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Photo du rédacteurNabil Z.

Le Mythe de l’Androgyne de Platon

Selon le philosophe grec, le premier Homme n’était ni masculin ni féminin. Il était homme et femme et les deux à la fois. C’est en tous cas ce qu’il affirme dans un de ses livres, « Le Banquet ».



Ainsi, ce texte écrit vers l’an 380 avant Jésus-Christ, ou il fait intervenir plusieurs personnages, Platon a parlé du mythe de l’Androgyne, ce mélange masculin/féminin, pour expliquer l’origine de l’Homme. Selon lui, « Jadis, notre nature n’était pas ce qu’elle est à présent, elle était bien différente ».  Au départ, selon Platon, « nous étions des êtres complets, parfaits, circulaires, avec quatre jambes et quatre bras, et deux visages formant une seule tête. Une autre différence par rapport à l’état actuel de l’homme est qu’il existait trois genres : le mâle, la femelle, et l’androgyne- à la fois homme et femme ».Voilà qui remettrait en question l’histoire de l’homme qui aurait été créé le premier, puis, par une de ses côtes, Dieu aurait fabriqué une femme. Platon ajoute  « Cet état physique peut être considéré comme un état de plénitude passé de l’homme, une perfection et une position de toute puissance. Cette toute-puissance a conduit les hommes à un excès d’orgueil les menant à vouloir affronter les dieux ». L’Homme, il es vrai, a toujours voulu se faite dieu, et être l’égal du Tout Puissant. L’histoire de la Tour de Babel, dont nous avons parlé dans un article précédent nous rappelle cette prétention humaine d’atteindre les cieux pour se mesurer au Créateur. Mais les dieux, ajoute le philosophe, « dirigés par Zeus, nous ont punis, nous les hommes. Platon fait référence au dieu des dieux, cette divinité suprême que les grecs vénéraient et surtout, craignaient plus que tout.


 Zeus était en réalité, une divinité amazighe, adorée dans l’ensemble de Tamazgha, jusqu’à la vallée de Siwa en Egypte, sous le nom d’Amon. Depuis, elle a été exportée vers l’Europe, via la Grèce, dont la capitale était Athènes. Athéna était également une déesse amazighe, originaire du sud de la Tunisie. L’essentiel du panthéon grec, rappelons-le, était issus de la Libye antique.


« Néanmoins, les Dieux ne voulaient pas totalement annihiler le genre humain » ajouta Platon.  « Car cela aurait signifié qu’ils ne recevraient plus d’offrandes d’aucune forme. Ils punirent alors les hommes par une séparation des corps, ce qui de plus leur apportait des offrandes en encore plus grande quantité. De cette division des êtres auparavant complets naît le désir ; le désir pour l’autre ». Ce texte ne semble pas être très connu dans la littérature, puisque peu l’évoquent. Pourtant, il apporte une approche originale du phénomène de la Création. Les philosophes actuels sont trop obnubilés par la théorie de l’Evolution, pour tourner leur regard vers une autre approche. L’unanimisme n’est pourtant pas une marque de philosophie, puisque celle-ci, par définition, encourage la diversité des idées et des opinions, pour créer en permanence un espace de débat et de confrontation des idées.


Platon ajoute, en donnant la description de ce qu’il avait imaginé comme ayant été la nature première de l’Homme « En effet, Zeus divisa les hommes en deux êtres nouveaux possédant chacun deux membres supérieurs et inférieurs, et demanda à Apollon de les façonner afin qu’ils ressemblent à ce à quoi l’on ressemble aujourd’hui. Par l’engendrement du désir de la partie qui nous manque, les dieux avaient pour but de nous rendre, nous les hommes, plus faibles. Mais le dédoublement des êtres parfaits qu’étaient les hommes à leur origine, ajouté au fait que le désir est insatiable, les faisait désirer leur moitié, l’être qui leur était complémentaire, et désirer la reconstitution de leur unité première. Tombant dans les bras l’une de l’autre, les moitiés se laissaient mourir de l’insatisfaction de ce désir. Les dieux tournèrent alors l’organe reproductif des hommes- notre organe reproductif – à l’avant des corps, pour leur propre intérêt et celui des hommes également, car l’espèce s’éteignait, leur union physique étant vaine et insatisfaisante. Pour permettre une satisfaction bien qu’éphémère du désir, les dieux créèrent la sexualité et la reproduction ». Ce phénomène de l’attirance sexuelle de l’homme vers la femme, et vice-versa a été appelé « amour inné » des hommes les uns pour les autres. Il date de cette période lointaine de notre Histoire. L’union sexuelle permet aux Hommes de ne former qu’un seul et même être. C’est ce qui expliquerait cette permanente recherche de l’autre sexe, pour redevenir, sans même nous en rendre compte, à nouveau une seule chair. Ni l’homme, ni la femme ne sont donc des êtres complets, sans la présence de l’autre sexe, c'est-à-dire de l’autre moitié qui en fait un être complet, conforme au stade initial de sa création.


