A la fin du deuxième siècle, un berbère devint Pape à Rome, et marque son pontificat par plusieurs réformes qui ont marqué l’histoire de l’Eglise. Parmi elles, la fixation de la date de la fête de Pâque.
Victor a exercé son pontificat durant dix ans, de 189 à 199, date de sa mort. A son arrivée à la tête de cette organisation, il avait déjà beaucoup réfléchi à l’organisation et au fonctionnement de l’Eglise. C’est pourquoi il s’est vite attelé à la tâche. Pendant son pontificat, un autre Berbère va arriver au pouvoir à Rome : l’empereur Septime Sévère.
A cette époque, le nombre de conversions se multipliaient rapidement dans tout l’empire. Surtout en Afrique du Nord. Cela inquiétait Rome qui avait décidé, sous l’empereur Commode, une large politique de persécutions, faisant des centaines de martyrs. C’est à cette période que s’est d’ailleurs converti un autre Berbère, futur Père de l’Eglise, Tertullien.
A son arrivée à la tête de l’Eglise, Victor utilisa toute son influence et toutes ses relations pour faire cesser les persécutions contre les chrétiens. Il écrit à l’empereur et lui donne la liste des chrétiens emprisonnés, dont certains étaient condamnés à être dévorés par les fauves et d’autres aux travaux forcés, en raison de leur foi. Et il obtient leur libération. Il fera ainsi un important pas vers la tolérance religieuse, qu’il utilisera, mais de main ferme, durant toute la période de son pontificat.
Il engage ensuite de larges réformes. Il nomme douze évêques pour l’Europe et l’Asie Mineure : un seul en France, trois en Italie et quatre en Espagne. En Afrique du Nord, on en comptait déjà plus de soixante-dix. Il nomme aussi des prêtres et des diacres, chargés d’exécuter son plan de réorganisation de l’Eglise.
L’une des premières choses qu’il va établir, c’est la canonisation des livres de la Bible. Car à l’époque, il existait de nombreux manuscrits dont l’origine était douteuse. Il établit donc la liste de ceux qui sont authentifiés et déclarés de source sûre. C’est le cas notamment, concernant la liste des évangiles, ou une profusion de documents prétendaient venir de tel apôtre ou de tel Saint. Après examen attentif, Victor en établit quatre dont l’authenticité était déclarée absolue. Parmi eux, celui rédigé par un Berbère, Saint Marc.
Le Pape Berbère dont l’autorité était respectée de tous, révolutionne la liturgie, les rites et la façon de prier. Il met également en place les procédures de consécration et « d’ordination des prêtres, diacres, confesseurs, lecteurs, sous-diacres, des confréries de veuves, des communautés de vierges, et s'occupe tout spécialement de la formation des nouveaux venus : trois ans de catéchuménat, proclamation solennelle et publique des catéchumènes » tel que l’a rapporté l’Abbé Vincent Serralda.
La date de la Pâque
Dans son souci de mettre un terme à l’anarchie des traditions contradictoires, Victor s’attaque à un sujet éminemment délicat, à savoir, la fixation de la date de la célébration de la Pâque. A cette époque, les chrétiens d’orient et d’occident célébraient cette fête à des dates proches, mais quand même différentes. Les premiers célébraient la fête de Pâque, (qui ne deviendra celle des Pâques qu’après le Concile de Nice en 325), le 14e jour de la lune de mars, alors que les chrétiens d'Occident la fêtaient le dimanche suivant, jour supposé de la résurrection de Jésus. Le problème est que dans la Bible, la Pâque n’est pas la célébration de la résurrection de Jésus, mais de sa mort. Il est ressuscité le troisième jour, à l’occasion de la fête biblique des Prémices. Le Pape Victor convoque la réunion de synodes provinciaux pour débattre de la question et éviter le conflit entre orientaux et occidentaux. C’est l’épisode connu dans l’histoire comme «la querelle quartodécimaine ». Les évêques ainsi réunis, exhortèrent le pape « à avoir le souci de la paix, de l’union avec le prochain et de la charité ». Vincent Serralda, à propos de cette affaire affirme que « A propos de la question pascale, les apologistes de la primauté romaine voient, dans la façon dont fut menée et conclue cette affaire, une « épiphanie de la papauté ». Une totale victoire du pape Berbère.
Victor fait en sorte que soit respecté le droit de regard universel de l'Eglise de Rome sur l'ensemble des Eglises dans le monde. Des conciles régionaux reconnaissent et confirment son autorité. Cependant, il y eut des contestataires. Ce qui donnera plus tard, la Réforme engagé par l’Augustinien allemand, Martin Luther.
Sur le plan doctrinal, Victor a combattu toutes les hérésies répandues à son époque. Il mit fin aux fonctions de tous ceux qui enseignaient de fausses doctrines, veillant à la justesse des enseignements pour ne pas s’écarter de la canonicité des Ecritures. Pour ce faire, il réunit des synodes régionaux.
Ces réformes engagées par le premier pape Berbère vont avoir un retentissement positif dans la population, et renforce son autorité. Plus que Jamais, il se considère comme héritier de Saint Pierre.
L’une des plus grandes réformes que le pape Berbère Victor a laissées derrière lui, c’est l’introduction du latin comme langue de la liturgie, remplaçant peu à peu le grec. Il est d’ailleurs le premier écrivain chrétien à utiliser le latin. Il sera rejoint dans cette pratique par Tertullien, Cyprien et Augustin. Ce dernier racontera dans son célèbre livre « Les Confessions », pourquoi il préférait le latin au grec.
Ainsi, les Berbères ne passent jamais inaperçus. Quand ils occupent une position ou assurent une responsabilité, ils ont ce don de tout bouleverser et de laisser leur empreinte sur leur lieu de passage. Si aujourd’hui les chrétiens célèbrent la Pâque à cette date particulière, c’est parce qu’un Berbère était passé par là…
Nabil Z.
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