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Photo du rédacteurNabil Z.

Les Berbères en Amérique

Les Berbères en Amérique/ Commandant Edouard Jules Gaston Cauvet

Attaché aux affaires indigènes en Algérie. - Ancien chef de l'annexe d'In-Salah

Notes de lecture par Nabil Ziani


Gaston Cauvet était officier dans l’armée française au début du vingtième siècle. Il était établi dans le Sahara, dans ce qu’on appelait à l’époque « Les Bureaux Arabes ». Il lui a été confié la responsabilité de l’annexe de In Salah. Ce qui lui a laissé le temps de faire des recherches et de publier plusieurs livres sur le Hoggar et l’origine des Touaregs, sur le Djebel Amour, le Souf, sur les animaux du désert, ainsi que sur d’autres sujets. En 1930, il publia un important essai sur les Berbères intitulé « Les Berbères en Amérique ». Le sous-titre en lui-même nous donne des précisions sur le contenu de ce livre, dont le titre pouvait rester énigmatique. « Essai d’ethnosinésie préhistorique. Nomenclature et examen des tribus homonymes des deux rives de l’Atlantique. Part des Berbères dans le peuplement de l’Amérique ».


En réalité, c’est cette dernière partie du sous-titre qui est la plus parlante. Car le Commandant Cauvet avance une thèse très intéressante sur le peuplement de l’Amérique par des tribus Berbères, à côté d’autres venues d’autres régions du globe. Plusieurs tribus dites « indiennes » n’auraient d’autres origines que l’Afrique du Nord. Pour le démontrer, il compare les noms des tribus des deux rives de l’Atlantique, puis essaie de remonter jusqu’à leurs origines.


Il faut se rappeler que ce travail a été réalisé dans les année 1920, il y a un siècle. Les conditions de recherche, les moyens et l’état des connaissances sur la question des origines des peuples n’avaient pas l’état d’avancement que nous avons aujourd’hui. En cela, c’est un véritable exploit que le commandant Cauvet a réalisé avec ce livre. Il s’est appuyé sur bibliographie assez limitée, mais de qualité. Il a jeté un regard critique sur les thèses existantes à son époque, et nous a apporté un travail digne d’intérêt, même s’il doit à son tour, être critiqué.


Commencement de l’Humanité :

Pour Gaston Cauvet, l’Humanité a vu le jour quelque part en Asie, entre l’Inde et la Chine. Puis, poussés par différents facteurs, ils se sont dirigés vers l’Ouest pour se répandre dans toute la planète. Il dit : « Il est admis que l’espèce humaine apparut dans le nord de l’Asie ». Les conditions climatiques, la surpopulation, les famines et les luttes intestines contribuèrent à l’exode vers d’autres régions du monde. En migrant, les tribus portaient avec elles leurs noms. Des noms qui reflétaient ceux des régions, des fleuves, rivières ou montagnes autour desquels vivaient ces tribus. Ce qui nous permettrait de retracer leur parcours. C’est le cas des tribus touraniennes ou nomades de Perse et de Turquie.

« C’était cinq mille ans avant notre ère que la plus grande migration s’était produite, quand des peuples du nord de l’Asie ont envahi le nord de l’Europe. Et une autre vague occupa l’Asie mineure, la Perse, la Grèce, et l’Europe. Ce serait à cette époque que des peuplades indiennes envahirent le Caucase. Une autre branche de ce courant humain est passé en Afrique en traversant le détroit d’Ormuz puis la mer Rouge » nous affirme le commandant Cauvet.


Origine des Berbères :

En Afrique, ils se sont d’abord répandus en Abyssinie du côté de l’Ethiopie, avant de se répandre dans le reste du continent où ils ont trouvé des « populations de races inférieures ». Ce sont des tribus appartenant à cette migration, mélangés par la suite à des émigrants venus d’Europe, qui ont formé la race dite « Berbère », qui ont réussi à gagner l’Amérique ou elles se sont trouvées aussi en présence de nombreuses peuplades arrivées par le détroit de Behring. Etant plus civilisées que ces dernières, elles les firent bénéficier de certaines de leurs connaissances. Ce fut l’une des origines des civilisations américaines disparues plus tard devant les nouvelles invasions européennes.


Voici maintenant que les Berbères seraient des « populations de races inférieures » à qui les Européens ont apporté la civilisation. Ces races inférieures seraient venues d’Asie, comme le reste des autres races, et seraient arrivées par l’Arabie. Le commandant Cauvet ne dit pas s’il s’aligne sur la thèse de l’origine yéménite des Berbères, mais il affirme tout de même que « C’est par l’Arabie qu’ont transité toutes les peuplades qui ont habité en Afrique ». Il n’hésite pas à affirmer que ces peuplades ont été civilisées par les Blancs, car de races supérieures : « Tant qu’il y aura un climat tempéré, créateur de l’Homme blanc et de son énergie, celui-ci aura la primauté sur les autres races ».


