On connaissait l’Âne d’Apulée, mais pas le Chat du Rabbin. Pourtant, ce dernier vient de faire son apparition, à la fois sur les Bandes Dessinées et sur les écrans des Dessins Animés.
Le Chat du Rabbin est une série de Bande Dessinée, ou on voit le chat d’un rabbin d’Alger raconter sa vie et ses échanges avec son maître. Contrairement à l’âne d’Apulée qui ne fait que raconter ce qu’il voit et entend, le chat du rabbin parle et discute avec son maître et sa fille Zlabya, depuis qu’il a dévoré le perroquet de la maison. L’histoire commence à Alger, dans les années vingt.
Le chat du rabbin est intelligent. Il est même un peu philosophe, puisqu’il arrive à questionner les croyances de son maître et le faire parfois douter de sa foi. Il en fait de même avec un autre rabbin, maître de son maître. Il lui demande même de lui enseigner la Torah, le Talmud et les livres sacrés du judaïsme. Parce que le chat veut devenir un bon juif. « Mais pour quelle raison ? » lui demanda son maître. C’est qu’à cause de ses questions, il pourrait perturber Zlabya. Il lui a donc été interdit de tourner autour d’elle. C’est pour ça que notre chat veut devenir un bon juif, pour avoir le droit de retourner auprès de la fille de son maître.
Le chat du rabbin a un nom : Imhotep. Un nom égyptien. Car le chat est le symbole de l’Égypte. Un animal sacré. Mais alors, pourquoi l’histoire démarre-t-elle à la Casbah d’Alger ? Tout simplement, parce que l’auteur de cette bande dessinée, Joann Sfar est de père juif d’Algérie. Son grand père était rabbin, et a beaucoup compté dans sa vie. Et les histoires de la vie en Algérie avaient bercé son enfance. L’histoire du chat est donc inspirée des histoires familiales de la famille Sfar, sépharades d’Alger. Ce diplômé de philosophie est actuellement enseignant à l’École des Beaux-Arts de Paris.
Sur la biographie de Joann Sfar, le site de cette École nous apprend que « Joann Sfar compose une œuvre d’une originalité absolue. La profondeur de ses histoires n’exclut jamais la drôlerie ou la sensualité. Ses personnages ont la truculence de ceux d’Albert Cohen et le plaisir de dessiner est chez lui aussi communicatif que chez Quentin Blake. Il est de ceux grâce auxquels la bande dessinée s’est éveillée à une vie nouvelle. S’il se définit lui-même comme un dessinateur compulsif qui ne passe pas un jour sans prendre son crayon, cet adepte d’un trait vivant jeté sur le papier est aussi un authentique écrivain. Car ce raconteur d’histoires accorde autant d’importance aux mots qu’aux images, aussi à l’aise devant ses planches que face à son écran d’ordinateur ou derrière une caméra ».
Dès l’âge de quinze ans, il dessine des personnages, mais les maisons d’édition rejettent ses projets de réalisation de Bandes Dessinées. Jusqu’en 1994 quand simultanément, trois éditeurs lui font des propositions. Il publie alors sa première BD, « Noyé le poisson ». Depuis, nous apprend le site de Gallimard, « avec un foisonnement qui n'a que l'apparence du désordre, Joann Sfar compose une œuvre d'une originalité absolue ». Il a publié plus de cent bandes dessinées, comme "Petit Vampire", "Donjon" ou "Pascin". Il a aussi été auteur de films comme "Gainsbourg" et coréalise le dessin animé tiré du "Chat du Rabbin".
« Le Chat du Rabbin » n’est donc plus seulement une BD, mais également un Dessin Animé. Ce chat accompagne donc son maître qui se lance dans une extraordinaire aventure. Avec son ami imam musulman, le rabbin juif, grâce à un magnat russe, s’engage dans une expédition à la recherche de la ville mythique de Jérusalem qui, lui avait-on dit, se situerait en Éthiopie. Il traverse donc le territoire des Touaregs, s’engage dans la brousse africaine, bravant tous les dangers, avant d’arriver en Éthiopie ou il espére trouver une communauté juive de la célèbre Jérusalem.
Sans raconter la fin de l’histoire, il est important de signaler qu’aussi bien la Bande Dessinée que le dessin Animé sont d’une grande qualité, à la fois au niveau des graphisme que du texte. Ils sont empreints de beaucoup d’humour, et cachent souvent des messages discrets, comme ceux concernant les relations entre les différentes communautés, tout en dénonçant le racisme et le sexisme. L’histoire de notre chat juif a également été adaptée au théâtre.
La BD du « Chat du Rabbin » ne s’est pas arrêtée à un seul volume. Joann Sfar en est à son neuvième avec des thématiques toutes aussi intéressantes les unes que les autres. On y trouve des titres comme « Le Paradis Terrestre », « La Tour de Bab-El-Oued », « La Reine de Shabbat », etc… Les volumes sont préfacés par des personnalités célèbres comme Mohamed Fellag et Georges Moustaki. Il est traduit dans plusieurs langues comme l’anglais, l’allemand ou l’espagnol. L’auteur a déjà reçu plusieurs prix comme celui du « Jury Œcuménique de la Bande Dessinée » en 2003, le Prix Eisner pour la meilleure édition américaine d’une œuvre internationale, en 2006, et le Prix Spécial de la Fondation Gan pour le Cinéma, en 2008.
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