Le massacre de la Saint-Barthélemy est un épisode des Guerres de Religions qui se sont déroulées en France durant plusieurs décennies. Il montre que de grands personnages de l’Etat, quand ils sont fanatisés, sont impliqués directement dans le massacre de leur propre population. A l’exemple de ce qui s’est passé avec les Huguenots et les Camisards.
Le massacre en question s’est déroulé lors de la fête du mariage de la célèbre future reine Margot, en 1572. Y participaient, le roi Charles IX et la non moins célèbre Catherine de Médicis, près de l’actuel Musée du Louvre à Paris. C’est une époque où la haine entre Catholiques et Protestants était encore vivace, malgré le fait que le roi tenait à apaiser la situation pour le bien de son royaume. Mais tout semblait lui échapper. L’un de ses principaux conseillers, un général protestant est égorgé dans son lit, et son cadavre est donné en pâture sur la place publique à une foule fanatisée à l’extrême. C’était le 24 Août, le jour de la Saint Barthélémy. L’Histoire soupçonne très fortement Catherine de Médicis d’avoir été derrière cet assassinat.
Les gardes et les miliciens poursuivent le massacre dans le quartier de Saint-Germain l'Auxerrois. Ils massacrent deux cents invités protestants venus de toute la France pour assister aux noces princières et rassemblent leurs cadavres dans la cour du Louvre. Quand la population parisienne sort dans la rue, chacun s'en prend aux protestants de rencontre. Les hommes, femmes et les enfants, sont traqués jusque dans leur lit et mis à mort des pires façons. Et l'on en profite pour piller leurs biens. On a recensé dans toute la France, plus de trente mille morts.
Les Huguenots
L’origine de ce massacre résidait dans la haine que ressentaient les catholiques contre les protestants, alors appelés les Huguenots. L’origine et le sens de ce mot restent encore débattus. Mais on en trouve des traces dans les correspondances officielles. Car les catholiques refusaient aux protestants l’expression de « religion réformée », et même de « luthériens », en référence à Martin Luther qui avait conduit la Réforme qui deviendra par la suite le Protestantisme, avec d’autres réformateurs comme Calvin, Farel et d’autres, tous disciples et descendants spirituels de Saint-Augustin.
En raison de cette vague de répression et de massacres sous l’autorité des milices appelées Dragons, d’où les dragonnades, plus de trois cent milles protestants émigrent essentiellement en Suisse. Pour mieux les distinguer des protestants helvétiques, on adopta définitivement le nom de Huguenots.
Les Camisards
Ce sont des huguenots de la région des Cévennes, en France, qui ont mené une insurrection contre les persécutions. De 1685 à 1715, à force de subir une répression féroce, le petit peuple protestant a fini par s’organiser pour se défendre dans un premier temps, puis par adopter les méthodes de leurs ennemis, tombant à leur tour dans le piège de la violence. Tous leurs pasteurs ayant été exécutés ou mis en fuite, les Camisards se sont retrouvés sans meneurs. Alors apparurent des « inspirés », une sorte de prophètes sans formation qui appelaient ouvertement à une révolte violente. A partir de 1702 éclate une guerre opposant les camisards aux riches catholiques dans un premier temps, puis à tous les autres, avec des affrontements de plus en plus importants, avant d’obtenir une paix définitive en 1715.
Il existe aujourd’hui plusieurs musées en France, notamment dans le Sud-est, qui exposent des objets de cette période, dont le célèbre « Musée du Désert », ou encore « Maison Rouge » dans le Gard. Ils ont recueilli le témoignage de cette période afin que nul n’oublie. On y trouve des tableaux, des objets de toutes sortes, des instruments de torture, les miroirs dit à Bible, ou les Huguenots cachaient leurs Bible, car interdites par les Catholiques, une liste des victimes de cette répression qu’on essaie aujourd’hui de ne plus trop médiatiser. Les Huguenots célébraient leur culte en cachette, souvent dans les bois et les forets pour éviter de se faire prendre par les soldats du roi et les milices fanatisées.
Ce sont ces guerres de religions qui ont poussé le peuple de France à rejeter la religion comme moyen de gouvernement, encourageant petit à petit la popularité de l’idée même de laïcité qui a fini par prendre le pouvoir lors de la Révolution Française. Les révolutionnaires d’alors s’en étaient pris aux catholiques qui régentaient tout par leurs préceptes religieux, et qui en tiraient profit pour s’enrichir sur le dos du peuple.
Un jour peut-être, nous verrons aussi des musées racontant les atrocités vécues en Algérie lors de la Décennie noire, et également ailleurs pour d’autres périodes douloureuses de l’histoire des peuples. Car la manipulation des religions est source de danger permanent que l’histoire nous rappelle en permanence, pourvu qu’on y prête attention.
Nabil Z.
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