Si on peut largement critiquer les affirmations et interprétations du commandant Cauvet, on doit cependant lui reconnaître une grande connaissance de l’ethnologie de son temps. Sa connaissance de la géographie et la répartition des ethnies répandues dans le monde est phénoménale. C’est en fait cet aspect de son travail qui est le plus intéressant. La lecture qu’il fait de ces données, pour une bonne part, se sont avérées inexactes par la suite. A titre d’exemple, il est admis depuis quelques années, que l’Homme africain a devancé l’Asiatique dans son apparition, notamment depuis qu’on a trouvé les plus anciens ossements humains au Maroc et en Algérie. En ce qui concerne l’Asie, les migrations sont allées d’Ouest en Est et non dans le sens contraire comme l’affirme notre ethnologue.


Le peuplement de l’Amérique :

Dans le chapitre réservé au peuplement de l’Amérique, Gaston Cauvet affirme que « les tribus qui ont peuplé l’Amérique sont venues principalement d’Asie par le nord de ce continent ». Mais il ajoute « on croit aussi que les tempêtes ont pu, grâce au courant équatorial, jeter des nègres de la côte Ouest de l’Afrique sur celles du Brésil ». Le chapitre deux du livre est consacré aux noms des tribus indiennes d’origine asiatiques, venues de l’Oural, de Sibérie ou d’Europe. Le travail du commandant Cauvet est réalisé à partir des noms de ces tribus et leur transformation ou évolution. Ainsi, par exemple, il attribue l’origine des Quatos du Brésil à la région Quadi de Germanie. Les Rodetes de l’Equateur seraient également les Rodetes d’Espagne, et les Silvias de Colombie seraient les Silvanectes de Gaule. Ce rapprochement des tribus américaines avec d’autres existant ou ayant existé en Europe et en Asie est abondant dans les travaux de Gaston Cauvet. De nombreuses tribus seraient originaires d’Espagne, du Portugal, du Caucase ou d’Arménie.

Au chapitre trois, Gaston Cauvet consacre une partie de son étude sur les origines du peuplement de l’Afrique. « C’est par le nord-est qu’ont dû arriver les premières hordes de négrilles ». Il distingue ces « négrilles » des « nègres » proprement dits. « Tribus arriérées et sauvages » comme il les décrit.


Concernant les tribus Berbères, le commandant Cauvet leur trouve des origines asiatiques, en comparant les noms des tribus trouvées en Afrique du Nord, avec celles existantes ou ayant existé en Asie.


A la page 137 de son livre, il dit : « Le fonds des tribus dites Berbères a été formé par les émigrants asiatiques venus d’un peu partout, mais principalement de l’Inde en passant par l’Arabie. En cours de route, ils se sont mélangés et modifiés. Ils ont en outre été rejoints sur la côte africaine par d’autres envahisseurs de même provenance, mais dont la formation différait parce qu’ils étaient venus soit par l’Asie Mineure et le Caucase, soit par l’Est de la Mer Egée, soit par l’Ouest c’est-à-dire la Grèce, soit même par la mer. Enfin par l’Espagne. D’autres essaims seraient venus du Nord, par un long séjour dans les brouillards du nord, au voisinage des glaciers de l’Europe Septentrionale. » Cauvet ajoute : « C’est vraisemblable, quoi que nous ne puissions pas en apporter la preuve ». Il confirme donc que son interprétation de certaines de ses données relèvent de la spéculation et non de la démonstration scientifique. Du moins, en ce qui concerne l’origine des Berbères. On n’est pas sortis de l’auberge. D’autant plus qu’il ajoute : « Les Varvara ou les Barbara de l’Inde ont donné leur nom aux Berbères ». Il ajoute : « Bien des tribus Berbères sont venues de la Haute Asie, de l’Inde, du Caucase ».


On retrouve en page 107 : « Les Berbères sont réfractaires aux représentation antropomorphiques ». Ce connaisseur du désert algérien, n’avait pas encore entendu parler du Tassili et de ses peintures rupestres découverts après la publication de son livre. Il montre néanmoins les limites de sa connaissance des Berbères et de leur histoire, surtout quand il affirme en page 128 qu’ils sont « d’authentiques descendants du prophète Mahomet ». Il feigne ignorer que Mahomet était Arabe, donc Sémite, et que les Berbères sont Chamites. Sans rentrer dans les détails concernant l’identité des descendants authentiques du Prophète au travers de sa seule fille Fatima. Ses deux fils étant morts alors qu’ils n’étaient encore que des enfants.


Les Tribus Berbères d’Amérique :

Le commandant Cauvet consacre de nombreuses pages de son livre à donner les noms qui, selon lui, prouvent l’origine Berbère des tribus d’Amérique. Il les classe par ordre alphabétique. Nous en avons repris celles qui nous paraissent les plus importantes. Les énumérer toutes serait trop long et fastidieux.


La Tribu Alamamys du Honduras ; Marabitanas et Marivittinas en Guyane ; Maribios et Maribichicoas du Nicaragua ; Maivigena et Marivisana du Vénézuela. Il s’appuie pour cela sur une étude publiée à Annaba dans le Bulletin de l’Académie d’Hippone, par un certain M. Levistre. Il y affirme qu’il existe des « Affinités de la langue Kichua du Pérou avec les idiomes Berbères ». Il trouve également des « Similitude entre les villages américains appelés Pueblos et ceux de Tunisie : Ghorfa, de la Djefara, Medenine et Matmata ». Plus loin il ajoute : « Il y a d’ailleurs des Matemates en Amérique ». Il fait pour cela appel à une autre publication de Betholon et Chantre intitulée « Recherches anthropologiques sur la Berbérie ».


