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Photo du rédacteurNabil Z.

Le Martyre de la Première Scientifique Africaine en Egypte: Hypathie

Un écrivain camerounais, Jean-Paul Pougala, enseignant, auteur de "Géostratégie Africaine" et directeur de l'Institut d'Etudes Géostratégiques a publié un article suite à ses recherches sur l'histoire ancienne de l'Afrique et son rapport avec la femme lettrée. Son article vaut le détour, même s'il n'est pas dénué d'arrières pensées.



« Je veux vous faire partager la passion que j’ai pour une personne que j’enseigne à mon cours de « Evolution de la Pensée Politique » et cette personne c’est Hypatia ou Hypathie en français. Hypathie est la première femme professeure de philosophie, de mathématique, de physique et d’astronomie à Alexandrie en Egypte. Née en 370 et morte en 415 de notre ère, c’est la première femme scientifique africaine victime de la folie religieuse », faisant référence à l'intégrisme alors en vogue dans le monde catholique.


« Théon, professeur de Mathématiques, de physique, d’Astronomie à Alexandrie forme sa fille en ces matières qui va compléter son enseignement philosophique à Athènes auprès de Plutarque le Jeune. C’est ici qu’elle reçoit toute l’influence des enseignements de Platon et de Plotin. Elle étudie aussi en Syrie où elle subit l’influence des enseignements du philosophe Syrien Jamblique de Chalcis (250-327), mais en traduisant toutes ces pensées à la mathématique, qui est sa marque de fabrique : elle apporte une nouveauté à la philosophie Grecque et Syrienne, c’est leur traduction en Mathématique. Elle est la dernière directrice de l’alors considérée comme la plus grande bibliothèque du monde ». La Bibliothèque d'Alexandrie fut fondée en l'an quarante-huit avant Jésus-Christ. Elle était réputée dans le monde antique, et des intellectuel du monde entier y allaient pour y trouver toutes sortes de manuscrits. Cette Bibliothèque fut prospère jusqu'au moment de sa destruction par les arabes. Selon l'encyclopédie en ligne Wikipedia, « En 1203ʿAbd al-Latîf al-Baghdâdî, historien arabe, puis Ibn al Qiftî imputent la destruction de la bibliothèque au calife 'Umar Ibn al-Khattâb qui aurait donné en 642 l'ordre de détruire la bibliothèque à son général 'Amr Ibn al-'As ». Le récit est repris presque tel quel par l'historien Ibn Khaldûn31 dans sa Muqaddima (xiiie siècle). Cette histoire reste encore controversée de nos jours.

Jean Paul Pougala poursuit : « Lorsque Hypathie rentre à Alexandrie, elle enseigne dans l’école de son père Théon, avant d’en prendre la direction. Avec lui, ils vont partager leur passion pour l’astronomie et rédiger et éditer plusieurs manuels de mathématiques, d’astronomie et de philosophie. Elle met un pieds dans l’assiette de l’ignorance et de la superstition que véhiculela religion en cherchant à comprendre le monde ». Ainsi, elle remet en question les dogmes religieux enseignés à l'époque. Les dignitaires religieux acceptent mal ces enseignements qui remettent en question leur autorité, et l'emprise qu'ils avaient sur la population. Ce qui les pousse à réagir.

« L’empereur Romain Constantin est le tout premier homme politique de l’histoire à comprendre comment on peut utiliser une religion déiste (monothéiste) pour dompter la population. Il institutionnalise le christianisme qu’il impose dans toutes les colonies de l’empire romain, dont l’Égypte de cette fin de l'antiquité ». L'écrivain camerounais poursuit ; « La stratégie de l’Empereur est simple : en poussant le peuple à croire à un divin placé au ciel qui commanderait tout le monde, il devient alors plus facile pour le politicien de se faire passer pour l’intermédiaire du divin pour faire accepter son commandement ». Comme quoi, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Aujourd'hui encore, on continue à invoquer le divin et imposer des dogmes religieux à des fins politiques, manipulant ainsi les croyants naïfs qui ne prennent pas suffisamment de recul pour analyser les faits avec rationalité.

