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Photo du rédacteurNabil Z.

Le Sacrifice d’Animaux chez les Anciens Berbères

Chez les anciens berbères, le bélier était un animal sacré et vénéré, à cause de son rapprochement avec la divinité appelée Ammon, exportée en Grèce sous le nom de Zeus. Comment en est on arrivé à sacrifier des millions de moutons chaque année dans toute la berbérie ?



Tamazgha était connue pour être une région ou plusieurs divinités étaient adorées : Anzar, Tanit, Yakouch, Atlas, etc. La plus grande parmi elles demeure Ammon. Les phéniciens l’avaient adoptée sous le nom de Baal Ammon, une fois arrivés à Carthage. En Cyrénaïque et à Siwa on lui a érigé des temples importants. Les grecs l’ont vite adopté et l’ont baptisé Zeus et en ont fait leur principale divinité.


L’une des particularités de cette divinité, c’était sa relation avec le bélier. En effet, les statues représentant Ammon montrent que ce dieu berbère portait des cornes de mouton sur sa tête. Il était interdit de maltraiter les animaux en général, et le bélier en particulier. Le mouton avait une importance particulière, puisqu’il produisait de la laine, nécessaire pour le tissage. La laine symbolisait la protection par les dieux, puisqu’elle permettait de recouvrir le corps et le protéger contre les agressions du temps. Dans le sud algérien, les soufis portent encore aujourd’hui, en plein désert et même en été, des manteaux de laine.


Le culte du Bélier

Les populations berbères vouaient donc un culte au dieu-bélier Ammon, plus tard adopté puis adoré par les Égyptiens qui pratiquaient le culte du bélier. Dans les croyances berbères, le mouton était donc un animal sacré. Selon certaines sources les populations libyques nommaient la brebis amen et ils la vénéraient comme une divinité. Selon plusieurs historiens, le culte du dieu Ammon était d’abord pratiqué en Libye avant de se répandre en Égypte. Cette pratique s’est étendue aux autres animaux, montrant la sacralité de la vie chez nos ancêtres.


Hérodote raconte à propos de cette pratique typiquement berbère: « Les Libyens ne mangent point de vaches, non plus que les Égyptiens, et ne se nourrissent point de porcs. Les femmes de Cyrène ne se permettent pas non plus de manger de la vache, par respect pour la déesse Isis, qu'on adore en Égypte ; elles jeûnent même, et célèbrent des fêtes solennelles en son honneur. Les femmes de Barcé non seulement ne mangent point de vache, mais elles s'abstiennent encore de manger de la chair de porc » .


Ce rapport du berbère aux animaux a fait que certains spécialistes se sont demandés s’il y a eu une certaine forme de zoolatrie en Afrique du Nord. Mais la réponse est certainement négative, puisque les amazighs mangeaient de la viande. Et le bélier était respecté justement parce qu’il était aussi une source de viande et de protéines, un fournisseur de laine, de peux et de cuir, etc. Il n’est tué que pour une utilité précise, sans excès, puisqu’on préférait de loin éviter de le faire, sauf quand c’est justifié.


Moïse et le sacrifice de l’agneau :

En Egypte, vers le 15eme siècle avant Jésus-Christ, le culte d’Ammon était dominant. Et les sacrifices de moutons étaient strictement interdits. Arrive Moïse, le libérateur des hébreux. Un jour avant de quitter le pays d’esclavage et de servitude, il instaure le fête de la Pâque. Elle constituait dans le sacrifice d’un agneau pour honorer le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Le sang de cet agneau devait servir à marquer les linteaux des portes des maisons du peuple d’Israël pour détourner la colère de Dieu. « L’Ange de la mort, une fois qu’il aura vu le sang de l’agneau sur les linteaux, passera au dessus et épargnera ses habitants ». C’est d’ailleurs le sens du mot « Pâque », passer par dessus. Pour les égyptiens, ce fut une horreur. Le choc était perceptible chez le Pharaon et chez les prêtres qui idolâtraient cet animal. Moïse et les juifs vont après cet épisode, pratiquer le sacrifice de l’Agneau Pascal jusqu’en l’an 70 après Jésus-Christ, quand le temple de Jérusalem fut détruit par les armées romaines.


Pour les chrétiens, il y a un seul agneau pour le sacrifice. Il s’agit de Jésus. La Bible dit de lui qu’il est l’Agneau de Dieu. Il a été sacrifié une fois pour toutes en mourant sur la croix. C’est pourquoi il n’y a pas de sacrifices d’animaux dans le christianisme.


Ces deux religions étaient également pratiquées par les berbères en Afrique du Nord. Mais chez les juifs, le sacrifice ne peut être fait que dans le temple de Jérusalem. Mais ce dernier n’existe plus, et les sacrifices ont cessé depuis deux mille ans.


Le sacrifice d’animaux n’a donc pu prendre prise en Tamazgha. La sacralité de la vie s’est perpétuée, malgré des dérives rapportées par les témoignages historiques, comme celui des premiers nés humains pratiqués par les Carthaginois. Pratique qui a ensuite été interdite par les Romains.


Les choses en seraient restées là si quelques siècles plus tard l’Islam n’avait rétabli le sacrifice du mouton en souvenir de celui d’Abraham. Il en a fallu du temps aux berbères avant d’adopter cette pratique, puisque l’Islam a mis plus de deux siècles pour s’établir en Afrique du Nord.Auparavant, l’arrivée des arabes avait été combattue pendant près de soixante-dix ans. Et malgré cela, Ibn Khaldoun a raconté que « les berbères ont apostasié douze fois.


Aujourd’hui, les choses sont différentes. La pratique religieuse impose ce sacrifice, et des millions de moutons sont égorgés le jour de l’Aid El Adha. Et les conditions de cette pratique tourne parfois au scandale, quand on voit que certaines personnes n’accordent même pas du respect à l’animal sacrifié, oubliant ainsi que le sang qui coule emporte avec lui une âme et une vie.


Nabil Z.

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