Le commandant Cauvet fait une remarque intéressante : « Il y a des localités désignées comme Berbères sur la côte de la Mer Rouge (Berbera) et sur le Nil lui-même (Berber) ». Cela l’amène à se poser la question de la définition du Berbère. Qui est Berbère ? La réponse à cette question nous épargnerait des interprétations hasardeuses et nous feraient gagner du temps. A moins qu’elle porte en elle-même des ambigüités qui nous obligeraient à la réexaminer. « Un Berbère est un Homme qui parle la langue berbère ou dont les ancêtres l’ont parlée ». Le critère linguistique semble donc prédominer dans la définition des Berbères selon Cauvet.


Les Guaramas de Colombie, Guaramomiès du Brésil, Viennent des Garamantes d’Afrique du Nord.


Silvias de Colombie, viendrait des Silvacoe de Libye. Les Garamantes furent une civilisation Berbères du Sud de la Libye. Cette tribu signalée parmi les seize que comptait l’Afrique du Nord au temps d’Hérodote, est considérée comme l’ancêtre des Touaregs. Ils étaient réputés pour être de grands bâtisseurs, les premiers à avoir construit des pyramides. Le nom même de Garamantes a donné celui de Tighremt, la Cité. C’était à son époque, une civilisation bien avancée, dont des vestiges de grandes villes ont été trouvées en Libye il y a une dizaine d’années.


La tribu des Abanes : On la retrouve chez les Abanos de Colombie et du Vénézuela. Abangares du Costa-Rica. Abangascas du Nicaragua, Les Abanengas (Tupies) du Brésil. « Il existe en Berbérie des Abanae ou Abaniens connus des anciens, étaient voisins des Quinquagentaniens (La Kabylie) entre le Djudjura et la région d’Aumale ».


Les ANTIS-ANDIS : Ces tribus comme présentées par le commandant Cauvet demandent beaucoup d’attention. A voir l’espace qu’il leur consacre dans son livre, on comprend leur importance dans le peuplement de l’Amérique. Leurs traces sont encore vivaces aujourd’hui. Il s’agit des Andaguailas ou Andahuaylas du Pérou. Andalgalas de l’Argentine, Andaguis de Colombie, Andiras et Andiragoares du Brésil, Antalis du Chili, Antastos ou Antacolos de New York. « Les généalogistes Berbères enregistraient dans leurs listes deux tribus d’Andara ; l’une appartenait à la grande banche des Addaca, l’autre à celle des Aourigha. Mais en outre, il y avait des Antita. On trouve cependant encore des Bou Andas à Takitount, et des Andjera au Maroc autour de Tanger, siège de la puissance du fabuleux Antée ».


« Parmi les tribus voisines et alliées des Antes, on retrouve naturellement en Berbérie, les Avares au premier rang. … L’ethnique s’était conservé à peu près intégralement dans les noms des deux noms des évêchés romains d’Abbir, dans celui d’Abari et d’Abara Dira en Cyrénaïque. Et dans la province d’Abaritana, province non identifiée ». L’évêché est une circonscription religieuse dirigée par un Evêque. Il y en avait des centaines dans toute l’Afrique du Nord. Beaucoup ont été identifiés, mais il en reste un certain nombre dont la localisation n’a pas été établie.


« Au contraire Avaris ville d’Egypte, ou les Hyksos s’installèrent et où ils résistèrent pendant longtemps contre les habitants du pays était devenue Houara ou Haouara, sous l’effet de la phonétique Chamito-Sémite. Ils ont aussi longtemps résisté aux envahisseurs arabes. On en trouve encore quelques traces disséminées dans toute la Berbérie ».


Cauvet fait un autre rapprochement intéressant « Notons encore que les Bavares, tribu quinquagentanienne, qui lutta vaillamment contre les romains, dont le nom dérivé de celui des Avares, se retrouve d’ailleurs aussi en Europe, (Bavière) ». Pour lui, bien évidament, la tribu Berbère en question serait originaire de Bavière. Il ne lui viendrait pas à l’idée que ça aurait pu être des Berbères qui seraient allés s’installer dans cette région de Germanie.

Gaston Cauvet a l’honnêteté de reconnaître que d’autres avant lui avaient déjà fait le rapprochement entre les tribus Berbères et celles d’Amérique. « Les tribus américaines dont le nom dérive directement de celui de ces tribus Berbères jouissent d’une réputation particulière auprès des explorateurs européens qui les ont découvertes. Ils parlent d’elles avec sympathie, et les considèrent comme supérieures à bien des tribus avoisinantes. La caricaturiste P. Marcoy qui a dépeint les indiens d’Amérique de façon outrancière, a par contre épargné les Antes. Il les dépeint comme « bien proportionnés, de formes élégantes et sveltes ». D’autres ethnologues les dépeignent comme des tribus blanches, portant la barbe et de taille bien proportionnée. La tribu faisait partie des quatre provinces de l’Empire des Incas, et portait le nom d’Antisuya. La route qui y menait depuis Cuzco s’appelait Antisuyu ».


