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Photo du rédacteurNabil Z.

La Sibylle Libyque, Histoire d’une Prophétesse Amazighe

Les Sibylles étaient des femmes douées de dons prophétiques, capables d'annoncer l'avenir. L'Antiquité classique en a retenu une dizaine, dont les noms furent transmis par les « Institutions divines » de Lactance. Rhéteur et homme de foi amazigh du troisième siècle, il était considéré dans l’antiquité comme « le Ciceron chrétien ». C’est dire l’autorité morale spirituelle et philosophique dont il jouissait, et la crédibilité de ce qu’il rapporte.



Selon l’encyclopédie en ligne Wikipedia, « La Sibylle libyque est une prêtresse et une prophétesse. Elle présidait l'oracle de Zeus et Ammon dans l'oasis de Siwa dans le désert de Libye ».


La plus ancienne Sibylle berbère connue remonte au cinquième siècle avant Jésus-Christ, par Euripide, décrite comme la fille du dieu Zeus et de la reine Lamia, fille d’Anzar ou de Poséidon. La légende raconte qu’Alexandre le Grand, en arrivant dans l’Oasis de Siwa avait rencontré une Sibylle qui l’avait reconnu comme quelqu’un d’important, « fils légitime du Pharaon d’Egypte ». Michel-Ange, le célèbre peintre a décrit les sibylles en les peignant aux cotés de sept prophètes dans sa célèbre œuvre de la Chapelle des Sixtine. On les retrouve également dans plusieurs autres œuvres picturales à travers toute l’Europe. Mais partout, elles sont associées à un livre ou un parchemin, dans lequel serait inscrit l’Oracle qu’elles étaient chargées de prononcer.


La Bible ne parle en aucun cas des sibylles, et tout ce qu'on en dit reste très-incertain. Le nom de sibylle en grec, selon la plupart des étymologistes, signifie le conseil de Dieu. Les sibylles étaient, dit-on parmi les païens ce que les prophétesses et les prophètes étaient parmi les Hébreux dans l’Ancien Testament: elles étaient censées prédire l'avenir et annoncer aux peuples des vérités importantes. Plusieurs anciens écrivains de l’antiquité ont parlé de ces Sibylles. Saint Clément d'Alexandrie dit, reprenant une ancienne citation : « Prenez en main les livres des Grecs, lisez les Sibylles, et voyez ce qu’elles disent de l'unité d'un Dieu, et comment elles annoncent l'avenir, et vous y trouverez clairement le Fils de Dieu ». Plusieurs anciens Pères ont cité des vers attribués aux sibylles, et en ont tiré des arguments favorables à la Foi; mais des critiques sont persuadés aujourd'hui que ces vers ont été composés après coup, et qu'ils ne furent jamais des sibylles.


Platon, Aristote, Cicéron, Tite-Live et bien d’autres philosophes et théologiens, parlent des sibylles avec respect. Virgile avait pris sans doute des vers sibyllins ce qu'il dit de la naissance du Messie. 


C'est de la même source que Suétone a prise qu'au temps de Vespasien il y avait une opinion constamment et généralement reçue dans tout l'Orient, que le destin avait décrété qu'en ce temps-là viendraient de laJudée ceux qui auraient l'empire du monde. Flavius Josèphe, qui vivait du temps de Vespasien au premier siècle, cite dans son Histoire un passage des Sibylles qui parlait du déluge. Saint Clément d'Alexandrie assure que saint Paul, dans ses prédications, citait quelquefois les livres sibyllins et y renvoyait les païens. Les anciens Pères de l'Eglise, comme saint Justin le Martyr, Athénagore, Théophile d'Antioche, les berbères Tertullien, Lactance et saint Augustin, saint Jérôme et Eusèbe, et les autres, s'en sont servis utilement contre les païens; et le fréquent usage qu'ils en faisaient leur fit donner par quelques-uns le nom de sibyllistes.


Il ne faut surtout pas oublier que l’histoire antique est généralement composée de faits réels et de légendes empruntées à diverses civilisations, dont celle des amazighs occupait la première place. Ces éléments ont parfois conduit à la création de nouvelles histoires ou de nouvelles légendes. En témoigne, la mythologie grecque qui allie l’histoire des hommes et celle des dieux.


Prophètes païens et prophètes bibliques

Les Sibylles antiques furent adoptées par les Pères de l'Église, qui virent dans leurs oracles l'annonce de la venue du Christ. Elles devinrent ainsi, dans l'imaginaire occidental, quelque chose comme le pendant païen des prophètes bibliques qui, eux aussi, aux yeux des exégètes chrétiens, avaient annoncé, en termes voilés, voire cryptés, la venue du Rédempteur. La confusion a régné pendant de longs siècles sur la véracité des ces prophétesses, et la nature de l’inspiration de leurs oracles. Et pour faire passer leur message, beaucoup leur ont attribué, à tort ou à raison, l’annonce de la venue du Christ, le Messie.