« Mais l’Egypte est alors le berceau de l’instruction et de la recherche astronomique où les scientifiques ont déjà la preuve mathématique que l’église ment et elle sait qu’elle ment sur Dieu et le ciel ». Mais arriver à passer ces idées était très risqué. Et Hypathie va en payer le prix.


Avançant des idées novatrices et révolutionnaires pour son époque, la philosophe alexandrine rappelle que ce fut Aristarque de Samos (-310 à – 230) qui a été le premier à avoir décrit notre système cosmologique avec la Terre qui tourne autour de son axe et autour du Soleil. Eratosthène a mesuré avec précision la circonférence de la Terre, et Hipparque de Rhodes a découvert une méthode de détermination des longitudes. « Hypatie qui a lu tous ces auteurs construit un astrolabe plan, pour relever les positions des planètes, des étoiles et du soleil et les résultats sont consignés dans son livre appelé : « canon astronomique » poursuit Jean Paul Pougala.


« C’est pour mettre fin à tout ça que Rome va nommer Cyrille d’Alexandrie, patriarche en 412. Il déclare la guerre à tous ceux qui ne veulent pas se soumettre à la doctrine en vigueur, surtout aux intellectuels qui se disent laïques ».

Le pire pour l’église catholique, c’est le fait qu’en plus, elle est une femme. Elle provoquait l'ire des responsables religieux quand elle recevait du courrier qui ne portait pour seul indication du destinataire que les mots : « à la philosophe ». Elle était tellement connue, qu'il était même devenu inutile de mentionner son nom. Non seulement c'était une femme instruite, mais en plus elle enseignait et dirigeait la plus célèbre école d’Alexandrie. Le clergé a donc décidé de sévir et de faire en sorte que son châtiment serve d’exemple à toutes les femmes à qui viendrait la moindre tentation de vouloir apprendre à lire et à écrire.

En 415, c’est une foule déchaînée, chauffée à blanc par les religieux alexandrins, conduite par l’Evêque Cyrille en personne qui va agresser la professeure, la dénuder, la promener ainsi dans toutes les rues d’Alexandrie, en lui infligeant des coups et des fouets qui lacéraient son frêle corps. Il ne fallait surtout pas qu'elle meurt sur le coup. Il fallait la maintenir en vie suffisamment longtemps pour pouvoir être montrée à toutes les femmes de tous les quartiers d’Alexandrie pour servir d'exemple. Hypathie ne va quand même pas tarder à succomber de manière très atroce à toutes ses blessures. Un grand autodafé est organisé sur la place publique et tous ses livres furent brûlés. Ainsi, nombre de ses manuscrits disparurent. Seuls certains ont pu échapper aux flemmes grâce à l'un des employés de son école qui réussit in extremis à en dissimuler quelques uns. Il s’agit de Synésius, qui avait d'abord été son disciple et qui est devenu plus tard, évêque avec le nom de Cyrène et de qui avait fait de la devise de la philosophe un principe de vie: « Le monde dans lequel nous vivons est une copie imparfaite de la réalité. C’est le devoir de tout intellectuel à s’efforcer de connaître d’abord et ensuite de comprendre ».


A cause de ce genre d'intolérance, le nombre de femmes lettrées a été très réduit dans le monde antique, même si ça et là, il y en avait quelques unes. La femme fut réduite de tout temps au silence, lui contestant le droit d'avoir une culture et une éducation. Récemment encore, dans un pays arabe, on lui avait même dénié le statut d'être humain. Tout juste comparable à l'animal, alors que le créateur lui même la pourvue d'une intelligence à faire pâlir les hommes de jalousie. En France par exemple, la première écrivaine connue fut Marie de France au treizième siècle. Et la gente féminine a beaucoup lutté pour arracher le droit d'être elle même, c'est à dire l'égale de l'homme. C'est assez curieux de constater que dans les universités algérienne d'aujourd'hui, près de deux tiers des étudiants sont des étudiantes. C'est dire que les mentalités ont franchi des pas considérables.


Nabil Z.


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