Une autre surprenante révélation concerne la chaîne des Andes, ainsi que le nom de certains animaux spécifiques à cette région : « Le nom de cette tribu a aussi été donné à la chaîne montagneuse des Andes. Dans les Andes de Bolivie près de la capitale La Paz et non loin du lac Titicaca, il existe une haute montagne volcanique du nom d’Illimani (6410 mètres). Son nom et sa silhouette rappellent singulièrement le mon Illamène dans le Hoggar, la plus haute montagne d’Algérie. Illamène viendrait d’Illeghmane, pluriel d’Ilghem, chameau en Berbère. Ce nom d’Ilghem, pourrait aussi avoir donné celui du Lama, animal emblématique de cette région des Andes ».


Les Auracas : De nombreux liens existent entre les tribus Berbères et leurs homonymes brésiliennes. Pour le Commandant Cauvet, il ne fait aucun doute que des Chaouis sont allés s’installer au Brésil. Ainsi, « Les Auracas ou les Auracos du Brésil rappellent le nom de la montagne des Aurès en Berbérie ».


Les Avares. Il n’est pas seulement question de tribus Berbères installées en Amérique du Sud. Même dans le nord, on les retrouve. Aux USA, on en retrouve entre autres en Californie, au Colorado, à New York et dans le Texas. « Le nom de la tribu des Avavares ou Avaraes ou Avares du Texas. On trouve des noms similaires au Vénézuela, en Floride, dans les Caraïbes etc… »


Les Azagaros.

C’est une tribu installée près de Cuzco au Pérou, dans les Andes. Azagaros nous rappelle à la fois la couleur rouge (Azegagh), mais aussi le bœuf (azguer). En Berbérie, plusieurs régions portent ce nom. La province maritime de la région de Tetouan en Tunisie s’appelle Azghar. On le retrouve aussi dans le Tassili des Ajjer, dont le nom original serait celui des Azeggagh. Ls dérivés de ce nom se retrouverait aussi dans les noms de tribus très importantes, car selon l’ethnologue français, le nom des « Azthèques » viendrait des Aztlantecas, Combinaison des Azgagh et Atlas.


Les Babures

Transcrit aussi en Bobures, Boburios, Bubures. C’est une nation indienne du Venezuela. On trouve aussi les Baibiri du Brésil, des Paparos du Panama, Peireres du Vénézuela et Pupuruis du la Guyane.


Cette ethnie serait originaire des Babors, montagnes de petite Kabylie entre Béjaia et Sétif. La tribu Tababort de la région de Jijel en est également issue. Le Père Ménage transcrit Babar et on pense qu’il s’agirait du nom de l’évêché de Babra entre 253 et 404, de la période chrétienne de l’Afrique du Nord.


Les Baquetias

Tribu du Venezuela à laquelle il faudra rattacher les Abacates et les Abacatiares du Brésil, et les Abacoas des Iles Lucayes. Il faut les rattacher aux trois tribus Berbères signalées par Ptolémée : les Baquates (Bacoautes) de Maurétanie dans le Rif de l’Actuel Maroc, et les Bacuates de la Tripolitaine.


Les Cambas

Cambais ou Cambis de Colombie. Il y a aussi les Cambébas du Brésil, les Chamas du Vénézuela, les Chamacocos du Paraguay et de Bolivie, les Chambiras du Brésil Central. Il y a aussi la ville de Chambas dans la vallée du Pilcomayo et une autre de Las Chambas au milieu de l’Ile de Cuba. Ce nom proviendrait de Cham, fils de Noé. Pourtant, on ne trouve pas de détails sur les Chamites dans les généalogies arabes.


En Afrique du Nord, il existe une tribu du nom de Chaamba, qui se dit arabe. Elle a défrayé la chronique en s’en prenant à la tribu Berbère des Mozabites dans les années 2008 jusqu’en 2015 dont ils voulaient disputer le territoire. « Ils se sont sédentarisés dans l’Oasis de Metlili au sud du pays des Mozabites. Mais d’autres Chaambas sont clairement Berbères. Ils se sont étalés sur l’Oasis d’El Goléa d’où ils ont chassé la tribu des Khenafsa. Ils ont ensuite essaimé à Ouargla puis à El Oued. On en trouve également à Ain Mlila et en Tunisie. Ils ont été recrutés par les italiens en Libye pour constituer une armée de Méharistes. Ils ont également été les meilleurs auxiliaires des français pour la pénétration et l’occupation du Sahara » nous apprend le commandant Cauvet.


Pourtant, plusieurs caractéristiques les différencient des arabes. Ils sont moins hospitaliers, moins généreux et moins bluffeurs que les arabes. Ils sont très intéressés et plus indépendants. Physiquement, et surtout par la forme de leur crâne, ils diffèrent aussi des autres Chaambis Berbères du Haut Sebaou, de Sedrata, de Hammam Righa et d’El Kala.

En conclusion, s’il existe des Chaambis qui se disent arabes, ils ne leur ressemblent pas beaucoup. Et il existe aussi des Chaambis Berbères.


Les Canaris.

On connait les Canaris de Bolivie ou Canares. Il existe une province appelée Canar en Equateur. « Les Canaris ont joué un grand rôle dans l’invasion des Incas ». Il y avait aussi des Canalas en Nouvelle Galice, des Canaguas au Vénézuéla, des Canamaris au Pérou.

