Le plus ancien Musée d’Algérie, celui des « Antiquités et Arts islamiques » à Alger, a été « saccagé », et plusieurs objets qui s’y trouvaient ont été volés, et des bureaux administratifs incendiés, le 8 Mars dernier, lors de la 3eme manifestation du Vendredi dernier.
C’est le Ministère de la Culture qui s’est empressé de donner cette information. Ce Musée a été Inauguré en 1897, et il est considéré comme l’un des plus anciens d’Afrique. Il couvre toute la période antique de l’histoire de l’Algérie à laquelle a été ajoutée l’histoire islamique.
Le Ministère de la Culture dénonce ainsi « un crime contre un patrimoine historique qui couvre plusieurs étapes importantes de l’histoire populaire algérienne ». une dénonciation bien tardive, puisque ce même ministère n’a pas fait grand-chose, ni pour le préserver, ni pour le valoriser. Ses collections sont quasiment inconnues du grand public. Seul le Musée du Bardot bénéficie d’une certaine popularité, notamment à cause des activités qu’il organise régulièrement. Le Musée des Antiquités a ainsi été étouffé, comme si on craignait que le public ne découvre son histoire plusieurs fois millénaire. Et pour mieux le faire, on lui a adjoint « les arts islamiques » qui pourtant, ne font pas partie de la période antique, mais de l’époque du Moyen-Âge. Ainsi, quand il arrive qu’il y ait des visiteurs dans ce Musée, l’attention du public est orientée vers une époque plus récente de notre histoire, puisque dans le communiqué du Ministère, il est fait état de la récupération d’une épée datant de l’époque de la résistance conte l’occupation française de notre pays. Ce qui nous situe bien loin de la période antique.
Heureusement que l’intervention des pompiers a évité le pire. Puisqu’elle a empêché l’incendie de se propager. A l’heure actuelle, la police a ouvert une enquête pour identifier les auteurs de cet acte criminel. Pourtant, précise ce même communiqué, une tentative d’effraction a déjà eu lieu, et avait échoué. Les mesures de sécurité ont été renforcées depuis Samedi, alors qu’on ignore quels objets ont été dérobés. Il faut aussi rappeler que les registres d’inventaires auraient été incendiés. Ces voleurs sont-ils des professionnels ? des trafiquants d’œuvres d’art et d’antiquités ? Une fois aboutie, l’enquête nous en révélera certainement plus.
Les musées d’Alger sont très sous valorisés et contribuent de manière très insuffisante à faire connaître le véritable patrimoine historique du pays. Les formations de spécialistes en muséologies sont rares, et ces institutions souffrent à la fois de manque de moyens que de considération de la part des autorités.
Cet incident fera-t-il réveiller la conscience nationale quant à la richesse de notre patrimoine antique et la nécessité de le préserver et de le valoriser ? Cette période de notre histoire sera-t-elle un jour inscrite de manière scientifique et rationnelle dans les programmes de nos écoles et universités ? Cesserons-nous de mépriser cette période glorieuse de notre peuple en l’étouffant avec des chimères glorifiant plus la présence étrangère sur le territoire de Tamazgha que le résistance héroïque de nos aïeux et leur apport considérable au développement de la civilisation humaine dans son ensemble ?
En attendant, Massinissa, Juba, Augustin, Takfarinas, Apulée, et autres Lactance ne continuent a exister que grâce à la résistance d’hommes de culture et de sciences qui à leur tour, ne reçoivent que mépris et manque de considération.
Nabil Z.
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