Depuis le haut Moyen Âge, ces Sibylles furent représentées soit isolées, surtout l'Érythréenne et la Tiburtine -D’ailleurs, cette dernière est associée à l'empereur Auguste qui avait eu la vision de la Vierge à l'Enfant- Soit, le plus souvent, groupées, quand elles n'ont pas pour pendant les philosophes de l'Antiquité païenne. Certains ont même reconnu la qualité de quasi-prophètes aux philosophes qui avaient réfléchis sur l’existence de Dieu et la venue du Messie. En fait, des prophètes, mais sans inspiration divine directe comme c’est le cas des célèbres Moïse, David et Salomon.


Les Sibylles ont chacune des attributs propres grâce auxquels on peut les reconnaître. L'Érythréenne, par exemple, a un globe céleste, une épée, un agneau et une rose en référence à l'Annonciation, qui est le moment ou l’ange Gabriel annonce à Marie qu’elle allait devenir enceinte et donner naissance à Jésus. La Libyque est généralement vêtue de bleu. Elle porte une couronne de laurier, une chaîne brisée signifiant la fin de l'esclavage –thème cher aux berbères-, et un cierge allumé annonçant l'avènement du Christ, lumière du monde.


Légende romaine

Lactance  et quelques autres racontent qu’il vint à Rome une femme étrangère qui offrit au roi neuf volumes des oracles des Sibylles dont elle demandait trois cents pièces d'or. Tarquin ne voulant pas lui donner cette somme, elle en brûla trois des neuf, et lui offrit les six qui lui restaient pour le même prix. Tarquin la renvoya comme une folle, et se moqua d'elle. Elle en brûla encore trois en sa présence, et lui demanda s'il voulait lui donner les trois cents pièces d'or des trois qui lui restaient.


 Intrigué par ce comportement, Tarquin soupçonna qu'il y avait là dedans du mystère. Il envoya chercher les augures pour savoir leur sentiment; ils répondirent qu'ils trouvaient par certains signes, que ce qu'il avait méprisé était un présent des dieux; que c'était grand dommage qu'il n'eût pas acheté les neuf volumes; ils le pressèrent de donner à cette femme ce qu'elle demandait pour les trois qui restaient ; ce que le roi fit. La femme livra ses livres, avertit qu’il fallait qu'on les conserve précieusement; et qu'ils contenaient la destinée de Rome.


 Après ces paroles elle se retira, et on ne sait ce qu'elle devint. Tarquin fit mettre ces trois volumes en une espèce de coffre de pierre dans une voûte souterraine au temple de Jupiter Capitolin, et en confia la garde à deux personnes de la première qualité de Rome, avec défense de laisser faire lecture ni tirer copie de ces livres, sans des ordres exprès du roi lui même. Après l'abolition de la royauté à Rome, on continua d'avoir pour ces livres le même respect, et les Romains en firent un des plus grands ressorts de leur politique, faisant croire au peuple tout ce qu'ils jugeaient à propos, comme tiré de ces livres, qu'on ne consultait et qu'on n'ouvrait jamais qu'en vertu d'un décret du sénat.


Pendant les guerres civiles de Marins et de Sylla, le feu ayant pris par hasard au Capitole, les livres sibyllins furent consumés par les flammes. Mais plusieurs autres livres d’origines diverses existaient à Rome. Certains parmi leurs propriétaires se permettaient même de rajouter de leur propre chef des oracles et les consignaient dans ces livres, créant ainsi de la confusion parmi le peuple.


Les Romains, pour conserver à ces livres quelque crédit, firent interdire, sous peine de mort, aux particuliers d'en garder des copies ; mais ces ordres furent mal observés ; et Auguste, au commencement de son règne, renouvela les anciennes interdictions, et ayant fait une sérieuse recherche de ces exemplaires, et les ayant fait examiner avec beaucoup de rigueur, il fit brûler tous ceux qui étaient jugés comme des faux, et fit mettre le reste avec ce qui était déjà au Capitole. Dans la suite Tibère en fit encore une nouvelle révision, et en condamna au feu plusieurs volumes ; et ces oracles sibyllins eurent cours jusque vers l'an 399, avant qu'ils ne soient entièrement détruits. La raison en était qu’une des prophéties tirée de ces livres annonçaient que la foi chrétienne allait disparaître après trois-cents soixante-cinq ans. Ce qui tombait en l’an 398. Mais à cette époque, le christianisme était à son apogée. Constatant que cette prophétie était fausse, l'empereur Honorius, prenant donc l’occasion de cette malice des païens, ordonna l'année suivante à Stilicon de faire brûler tous les livres des Sybilles ; ce qui fut exécuté en 399, et on abattit jusqu'aux fondements, le temple d'Apollon où ces prétendues prophéties étaient gardées.

Voilà pour quelle raison ces livres ont disparu, emportant par là même, les preuves de l’existence de la Sibylle libyque, patrimoine du peuple amazigh. Heureusement que des gens comme Lactance en ont rapporté des extraits, permettant au moins, d’en savoir un peu sur une partie de notre histoire religieuse et spirituelle.


Nabil Z.

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