Le nom de Canaris rappelle celui des Iles Canaries découvertes par Juba II. Le nom de Canaries, contrairement à ce qu’en disent les européens, ne désigne pas les chiens. C’est un nom Berbère, Taknara, latinisé en Canaries. En langue Berbère, le mot Taknara désigne la figue de Barbarie. Les colons, pour dégrader les habitants de l’Archipel Canariens ont rapproché le mot Berbère à celui de Canari, désignant les chiens. Le Général romain Suetonius Paulinius, nous rapporte Pline l’Ancien, les avait décrits en disant que les canariens mangeaient de la chair de chiens et partageaient avec les fauves leurs entrailles. C’était la même technique qu’avait employée Salluste dans « Les Guerres de Jugurtha » ou il avait qualifié les Berbères de sauvages mangeant de la chair de fauves. Or, en Afrique du Nord, le chien n’est pas consommé, contrairement à l’Asie du sud ou le chien fait partie de la gastronomie locale. La cynophagie n’est donc pas une tradition nord-africaine, et le nom de l’archipel canarien n’a rien à voir avec les chiens.


Cette erreur commise par Gaston Cauvet concernant l’origine du nom d’une région ou d’une tribu se retrouve à plusieurs reprises. Il semblerait que l’ethnologue avait des difficultés à imaginer qu’une tribu ait pu se donner un nom authentiquement Berbère. Il se sont souvent obligé d’aller le chercher ailleurs, de préférence en Europe, dans le Caucase ou en Inde.


Les Chuyas

« Les Chuyas sont les indiens des rives du Xingu au Brésil. On peut rapprocher de ce nom celui des Chayas du Brésil et du Perou, des Chayos du l’Uruguay, des Chayabitas, Chayahuitas, Chayantas, Chichiques et autres dérivés. Dans le nord du continent, vivent des tribus comme les Cheyennes et les Shoshones ».


Au Maroc, il y a les Chouinis au Rif, avec la ville de Chefchaouen. Il y a aussi la ville de Chichaouen, les tribus des Ait Chao, des Ait Bou Chaouen, et des Chaouias de la région de Casablanca.


En Algérie, on trouve les Chaouis dans les Aurès. On compte aussi les Chouias à Zemmoura près de Mostaghanem, des Chouaihia et des Chouaichia dans la vallée du Cheliff, et des Chahou dans les Babors. Sans compter les Chenouis de Tipaza. On en trouve également en Tunisie, dans la région de Souk el Arba.


Les Gabilanes

La tribu des Gabilanes se trouve dans le Nouveau Mexique et aux Etats-Unis. Selon Flavius Josèphe, les Eviléens dont le nom a évolué en Gabilanes, sont les Gétules. « Evilas, Prince des Eviléens qu’on nomme maintenant les Géthuliens ». En Cyrénaïque, Hérodote signale l’existence d’une tribu appelée les Cabales. Ils ont par la suite migré vers l’Ouest jusqu’à la région de Ceuta au Maroc, dont la montagne qui l’avoisine s’appelle Abila. Le nom de Kabyles viendrait donc de cette évolution de Cabales ou Avila, donnant certainement Kabyla que les arabes ont confondu avec le mot « Tribu ».


Notons également comment l’histoire des Quinquagentanéi se confond avec celle de la Kabylie. Nous avions déjà consacré un article à ce sujet.


Il y a au Colorado une tribu du nom de Kabaye. On trouve également des Gabalai en Aquitaine en France (Gévaudan) et en Espagne Tarraconnaise sous le nom des Gebala et Gabalaik.


Les Gergecencenos

C’est une tribu de Californie. Elle pourrait se rattacher aux Gergéséens qui est une des sept tribus chassées de Canaan par Josué. Procope affirme que cette tribu a fui le proche orient et s’est établie dans le sud tunisien, dans la ville de Zarzis. Une autre partie s’est installée dans les Aurès sous le nom de Gerra, devenue Djeraoua dont était issue la Kahina.


Certains affirment également qu’une partie de ces Djerraoua, étaient issus d’une tribu juive dispersée de la Cyrénaïque par les romains en l’an 116 suite à la célèbre révolte. L’histoire des sept tribus chassées de Canaan par Josué est racontée dans la Bible.


La trace des Cananéens est restée en Afrique du Nord, puisque plusieurs tribus en portent encore le nom : Ait Kenana de Draa el Mizan, les Kenana et les Kenaïn de Frenda, les Kenansa de Mascara, les Kenanema de Blida, …


Une autre des tribus chassées de Canaan par Josué fut celle des Amorrhééns qu’on retrouve en partie en Kabylie sous le nom de Amraoua.


Les Huares

Ce sont des Indiens du Nicaragua établis au Mexique. On peut aussi considérer les Huayairas de l’Argentine. Et les Huetares ou Guetares du Nicaragua.


Ce nom vient de celui de la tribu Berbère des Houara qui a contribué au peuplement des Iles Canaries. L’Ancien nom de Palma était Bene Hoare, les Beni Houara.