Approche biblique

Cette approche rejoint étrangement celle de la Bible. Mais avant, notons que même le Coran a rapporté une histoire d’Adam et Eve, avant leur chute et leur éloignement du Jardin d’Eden.  Dans la Bible, il y a deux textes dans le livre de la genèse qui racontent la création de l’Homme. En voici un extrait : « L'Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L'Eternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et il l'amena vers l'homme. Et l'homme dit: Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair! on l'appellera femme, parce qu'elle a été prise de l'homme ».


Ce texte, traduit en français est à l’origine en hébreu. Il y a donc des nuances dans sa traduction que les spécialistes modernes ont relevées. En les prenant en compte, on voit que Platon rejoint dans son essence, le récit biblique de la création de l’Homme.

Ainsi, l’expression « il prit une de ses côtes » ne serait qu’une mauvaise traduction, due essentiellement à une mauvaise connaissance de l’hébreu par son traducteur, Louis Second, et aussi par ses préjugés théologiques nés de la tradition qui rapportait cette histoire de la façon qu’on lui connaît. Ainsi, selon les professeurs d’hébreu biblique, la traduction normale aurait du dire : l’Eternel a pris la femme de son côté. C'est-à-dire d’un des côtés de l’homme. Et non d’une de ses côtes. Dieu aurait donc séparé l’homme et la femme qui vivaient côte à côte, tout en étant collés l’un à l’autre. Adam serait donc à l’origine, Androgyne, comme l’a affirmé Platon. De plus, le mot Adam a été tiré de celui de la Terre, Adama. L’Homme a été tiré de la Terre, puisque Dieu, à partir de la glaise a formé l’être humain. Mais ensuite, en séparant les sexes, Dieu a déclaré « on l’appellera femme, parce qu’elle a été prise de l’homme ». Cette expression n’a aucun sens en français. Ni d’ailleurs dans les autres langues, puisque seul l’hébreu rend son sens véritable, puisqu’il contient un jeu de mot intraduisible. Dans cette langue, on pourrait plutôt dire les choses comme suit : On l’appellera Icha, parce qu’elle a été prise de Ich. Icha étant le mot hébreu qui désigne la femme et Ich, l’homme. Donc, Adam aurait-il été composé de deux demi-êtres, Ich et Icha, le masculin et le féminin ? En tous cas, Platon semble avoir été d’accord avec cette idée qu’il développe à sa manière, en indiquant qu’en effet, au début l’Homme était homme et femme à la fois.


Cette histoire est importante, puisque sur fonds de récit de création, se profile la problématique de la supposée supériorité de l’homme sur la femme. Parce qu’en effet, si la femme est tirée de la côte de l’homme, elle lui doit tout et dépend entièrement de lui. Car elle lui doit même son existence, et par conséquent, elle soit lui être soumise. Mais s’il s’avère que tous les deux faisaient partie de la même entité dont ils ont été extraits, alors la donne change entièrement.


D’ailleurs, cette question a longtemps été posée dans l’antiquité. Socrate lui-même estimait que « la nature de la femme n'est pas inférieure à celle de l'homme : il ne lui manque qu'un peu plus d'intelligence et de vigueur ». On connait aussi le mythe de Lilith dont on a consacré un article dans nos précédentes éditions.  Cette femme mythique était apparue dans la légende de Gilgamesh. Elle aurait été créée, selon cette même légende, comme Adam, à partir de la terre. Ce qui lui aurait donné le droit de contester la supériorité de l’homme sur elle. Par contre, Eve, ayant été créée à partir de l’homme, serait sa servante.

Cette dispute est restée vivace depuis des siècles, et a fait l’objet d’innombrables discussions et de publications. Notons que jusque dans les années soixante, le code civil français stipulait que « l’homme doit protection à sa femme, et celle-ci lui doit obéissance ». Le principe d’égalité devant la loi entre l’homme et la femme n’est donc qu’une création récente, fruit de combats de toutes sortes. Au vingt et unième siècle, c'est-à-dire l’année dernière, il y eut même en Arabie Saoudite une conférence intitulée « La femme est-elle un être humain ? ». Il y était question de l’infériorité de la femme devant l’homme, la reléguant même à un statut proche de celui des animaux.


La femme, au fait, serait-elle l’égal de l’homme ? Platon ne semble pas avoir tranché la question puisque pour lui, ayant été extraits de l’Homme androgyne, ils ne pouvaient qu’être semblables en touts points. La différence entre l’un et l’autre éviterait évidemment d’avoir un double et d’être tout le temps en contestation l’un de l’autre. Par contre, cette différence permet une complémentarité, faisant en sorte que l’un ne pourrait se passer de l’autre. Et justement, le texte Biblique affirme, donnant la parole à Dieu « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je lui ferai une aide semblable à lui ». Voila qui est dit : tout en étant différente, la femme est semblable à l’homme.


Nabil Z.


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