Au début du huitième siècle, les invasions arabes s’approchent dangereusement de la Maurétanie Tangitane, et les tribus Berbères sont divisées quant à l’accueil qu’elles devaient réserver aux nouveaux conquérants. Dans la confédération des des Masmouda, une des trois confédérations Berbères avec les Sanhadja et les Zénètes, un prince Berbère de la tribu Chrétienne des Ghomara dans le Rif, est nommé Comte de la Tingitane, régnant sur toute la région et sur une partie du sud de l’Espagne, notamment Algesiras et Cadix, ainsi que les Iles Baléares.
Son nom est Julien et les Arabes l’appelaient Yulian. C’était un homme habile et un fin négociateur, réussissant à gagner des batailles avant même qu’elles ne commencent. Il était très apprécié par la population qui voyait en lui un chef audacieux et intelligent qui lui assurait sécurité et prospérité.
Les armées Arabes arrivent et tentent d’encercler Tanger. mais ils sont repoussés par les armées Maures et Okba qui commandait les envahisseurs est contreint de rebrousser chemin ayant été repoussé jusque derrière le fleuve du Chéliff. Plus tard, le gouverneur Arabe de Tunisie, Moussa Ibn Noussayr tente une nouvelle attaque, mais les soldats Maures le repoussent et son armée subit de cuisantes défaites.
Julien avait de l’autre côté du Détroit, un allié en la personne du roi Wisigoth Rodéric. Et le comte Berbère qui était marié à la fille du prédécesseur de Rodéric n’hésita pas à envoyer sa fille Florinde, belle et cultivée, pour parfaire son éducation à Tolède. Malheureusement, elle se fait violer par le roi Rodéric qui la met enceinte. La légende rapporte qu’elle fit envoyer à son père Julien un oeuf pourri, accompagné d’une lettre pour l’informer de ce qui lui était arrivé et ou elle aurait écrit : « « Mon père, votre honneur et le mien sont souillés. Il eut mieux valu pour vous et pour moi que vous m'eussiez tuée au lieu de m'envoyer ici. Vengez-vous, et vengez-moi. » . Dès lors, Julien chercha le moyen de rétablir son honneur et de punir son ancien allié. Il a envoyé une lettre au roi d’Espagne en lui jurant qu’il allait entendre parler de lui. Julien savait que les Espagnols n’aimaient pas ce roi qui était injuste et brutal. Des princes locaux attendaient une occasion favorable pour le renverser et récupérer son trone.
Entre temps, un général Berbère a pris le commandement des troupes musulmanes et cherche le moyen de traverser le Détroit pour aller à la conquête de l’Ibérie. Il négocie avec Julien qui y voit une opportunité de se venger contre celui qui avait porté atteinte à l’honneur de sa fille. Il conclut un traité et fournit aux troupes Maures des bateaux pour leur permettre de traverser la mer. Mais lui-même, ne participa pas à la conquête de l’Espagne, se contentant de garder une place forte au sud de la Méditerranée, l’actuelle enclave de Ceuta.
Le gouverneur Arabe de Tunisie, en accord avec le Calife de Damas, redoutaient les Espagnols et craignaient que le traité avec Juilan fut un piège pour éloigner les Arabes de leurs bases et les massacrer une fois arrivés en Espagne. Ils décidèrent donc d’envoyer les Berbères Maures à leur place, attendant de voir comment les choses allaient tourner. Seuls des Maures sont partis en Espagne. Les Arabes qui les accompagniaient se comptaient sur les doigts d’une seule main. l’Espagne ne fut donc jamais conquise par les Arabes, mais par les Maures, aidés par Le compte Chrétien Berbère, Julien.
L’armée de Tarik a alors traversé le Détroit qui portera son nom en 711 à la tête de douze mille hommes et alla à la conquête de l’Espagne, la pillant et détruisant le royaume visigoth de Rodéric. En seulement quatre ans, la presque totalité de la Péninsule fut prise. Seuls quelques petits territoires restèrent indépendants.
Une fois l’Espagne conquise par les tribus Berbères telles que les Oualhaça, les Beni Snous, les Ghomara, les Koumia, les Médiouna, les Zénata,... les Arabes arrivèrent pour en prendre possession et se réclamer de la victoire. Comme à leur habitude, ils s’emparèrent des trésors et Mouusa Ibn Nousseir épousa la veuve du roi d’Espagne.
Cette histoire nous apprend en fait que les Berbères ont beaucoup résisté à l’invasion Arabe. On connait les épopées de Koceila et de la Kahina et leur héroïque résistance aux invasions Arabes. Celle de Yulian reste à explorer de façon plus approfondie, expliquant en fait pourquoi les Arabes avaient pris l’Egypte en Sept ans, et il leur aura falu soixante dix ans pour prendre le reste de l’Afrique du Nord.
La prise de l’Andalousie n’aurait certainement pas pu se faire si un roi visigoth n’vait pas porté atteinte à l’honneur d’une femme qui ne demandait rien d’autre qu’à parfaire son éducation dans une relation de confiance entre deux royaumes. Les bas instincts du roi Wisigoth l’ont perdu et ont ouvert la porte à l’invasion de tout son pays.
Julien termina sa vie à Septem, l’actuelle Ceuta, et la région fut prise par les Arabes sans combat. Ces derniers finiront par être chassés par les Berbères sous le commandement de Maysara en 740, les obligeant à se réfugier à Kérouan en Tunisie, libérant ainsi le Maghreb de la domination injuste des gouverneurs nommés par Damas.
Nabil Z.
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