Les Houara ont été les résistants les plus acharnés contre l’invasion arabo-musulmane. Ils ont tenu tête de façon acharnée aux envahisseurs à la fois en tripolitaine et en Numidie. Leur origine pourrait être du sud de la Libye, dans la région de Kaouar à qui ils ont donné leur nom. Ils seraient une branche des Garamantes qui avait également lutté contre les Byzantins, et seraient partis s’installer, selon Procope, dans les contrées les plus reculées de l’Afrique, c'est-à-dire à l’Ouest. C’est ainsi qu’on trouve des Houara dans plusieurs localités comme Ain Mlila, Msirda, Maghnia, Frenda, les Ihouarène à Azeffoun, à Lakhdaria, … Mais aussi au Maroc comme à Aghadir et Taroudant qui font le relais avec les Bene Hoare des Iles Canaries. C’est ce nom qui a donné le patronyme de Houari très répandu dans l’Ouest algérien.


Les Itatas

C’est la tribu des Ait Atta du Maroc. On retrouve des Itatines au Paraguay, des Itatinos et des Itatianos de Bolivie et du Brésil, des ites de Bolivie, des Huitotas et Huitotos du Pérou, ainsi que des Itatas du Chili.


Les Kutames

C’est une tribu du Canada. Tout comme les Cutenes ou Kutenes et les Cuteney. Ce vocable nous emmène directement en Kabylie ou la Tribu des Kotama a marqué l’Histoire. Elle avait, au moyen-âge pris la prépondérance sur l’Afrique du Nord. Ses armées étaient allées jusqu’en Egypte et y fondent la ville du Caire. Mais cette tribu excitait la jalousie des arabes, notamment des Hilaliens qui les ont combattus. Beaucoup d’entre eux quittèrent la région de la Kabylie pour se réfugier plus loin. On en trouve des traces tout le long du chemin jusqu’au Maroc dans le Rif avec la tribu des Ketama. Il y a des dérivés de ce nom à Ain Mlila, Lakhdaria, El Milia, etc…


Les Macas.

Ce sont des Indiens de l’Equateur. Ce nom a donné celui des Maka et des Mayas. Son origine vient de la tribu Berbère des Maces rapporté par Hérodote, aux côtés des Maxys et des Machlyes, noms dérivés de Amazigh. Plusieurs tribus d’Amérique portent des noms qui en sont dérivés.


En Colombie et au Vénézuela, il y a la Maca ou Macos ou encore Makos, et les Makagaos du Vénézuéla, les Macasis de la Guyane, les Macaxos du Brésil, les Macucos de Colombie, les Machais de l’Equateur, les Machiris de Bolivie, les Maiscas de Colombie, les Mayas du Yucatan, et les Mayos de Colombie.


En Amérique du Nord, on trouve les Makah ou les Makash en Colombie Britannique, des Massachusset et des Mattabesec, etc…Il y a la tribu des Mayos en Californie.


Le nom de la tribu des Maces a aussi laissé des traces en Afrique du Nord même. On y trouve encore aujourd’hui les Beni Mazigh près de Ghadamès en Libye, les Béni Mazen en Tunisie, Mazegh près de Dellys et de Gouraya, les Mazari de Ain temouchent, les Mazazgha de Mascara, la ville de Mazouna, les Maacha de Khenchela. Au Maroc, il y a les Mehaia, nom dérivé de celui des Maces et qui aurait donné celui des Mayas.


Par ailleurs, les Mayas parlent une langue appelée le Quichua qui a de singulières affinités avec la langue Berbère.


Les Mahues

Les indiens des Mahues sont une tribu du Brésil appartenant à la grande famille des Tupis. On peut rattacher à ce nom ceux des Maguès, et des Maguas de la même région.

On retrouve leur nom dans les généalogies Berbères. Elles comprenaient une tribu Maoues qui appartenait à la grande branche des Maggher des Aurigha. Il y avait aussi les Maoueten qui faisaient partie des Koutama.


On trouve encore aujourd’hui en Algérie des tribus qui portent ce nom : Mahouan dans le Constantinois, des Mahoune à Lakhdaria, des Ait Maouche à Draa El Mizane, des Beni Maouche dans le Guergour, et des beni Mahoussen dans le Braz.


Les Maquelcheles

Selon les études concernant cette tribu de Californie qui est totalement différentes des autres, il s’agirait d’une tribu Berbère venu de la région de Constantine, précisément de Sedrata près de Mdaourouche. Les Imakelkalen. Au singulier, cela donne Makelkal correspondant au nom de la tribu californienne. Corripus et Pline avaient signalé l’existence de tribus Berbères des noms de Mecales, Maxala et Mechal.


Les Maquiritaris

C’est le nom d’une tribu indienne du Vénézuela et de la Colombie. Ce nom est transcrit différemment selon les tribus locales : Maquinitaris, Maquiritares, Maquiritanis, Maquitares, Makiritare, Mariquiritares. Ce sont des populations nombreuses et « presque blanches ».

Il s’agirait des descendants de la grande tribu Berbère des Maxyes mentionnée par Hérodote. Ils habitaient près de Carthage mais ils en ont été chassés par les différents envahisseurs de la région. Ils se sont peu à peu établis au Sahara. On trouve encore aujourd’hui la tribu des Imakitane chez les Touaregs. Il y a en effet un important groupe de tribus Imakitane des kel Oui d’Agadès.


