élève d’Arnobe de Sicca. Il est l’auteur des « Institutions Divines ». Avec lui, il y a eu de nombreux autres écrivains Chrétiens d’Afrique du Nord. En réalité, selon L’Abbé Vincent Seralda, durant cent cinquante ans, la seule littérature Chrétienne Occidentale venait d’Afrique du Nord et non pas d’Europe. Plusieurs auteurs occidentaux considèrent qu’à cette époque, rares furent les écrivains d’Europe, à l’exception de Saint Jérôme, traducteur latin de la Bible.
Les nord-Africains ont donc été les premiers à accueillir l’Église naissante et ont travaillé avant tous les autres à répandre l’Évangile autour de la Méditerranée. Au cinquième siècle, on a compté quelques sept mille églises dans toutes l’Afrique du Nord et on a dénombré plus de vingt mille évêques.
Aujourd’hui, il est devenu extrêmement difficile d’ouvrir une église au Maghreb, pour ne pas dire impossible. Les églises qui existaient, en dehors de celles fréquentées par des étrangers, ont toutes été fermées par les gouvernements en place. Ce qui aurait dû être un patrimoine national à préserver et valoriser est devenu quelque chose d’insupportable pour ceux qui en ignorent l’importance et la valeur. Il est temps de reconsidérer ces mesures absurdes et de redonner à l’Église d’Afrique du Nord sa place de patrimoine inaliénable.
Nabil Z.
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