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Photo du rédacteurNabil Z.

« Le Coran des historiens », une synthèse des Travaux Historiques sur l’Islam.

Que savons-nous vraiment des origines de l’Islam et du Coran, en dehors de ce que nous disent les sources islamiques ? C’est pour répondre à cette question qu’une trentaine de spécialistes de l’Islam ont publié ce monumental ouvrage de plus de trois mille pages.


En effet, les sources islamiques sont nombreuses mais tardives. Elles remontent en moyenne à deux siècles après le début de l’Islam. Que disent les historiens sur cette période ? Ont-ils pu trouver d’autres sources qui permettraient de mieux comprendre l’Islam des premiers siècles, depuis sa naissance ?

Pour ce faire, le groupe de chercheurs dirigé par Mohamed-Ali Amir Moazzi, Chef de chaire d’Islamologie à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, et Guillaume Dye, professeur d’Islamologie à l’Université Libre de Bruxelles, a analysé toutes les sources historiques disponibles sur cette question, pour pouvoir en faire une synthèse et permettre aux lecteurs de mieux comprendre l’histoire de cette religion. Ils ont donc enrichi le répertoire bibliographique islamologique de sources extra-musulmanes, pour permettre en quelque sorte, d’avoir un regard croisé sur cette période de l’histoire. Ils ont donc décidé d’appliquer à l’Islam la même méthode d’analyse qui a été appliquée à l’étude du judéo-christianisme, à savoir la méthode historico-critique.

Méthode historico-critique.

Cette méthode, avait déjà amené à revoir, par exemple, les dates d'élaboration de la Bible, les origines du nom « Yahvé » ou les conditions d'élaboration des Évangiles, font remarquer les adeptes de cette méthodologie. Elle a été appliquée ici à toutes les sourates ou à tous les chapitres du Coran, offrant une lecture inédite du livre sacré de l’Islam.Ils ont donc analysé en détail chacune des 114 sourates en les restituant dans leur contexte historique, géographique et religieux. « C’est un travail d’exégèse monumental, qui permet de découvrir combien le texte sacré de l’islam est irrigué par les textes juifs et chrétiens antérieurs (notamment les histoires d’Abraham, de Moïse et de Jésus) et comment, à travers les âges, « son message spirituel a été effacé et politisé, militarisé, impérialisé par les Arabes, après la mort du prophète », comme le rapporte le Figaro.

Depuis le milieu des années 1970 et de plus en plus, le Coran et les origines de l’islam suscitent une curiosité de la part des chercheurs. Une sorte de « bouillonnement scientifique », qui a donné lieu à la publication de nombreuses publications et l’organisation de « débats passionnants et souvent passionnés ». Mais comme le déplore Mohamed Ali Amir-Moezzi, tout ceci reste « relativement méconnu hors du cercle des spécialistes ». Ce livre est donc une offre de synthèse à destination du grand public. 


Une équipe internationale.

Il a fallu cinq ans de travail à cette équipe de trente chercheurs internationaux pour obtenir ce résultat. Certes, il n’a pas été possible d’intégrer plus de personnes à cette équipe, mais elle est déjà d’une grande richesse et d’une grande variété. Les spécialistes qui ont participé à cette étude viennent d’horizons divers, comme L’Ecole Pratique des Hautes Etudes, l’Université Libre de Bruxelles, celles de Marseille, de Lausanne, de Mayence, de Münster, de Madrid, de Jérusalem, du Maryland, de Princeton, du CNRS, etc… Leurs nationalités également sont très diverses, puisqu’ils viennent d’Asie, d’Europe et des Etats-Unis. 


« Le Coran des Historien », ce livre proposé au public se présente sous forme d’un coffret de trois volumes. Le premier est une synthèse sur le contexte historique et géographique de l’Arabie aux sixième et septième siècles. Il comprend à lui tout seul, quelques mille pages. Il commence par présenter l’Arabie avant l’Islam, puis aborde larelation historique entre les Arabes et les Perses, avant de tenter une biographie du Prophète Mohamed à partir de sources non islamiques. Il finit par aborder la question du passage de l’Arabie classique à l’Empire Islamique.


Le deuxième volume aborde les traditions religieuses durant l’Antiquité Tardive. On y trouve une présentation des communautés juives, chrétiennes, zoroastriennes, éthiopiennes, manichéennes, etc… Enfin le troisième volume aborde le Corpus Coranique, c’est-à-dire la constitution du Coran lui-même à partir des manuscrits disponibles. Il aborde les questions délicates entre LE Coran et LES Corans, car dit-il, il y avait de grandes différences entre les manuscrits retrouvés, comportant également de nombreuses contradictions. Ce qui a emmené l’équipe de chercheurs à s’intéresser sur comment s’est faite la composition du livre définitif, celui que nous avons aujourd’hui. 


Le mérite de ce travail est de réunir une somme bibliographique gigantesque, permettant aux chercheurs d’avoir accès à l’essentiel de la documentation disponible à notre époque au sujet des origines et du développement de l’Islam. Il a aussi eu le courage d’aborder cette question à partir de sources non islamiques, permettant de comprendre comment les non musulmans avaient accueilli la naissance de l’Islam. Et enfin, le croisement des données montre quelle a été l’influence de toutes les religions de l’époque, les unes sur les autres.


Malgré son volume impressionnant de plus de trois mille pages, le coffret est vendu actuellement à soixante Euros. Ce qui reste largement raisonnable pour un livre de cette importance, même si beaucoup ne pourront pas se l’offrir, notamment les étudiants. Mais il est fort à parier que les Bibliothèques publiques et universitaires vont vite l’acquérir pour le mettre à la disposition de leurs lecteurs. Un livre à recommander donc, et à lire avec beaucoup d’attention.

Nabil Z.


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