Les Matemates :

Ce sont des Esquimaux du Groenland. Il existe des Matemates un peu partout en Afrique du Nord, notamment une ville Matmata en Tunisie à l’est du Nefzaoua. En Algérie, on les trouve à Ammi Moussa et à Djendel et au Maroc chez les Ghiata de Taza.


Les Mazahuas

Les Mazahuas ou les Mazahuis sont des tribus indiennes du Mexique qui habitent la région du Mazahuacan. Il y a aussi des Mzanes de l’Equateur, des Mazapili et des Mazatecos au Mexique, des Mzatas au Venezuela et des Mazques en Colombie.


L’origine de ce nom proviendrait de celui des Mashaouesh dont était issu le Pharaon Berbère Chachnaq. Si on va plus loin, le mot Mashaouesh est dérivé de celui d’Amazigh, imazighen, dont une branche est signalée par Hérodote, notamment la tribu des Maces.


Les Morioas

Ce sont des Indiens du Brésil. Mais plusieurs autres tribus d’Amérique portent des noms similaires. Morocotos et Morocotas de Bolivie, Morochocos ou Morochucos et Morotoas du Pérou. Il y a les Morongos de Colombie, les Moronomis du Vénézuela, les Moronas et Mayorunas du Pérou et de l’Equateur, et aussi les Mayurinas du Brésil.


Il est clair que ces noms doivent être rapprochés de celui de la Maurétanie, pays des Maures qui se situe à l’ouest de Tamazgha. Contrairement à ce qu’affirme le Commandant Cauvet, les Maures ne sont pas venus d’Inde, mais sont de véritables autochtones. Le mot rendu en langues latines par Maures vient du mot Berbère Amour, qui veut dire, part, partage ou pays. Maurétanie est en Berbère, Amour N Tanit, le Pays de Tanit, déesse Berbère que beaucoup rapprochent de Venus et d’Aphrodite. Strabon et Salluste ont usé du même stratagème pour affirmer que les Maures étaient venus d’Inde ou de Perse, pour justifier la présence romaine en Terre Amazighe. Car comme ça, tout le monde est étranger dans ce pays, et en prendre possession ne constituerait donc pas une violation d’un territoire qui n’appartiendrait à personne.


Il y a eu deux évêchés en Maurétanie Césarienne. Le premier était appelé Maura, l’autre Mauriana.


Les Maures étaient les authentiques habitants de l’Afrique du Nord-Ouest. Leur nom se retrouve aussi bien en Amérique du Sud qu’en Nouvelle Zélande ou l’on retrouve les Maoris. Peuple dont on ne connait pas les origines.


Les Parisis

Les Parisis, Parecis ou Parexis sont une tribu indienne Nu-Aruak du Brésil, dans l’Etat du Matto Grosso. On trouve d’autres tribus dont les noms sont semblables au Vénézuéla, et au Pérou, aux côtés des Pariquis du Brésil.


En Berbérie, il existe deux villes qui portent le nom de Barika. L’une en Algérie, non loin de Sétif, et l’autre en Tunisie près de Béja.


Il y a aussi près de Constantine une fraction des Barèche. A Alger, nous trouvons des Barek et en Kabylie des Ibarissène, dans la Soummam, des Ibahrizène près d’Azzefoun et à Draa El Mizane et des Ibarichène à Tizi-Ouzou.


Les Timmiminos

Les Timmiminos et les Tummimiois sont des tribus du Brésil.

Il y a en Algérie une ville fondée autour d’une Oasis : Timmimoun. Il y a également une autre oasis non loin de là qui porte le nom de Timmi.


Les Toba.

Les Toba sont les Guaranis de l’Argentine. On retrouve ce nom comme racine de plusieurs autres tribus comme les Tobajares, les Topayos, les Topinacos du Brésil et les Tapuros du Vénézuéla. On trouve aussi les Tupis du Brésil et les noms qui s’y rattachent. Neuf au Brésil, un en Colombie et un au Vénézuéla.


On retrouve ce nom en Berbérie. Dans l’Antiquiité Chrétienne, on a trouvé un évêché du nom de Toubia qui est Henchir dans la Wilaya de Souk Ahras. On retrouve également des Toaba dans les Aurès, des Touba dans l’Edough, des Touhabet à Dellys, des Touaibuia à Meskiana, puis plusieurs localités portant le nom de Touabet à Remchi, Dellys, dans le Cheliff, à Ain Mlila, à Barika, et à Zemmoura. On peut y ajouter les Ouled Toaba dans les Ouled Naïls à Djelfa, et à Messad et des Oulked Toubi à Séfia.


Les Zaghanes

Tribu du sud du Chili. Il y a aussi les Zoques du Vénézuéla et de la Colombie, les Zéquis du Yucatan, les Zuèches de l’Amérique Centrale, les Zuaques ou Tehuecos et les Zacatecos du Mexique, les Zocos, Zuaquos, Zoques ou Zoquos de l’Etat du Chiapas et les Sequanas de Colombie.


Les tribus Berbères dont ces noms dérivent sont les Zegguen du groupe des Lemta de Libye. Hérodote a signalé l’existence des Zauèce en Libye, nom qui a donné celui des Zauèche de l’Amérique Centrale.


On retrouve ce nom dans diverses régions du Maghreb avec quelques variations : Zouagha, Zouaga, Zouara, Zouaza, et Zouaoua. Ils sont cités dans les généalogies Berbères.


Ce nom a pu être modifié en Séguène. On le retrouve du coté de Batna, Segnia à Ain Mlila, Seganna à Barika. Il y avait dans le sud de Cirta une localité du nom de Sigus, Bordj Ben Zekri actuellement. Dans la même région, on trouve des Zegagda, des Zegagra et des Zegagta.

Conclusion.

Il faudrait compléter cette étude avec les ressources de l’anthropologie, de l’ethnologie, de la linguistique, et de l’archéologie. Il faut reprendre l’étude de manière plus méthodique et approfondie.


Il reste aussi à savoir à quelle époque ces migrations ont eu lieu, aux moyens de transports utilisés, à l’itinéraire suivi, et à l’importance des effectifs des émigrants.


Certains noms américains ne se trouvent qu’en Berbérie. Et non dans les autres parties du globe. D’autres ont subi des déformations essentiellement Berbères. La provenance d’un certain nombre de tribus se trouve authentiquement attestée par le groupement des noms des collectivités qui les entouraient à leur point d’origine.


On sait quand ces migrations se sont arrêtées (le 15eme siècle) avec l’arrivée des Conquistatdors, mais on ne sait pas quand elles ont commencé.


Une partie de ces migrants était constituée de pêcheurs et navigateurs que les vents et courants marins ont conduit vers les côtes de Guyane, du Venezuela ou du Brésil. Mais on ne peut exclure que des migrations organisées ont eu lieu. On peut se demander s’il n’y a pas eu, à certains moments, de véritables expéditions, des voyages de découverte, des envois de Colons, comme le faisaient les phéniciens, on le sait de source certaine.

On parle aussi de l’existence de l’Atlantide au milieu de l’Océan qui aurait pu servir de point d’escale ? Mais en règle générale, il y a un consensus sur le rôle qu’ont jouées les Iles Canaries comme escale entre les deux rives de l’Atlantique.


Le travail du commandant Cauvet est très important, mais largement insuffisant. Il a en effet ouvert un chemin, une piste de recherche très intéressante. Même s’il a limité sa recherche sur les seuls noms de tribus dont il reconnaît l’altération : « Partout, on constate la répétition des mêmes appellations, diversement altérées, mais cependant reconnaissables dans les diverses parties de la Berbérie. …Les consonnes PVQX n’existent pas chez les Berbères. …Les Grecs ont fortement estropié tous les noms Berbères ».


Il reste à vérifier pour confirmer sa thèse, d’autres aspects de ces migrations. Notamment les habitudes sociales, la manière de se nourrir, de s’habiller, celle de construire, de se marier, d’enterrer les morts, etc… Il reconnaît que son travail a besoin d’approfondissement, puisqu’il dit : « Les noms ethniques ne nous renseignent pas toujours exactement sur les caractères moraux, et physiques de la race qui les porte. Il ne faut donc pas demander aux noms ethniques plus qu’ils peuvent nous donner et on doit tenir compte de toutes les causes qui altèrent l’exactitude des renseignements qu’ils nous apportent ». Il ajoute plus loin : « L’ethnographie proprement dite, c'est-à-dire l’étude des coutumes des tribus, et l’archéologie préhistorique fournissent une importante et excellente contribution à la recherche des origines, mais mon sujet est limité à l’étude des noms ethniques. La paléontologie ne fournit pas encore assez d’informations sur le sujet qui nous préoccupe ».

Dans son travail, Gaston Cauvet utilise un vocabulaire parfois choquant, qui reflète le regard qu’avaient les occidentaux sur les autres populations. Il utilise des termes considérés aujourd’hui comme racistes et dégradants : Nègres, sauvages, arriérés, races inférieurs, hordes, etc… Pourtant, il a été démontré bien avant le 20eme siècle, période où il a vécu, que la civilisation occidentale dont il se montre si fier, est l’œuvre d’Africains comme Tertullien, Cyprien et Augustin. L’historien français Lucien Jerphanion considérait même Saint Augustin comme « Le Père de l’Occident ». D’où vient l’ignorance du commandant Cauvet à propos des berbères notamment, sinon de cette école rétrograde qui considère que l’Europe est le nombril du monde et qui jette un regard méprisant sur les reste des Hommes ?


Il y a encore beaucoup à dire sur ce livre qui n’est malheureusement que difficilement accessible dans certaines librairies, à cause de sa rareté et de sa non réédition. Nous vous en avons livré un résumé qui reste encore à retravailler.


Notons quelques sources bibliographiques utilisées par Gaston Cauvet et qui mériteraient d’être réexaminées pour en tirer un meilleur profit :

· Dictionario ethnografico américano de M. Gabriel Varga Martin. Madrid, 1922.

· Répertoire alphabétique des tibus et douars-communes de l’Algérie., 1900.

· Nomenclature des et répartition des tribus de Tunisie., 1900

· Organisation territoriale du Maroc et Commandement indigène. 1921

· Le peuple marocain, le bloc Berbère, 1925

Nabil Ziani

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